Culture

Sajid ouvre les abattoirs de Casablanca aux arts

© D.R

La fumée des snacks de kebab envahissait l’entrée des abattoirs de Casablanca ce samedi 11 avril. Comme au bon vieux temps, quand ce lieu était encore réservé à l’abattage du bétail, jusqu’en 2002. Depuis 10h00, heure d’ouverture de l’événement «Les transculturelles des abattoirs» qui a pris fin ce dimanche 12 avril à minuit, le public à répondu présent. Devant le portail, les pompiers, les forces de sécurité étaient sur leurs gardes. À l’intérieur, on ne sait pas par où commencer sa visite. Se diriger tout droit dans la grande allée principale de ce bâtiment de plus de 5 hectares? Aller à gauche, vers la galerie réservée aux arts plastiques ?  Continuer plus au fond, vers la scène qui devait accueillir le soir divers groupes de musique? Ou encore à droite dans l’espace des arts visuels et sonores? Tout compte fait, on suit la foule. Dans la première galerie, le public découvre les installations des 15 artistes plasticiens, sculpteurs, photographes, vidéastes qui participent à l’exposition «Métamorphose». Il perçoit l’œuvre «100% artiste halal» de Brahim Bachiri, touche des doigts les pieds en béton d’Imad Mansour.
Les chaises personnages de Karim Alaoui regardent les curieux si ceux-ci ne sont pas assis dessus. Le bateau fait à base de bâton d’acier recyclé de Hassan Echair, la forêt imaginaire de Rita Alaoui dans laquelle les arbres blancs ont perdu leurs feuilles, le jeu de dames de Mounat Charrat, l’offrande d’Ikram Kabaj, les pain de sucre blanc au proportion gigantesque, etc… Toutes ces œuvres qui finissent par devenir familières au public semblaient venir d’une autre planète lors de la première confrontation avec le regard. Non loin, le rythme de la grosse caisse, des cymbales, de la caisse claire etc, réunissent la foule. C’est le percussionniste Jauk Amarl qui est en pleine improvisation.
Les enfants, (parmi eux des adultes) jouent dans cet espace qu’il se sont vite appropriés. Le seul souci des organisateurs, l’association Casamémoire en collaboration avec d’autres associations qui préparaient et réfléchissaient à la reconversion de cet espace depuis 9 mois, c’est que ces deux jours passent sans qu’aucun incident grave ne fasse mauvaise presse à cet événement qui préfigurait l’avenir culturel des abattoirs. Le parcours des sports extrêmes où progressent skaters et autres est, pour sa part, installé dans une partie de l’esplanade de ce vaste établissement construit en 1922. Malgré l’âge des abattoirs, ses bâtiments sont aujourd’hui en bon état, excepté le bâtiment frigorifique détruit par un incendie datant de quelques années et dont l’accès via l’esplanade est impossible. Et c’est, grâce à de nouveaux murs érigés qui accueillent désormais les performances des graffiteurs venus nombreux ce samedi, de plusieurs villes du Royaume. Tout au long de ces Transculturelles, chaque art avait sont espace et tous se conjuguaient. On pouvait distinguer des acteurs et des personnalités connus accompagnés de leurs enfants venant en simple anonymes suivre les shows (danse, percussions, marionnettes, concert, …) Les stars étaient les abattoirs, la ville de Casablanca, ses habitants qui se réconcilient avec leur passé, leur patrimoine, cet espace longtemps délaissé.
Ce qui aurait pu sembler comme un événement réservé à une partie de la population (les artistes, les intellects, les critiques, les journalistes, les politiques, les jeunes de la mouvance «nayda» comme diraient d’autres), était en fait un événement populaire. Un lieu de rencontre entre différentes sensibilités et classes sociales et où se mêlait la culture urbaine avec un esprit ancestral. Pendant ces deux jours, le défi que cet espace suive une nouvelle destinée a été lancé. Reste à poursuivre ce long itinéraire de l’art, de la culture, du développement et de la démocratie.

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