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Said Bey : «Il existe une censure de scènes osées au cinéma alors que les réseaux sociaux en regorgent»

© D.R

Said Bey vient de recevoir un hommage lors du 2ème Festival ciné plage qui se poursuit jusqu’au 26 août à Harhoura. Il partage son feeling à ce propos et livre dans cet entretien ses regards sur le cinéma au Maroc ainsi que sur des sujets d’actualité. 

ALM : Quelle serait la différence entre un hommage en jeune âge et celui reçu en fin de carrière ? 

Said Bey : En plus du plaisir énorme que cela me fait, cet hommage est à mon sens un poids sur mes épaules pour l’avenir. D’ailleurs, ce qui est difficile dans ce métier ce n’est pas d’exister mais de continuer. Cela demande beaucoup d’efforts et d’intelligence pour mieux gérer sa carrière en pleine ère de réseaux sociaux. Pour leur part, les initiateurs du festival, dont j’ai témoigné les préparatifs, estiment que j’ai un parcours qui mérite un hommage que je prends plus pour une responsabilité que pour un honneur. C’est en fait le premier hommage que je reçois d’une manifestation cinématographique outre ceux offerts par des associations et un festival de théâtre à Tata. Ce que j’apprécie dans celui de ciné plage, c’est que les organisateurs me qualifient de jeune acteur en allusion à la génération à laquelle j’appartiens. Or, je ne le suis plus. D’autant que je ne fais pas mon âge dans les rôles que j’interprète. Peut-être que je suis attaché à la jeunesse ! (Rires).

Où en êtes-vous dans vos projets en réalisation et mise en scène ?

J’attends que mon producteur Nabil El Jebbari, occupé pour l’instant au Festival Marocains rigolos à l’étranger, soit de retour de sa tournée. Pour l’heure, il est à Abidjan. Dès son retour, nous allons nous concentrer sur les projets qui nous lient. Ceci étant, j’ai déjà terminé le tournage de deux séries. Il s’agit de «Ain El Haq» d’Abdeslam Kelai dont j’attends la diffusion et de «Cœurs perdus» (Kloub tayha) de Yassine Fennan. J’ai également participé au long-métrage «Une affaire urgente» de Mouhcine Besri, à la série américaine «JKRY» tournée avant et en plein Ramadan. Comme j’ai pris part au film chinois «Desert Storm» réalisé par Dante Lam et à la série française «Bureaux de légende». Et pour me reposer, j’ai consacré le mois d’août au voyage avec la famille.   

Que pensez-vous de la nudité ? Et pourquoi choque-t-elle ?

Pour ma part, ce qui me choque c’est que certains, sans généraliser, n’acceptent pas la nudité et partagent des vidéos de zoophilie et de viol sur les réseaux sociaux tout en parlant de scènes osées. Vu ces comportements, nous assistons à une schizophrénie totale. Il existe en même temps une censure de ces scènes osées au cinéma pour ne pas choquer le grand public alors que les réseaux sociaux en regorgent. Donc, il faut revoir l’éducation dont nous sommes tous responsables à l’égard des générations à venir.   

Quel regard portez-vous sur le secteur cinématographique ? 

Déjà, le nombre de salles de cinéma diminue de plus en plus. A leur tour, les gérants de ces espaces estiment qu’un projet de salle de cinéma est voué à l’échec puisqu’il ne génère pas de profits. Ce problème est doublé de celui du piratage. D’ailleurs, ceux qui veulent voir un film préfèrent le faire devant leur PC au lieu de payer 50 ou 60 DH dans une salle. Pour pallier ce problème, il faut assurer une bonne promotion à nos œuvres cinématographiques du moins à l’échelle arabe. Ainsi, des chaînes arabes achèteront nos films, à son tour, le réalisateur ne comptera plus sur le seul Centre cinématographique marocain. D’autant plus que notre dialecte est compréhensible puisque nos chansons s’exportent. C’est pourquoi il faut vanter le produit local en se passant de l’arabe dialectal qui brise la valeur artistique d’une œuvre. Ceci étant, je trouve plutôt que le théâtre a tendance à être plus fréquenté que le cinéma.

Qu’est-ce qui vous le fait dire ?

Ce sont les efforts des lauréats de l’ISADAC qui contribuent à cette fréquentation puisqu’ils conçoivent des pièces de théâtre qui drainent le public et raflent des prix à l’échelle internationale. Les troupes, dont certaines n’ont pas encore reçu leurs subventions, organisent des tournées qui connaissent une affluence bien que le public soit habitué à regarder les pièces de théâtre sur le petit écran.

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