Culture

Samira El Beloui : «Les femmes au Maroc subissent une pression énorme»

© D.R

ALM : Les matinales que vous présentez sont très prisées par toutes catégories de publics. Comment fait-on pour être soi-même et si proche des Marocaines à la fois ?
 

Samira El Beloui : Vous l’avez dit, il faut être soi-même. Un jour, quelqu’un m’avait dit que la caméra ne montre pas le visage mais l’intérieur. C’est une phrase que je n’ai jamais oubliée. Je ne sais pas être quelqu’un d’autre ou porter d’autres masques mais je sais être moi-même.  Et croyez-moi, ça n’a pas que des avantages (rires).

Racontez-nous votre première fois face à une caméra

 Bizarrement c’était très bien. J’avais tellement peur et je voulais à tout prix que ça marche. Ce jour-là j’étais avec Mustapha Bouazzaoui, producteur de  l’émission Maroc Sans Frontières à l’époque. C’était la première personne à visionner mon casting. «Tu iras très loin dans ce domaine, et tu vas voir», était sa réponse si rassurante et encourageante pour moi.  D’ailleurs j’ai passé mon casting un jeudi et lundi d’après, je me suis retrouvée à l’antenne.

C’était pour quelle émission ?

Récré Junior. Il s’agissait d’une présentation de dessins animés que j’adore d’ailleurs jusqu’à aujourd’hui.

Quelle est votre première source d’angoisse ?

La perte de mes proches. J’en ai perdu deux et ça m’a tellement affectée que je me retrouve à vivre constamment avec cette hantise et cette peur que la mort m’enlève un être cher.  Mon grand frère s’en est allé très jeune, je ne vous cache pas que ça a tué quelque chose en moi. C’était un « turning point » dans ma vie.
 

Qu’est-ce qu’on ignore sur Samira ?

Je ne dors jamais sans lire une BD. Je fais une collection de Picsou Géant et de Journal de Mickey depuis toute jeune. Cela me permet de fuir mes angoisses et de trouver refuge dans un autre monde avant de m’endormir. C’est très important pour moi.

Vous avez commencé avec une émission pour enfants et vous vous intéressez aux BD. N’avez-vous jamais été tentée de combiner ces passions en un concept audiovisuel pour enfants?

Cela me tente d’autant plus que je suis graphiste de formation. J’ai fait les beaux-arts et j’adore dessiner mais je n’ai malheureusement jamais eu le temps de concrétiser ce rêve.

Avez-vous déjà été face  à une situation embarrassante durant votre parcours?

Je ne l’oublierai jamais. J’en ai honte mais je vous le dirai tout de même. Je ne sais plus s’il s’agissait de la première ou la deuxième édition de Mawazine, j’avais une grande responsabilité. On m’avait appelée pour animer la scène de la Villa des arts. Tout s’était bien passé, j’avais pris les choses très au sérieux comme d’habitude. Je suis une personne qui n’aime pas l’improvisation dans les missions qu’on me confie. Je ne prends donc rien à la légère et je prépare tout, tout le temps.  Ce jour-là j’étais tellement à l’aise sur scène, toute contente du résultat de mon travail qu’à un moment je me retrouve à m’éloigner de mon texte. A la fin je dis  «Allah i3awenkoum» et je quitte la scène.  Je ne sais pas comment c’est sorti. Le public n’avait rien compris et ça m’a rendu malade pendant une semaine.
 

Vous pensez un jour animer une émission en français ?

Je n’estime pas être une bonne francophone. Je suis plutôt anglophone. J’ai étudié la littérature anglaise et donc je suis plus à l’aise dans la langue de Shakespeare.

 Quelle est votre vision sur ce qui se passe aujourd’hui au Maroc ?

Ce qui me fait de la peine c’est que ce sont les mentalités qui ne cessent de changer. Les Marocains sont connus pour leur tolérance et à travers tous les temps, un bon musulman se doit d’être tolérant. La critique est facile aujourd’hui, rabaisser l’autre l’est encore plus. Le fait que tout un chacun s’improvise juge m’inquiète. Ce qui me manque c’est le respect mutuel.  Il existe une grande contradiction entre la modernité et l’ouverture qu’on vit et qui sont plus accessibles que jamais et le recul en valeurs observé dans notre société.

Et la femme dans tout cela ?

Je ne vous cache pas que j’ai vraiment peur de ce qu’on va devenir. Les femmes au Maroc subissent une pression énorme. Elles doivent se montrer parfaites dans tous les domaines et faire un double effort si ce n’est plus pour se faire reconnaître. J’ai l’impression que tous les regards sont braqués sur la femme. Il faut aller de l’avant, tirer vers le haut et passer à autre chose. Si on excelle en critique, pourquoi ne pas passer au-delà de ça et passer aux vraies réformes. Recentrons nos efforts sur la base : L’école, la santé et d’autres services nécessaires pour assurer un minimum de dignité au citoyen. Une fois chose faite, la société se portera bien et ces valeurs qui nous manquent tant referont surface.
 

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