Culture

Rentrée maussade de l’édition sur fond de crise

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Chez les éditeurs, Albin Michel s’affiche en grande forme avec trois auteurs maison habitués des best-sellers en tête des ventes: Jean-Christophe Grangé («Miserere»), Amélie Nothomb («Le fait du prince») et Bernard Werber («Paradis sur mesure»), dont les tirages varient de 200.000 à 300.000 exemplaires. Mais les romanciers français cèdent ensuite la place à la trilogie suédoise «Millénium» (Actes Sud) ou à l’Américain Ken Follet (Robert Laffont), et aucun des candidats aux prix littéraires de l’automne n’a pour l’instant réussi à s’imposer parmi les meilleures ventes. Faute de véritable locomotive, les lecteurs se tournent vers les valeurs sûres au détriment de la nouveauté.
«Sur la rentrée littéraire, on sent une baisse de fréquentation. C’est ce que les libraires nous disent depuis une quinzaine de jours. Même les succès attendus sont plus faibles que prévu», note Antoine Boussin, directeur commercial chez Grasset.Après un bon premier semestre, le marché du livre a connu un net ralentissement, selon les professionnels du secteur interrogés par l’AFP. «C’est chaotique, avec de très bonnes journées et des journées assez lamentables. La rentrée littéraire peine un peu, ça continue à ne pas être génial», souligne Benoît Bougerol, libraire à Rodez (Aveyron) et président du Syndicat de la Librairie Française (SLF).A Paris, les librairies semblent mieux résister à la baisse du pouvoir d’achat qu’en province, et les effets de la crise restent difficiles à cerner. «Je ne sais pas dans quelle mesure les gens ne vont pas se reporter sur les livres. Ils se reportent plus facilement sur les livres que sur des produits plus chers. Les livres coûtent 20 ou 25 euros, ce ne sont pas forcément les produits qui seront les premiers touchés», estime Renny Aupetit, libraire au «Comptoir des mots», dans le XXe arrondissement de Paris. Pour le président du SLF, la vente des livres en France reste «un monde fragile», mais qui «ne résiste pas trop mal» à la conjoncture.
Outre les difficultés auxquelles les maisons d’édition risquent d’être confrontées, comme les autres entreprises, en cas de raréfaction du crédit, la chaîne du livre doit compter avec la fragilité du réseau des librairies indépendantes. L’inquiétude des professionnels se focalise actuellement sur une disposition de la loi de modernisation de l’économie (LME), adoptée en juillet, qui prévoit notamment de réduire les délais de paiement aux entreprises «à 45 jours fin de mois ou 60 jours à compter de la date d’émission de la facture». Or, dans le secteur de l’édition les délais sont beaucoup plus longs. De 100 jours en moyenne, selon le Syndicat national de l’édition. Un raccourcissement brutal «mettrait en faillite beaucoup de librairies et de petites maisons d’édition», souligne Christine de Mazières, déléguée générale du SNE, qui estime la disposition de la loi LME «contradictoire avec la loi sur le prix unique du livre». Les professionnels (libraires, éditeurs…) réclament dans un premier temps une dérogation à la loi jusqu’en 2012, un principe prévu par le texte. Pour limiter les dégâts et alerter sur la fragilité de la chaîne.

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