Culture

Samira Kadiri : «Le prix «Al Farabi» est pour moi une double consécration»

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ALM : Que représente pour vous le prix « Al Farabi» ?
Samira Kadiri : Cette distinction du comité national de la musique organisme qui fait partie de l’Unesco et présidé par l’artiste Hassan Megri intervient après celle de deux grands artistes internationaux à savoir, le luthiste virtuose Saïd Chraïbi et la cantatrice Zoubeida El Idrissi. C’est un véritable honneur pour moi et pour ma troupe l’ensemble «Arabesque» sous la direction de Nabil Akbib ainsi que pour tous les artistes qui ont travaillé dans l’ombre. Ils ont sacrifié de leur temps, de leur énergie et de leur vie pour mettre en lumière les richesses de notre patrimoine.
Le prix «Al Farabi» représente pour moi une double consécration parce que c’est d’abord une reconnaissance nationale auprès d’un comité dont les membres sont pour la plupart des académiciens et des chercheurs en musique.
De plus, ce prix international décerné par mon pays représente pour moi une valeur particulière surtout que ce n’est pas la première fois que j’étais choisie. En 2007, j’étais choisie par le lobby européen des femmes en Espagne parmi 12 femmes du monde. Même si j’ai été la première femme arabe africaine choisie dans l’autre rive, ce prix signifie pour moi une reconnaissance très particulière. Je suis fière de dire à haute voix qu’enfin il y a des gens dans mon pays qui croient à mon travail.

Comment êtes-vous arrivée au monde de la musique ?
Je ne suis pas arrivée par hasard, c’était un choix très personnel. Après avoir obtenu mon Bac en sciences économiques, j’avais le choix de rentrer soit à l’institut l’ Iscae ou à l’ Isadac. Je n’ai pas hésité de choisir cette dernière grâce au soutien de mes parents issus tous les deux de la zaouia Kadiria Cherkaouiya où les pratiques soufies persistent. C’est là où j’ai débuté mes études de théâtre et de chant.
Je ne peux pas oublier le soutien de Safia Tijani et mezzo soprano, Ilham Loulidi. Grâce à ces gens, j’ai découvert les secrets de la voix humaine. Au début de mes études, je n’ai jamais pensé être chanteuse, mais j’ai rêvé tout simplement de mettre ma voix au service de ma carrière de comédienne. En 1995, j’ai rencontré le compositeur Mustapha Aïcha avec qui j’ai étudié le solfège piano et l’harmonie au conservatoire de la musique de Tétouan. C’est là où j’ai débuté ma vraie carrière. J’ai chanté presque toutes les compositions de Mustapha.

Vous interprétez un répertoire riche et varié, comment vous maîtrisez ce genre de musique ?
C’était une aventure pour moi d’interpréter pour la première fois les créations de ce grand artiste. Ces créations sont composées depuis les années soixante. Il s’agit d’un répertoire très vaste et très riche de lieder en arabe. J’étais très consciente de la difficulté de l’interprétation de ce genre de musique dans le monde arabe où la tradition de la musique lyrique savante est quasi absente. On s’est aventuré tous les deux à mettre pour la première fois en musique la poésie arabe en forme de lied, romance, cantate, opéra et d’autres formes et modes de la musique classique. En 1998 on a enregistré le premier cycle de lieder intitulé «Songe». On a présenté le Maroc dans plusieurs pays surtout européens, mais au Maroc il n’y a que une minorité, une élite qui poursuit et encourage notre travail. En l’an 2000, on a travaillé sur le patrimoine andalou à travers un répertoire intitulé «Amours au jardin andalou». C’était un grand succès par rapport au premier projet.

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