Culture

Robayna, le poète de la nature

«Cessons de nous orienter uniquement en fonction de la littérature française. Il faut établir un équilibre entre cette littérature et les autres écrits du monde, et tout particulièrement ceux qui se lisent en espagnol». C’est ainsi que Edmond Amran El Maleh a commencé son discours de bienvenue à son ami le poète espagnol Andres Sanchez Robayna, mercredi dernier à la librairie Kalila Wa Dimna. Cette rencontre, initiée par l’Institut Cervantès, a porté sur la traduction en arabe d’un recueil de poésies de Robayna intitulé «Sur une pierre extrême». Cette traduction est l’oeuvre d’El Arbi Al Harti et Abdelmajid Benjillali. Le livre est publié aux éditions de l’Union des écrivains du Maroc (UEM) et l’Institut Cervantès. Hassan Nejmi a souligné l’intérêt d’une collaboration entre l’UEM et les écrivains espagnols. Robayna ouvre le bal, d’autres Espagnols suivront. Des poésies marocaines seront aussi mises en espagnol pour que l’échange soit accompli.
Andres Sanchez Robayna, né en 1952, est professeur de littérature à Laguna aux Iles Canaries. Il fait partie de cette race d’enseignants qui ont choisi l’université par amour de la littérature. Robayna est critique, essayiste mais c’est son oeuvre poétique qui l’impose aujourd’hui comme l’un des plus grands poètes espagnols. Parmi ses recueils récents, on dénombre «Sur une pierre extrême» et «Feu Blanc ». Robayna est de surcroît le fondateur de la revue «Syntaxis» à laquelle nombre d’écrivains maghrébins ont collaboré, parmi lesquels Edmond Amran El Maleh, Addelfattah Kilito et Abdelwahad Meddeb. Ce poète est au demeurant très attaché aux Canaries. L’on sait que les Berbères peuplaient à l’origine ces îles, et plusieurs mots de l’amazigh existent encore dans le parler des Canariens. Cette communauté de mots constitue une passerelle sûre entre les deux cultures. C’est d’ailleurs sur cet aspect-là que le poète a insisté dans son discours. Il a fait part aux assistants de sa conviction que les échanges culturels, en dehors de tout folklore, rapprochent mieux les peuples que les rapports fondés sur l’économie.
Robayna est lié d’amitié avec le grand poète mexicain Octavio Paz. Ils travaillent ensemble à la défense de la poésie. Son univers poétique se caractérise par une prédominance de la nature et de l’autobiographie. «Il existe de grandes affinités» entre l’oeuvre de Robayna et celle du poète défunt José-Angel Valente, souligne Edmond Amran El Maleh.
Si la nature est très présente dans les poésies de Robayna, elle ne renvoie pas vraiment au romantisme. Ce n’est pas une nature-refuge, une nature en furie à l’unisson avec les sentiments du poète, mais une nature qui est simplement là et que le poète aime à nommer pour manifester ses éléments. Robayna ne l’interpelle d’ailleurs pas à coups d’interjections. Il la nomme sans emphase, mais l’insistance qu’il met à l’évoquer, à l’interroger ne cesse d’atteindre la poésie.
Une poésie proche du dépouillement, sans fioritures stylistiques. Il y a de l’ascèse dans les poèmes de Robayna. « Sa poésie s’écoute, parce qu’elle est à l’image de la musique qui ne s’explique pas, mais touche l’âme » dit El Maleh. La poésie de Robayna est simple, sobre, aux antipodes de la phrase sentencieuse. C’est une poésie traversée d’interrogations, et qui a un ton si propre qu’elle vous prend, vous touche par sa sincérité : c’est la voix du poète et c’est la marque de toute véritable poésie.

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