Culture

SIEL : Regards croisés autour de l’engouement des Marocains pour les livres religieux

© D.R

Le tour d’un stand étalant différents ouvrages, durant le SIEL, laisse voir un engouement pour les livres religieux au détriment d’autres publications. Qu’est-ce qui explique l’intérêt des Marocains pour de tels livres ? Pourquoi les lecteurs optent-ils de plus en plus pour les œuvres islamiques ? Entre gérants de maisons d’édition marocaines, orientales et visiteurs, les points de vue divergent au moment où les avis des sociologues et écrivains convergent.
 
Ce qu’en pensent les propriétaires des maisons d’édition

De l’avis des éditeurs marocains, ce sont surtout les jeunes spécialisés en études islamiques qui affluent aux stands où ils trouvent leur compte. «Nous aimerions bien voir un jeune lambda fréquenter un stand étalant des œuvres religieuses», indique à ALM Abdelhafed Souhaili, responsable commercial à Dar Essoulami Alhaditha, qui ajoute que les gens désirant assimiler leur religion fréquentent également le stand de cette maison d’édition. Cette envie de comprendre les préceptes de l’Islam a également été palpée par la rédactrice de ces lignes chez un chauffeur de taxi qui l’a déposée au Salon. «Je compte y aller à mon tour pour acheter des livres islamiques afin de mieux comprendre la religion», lance le taximan comme s’il avait lu dans les pensées de la rédactrice.   
Pour les maisons d’édition orientales à l’instar de Dar Elbachaer Elislamya en provenance du Liban, qui a commencé à commercialiser les livres islamiques depuis 1997, les choses ont changé. «Pendant les années précédentes, les Marocains s’engouaient fort pour ces publications, mais ce n’est plus le cas ces dernières années», constate Othman Chamli, responsable du stand de ladite maison d’édition, qui attribue cette tiédeur à la cherté des livres, à la prédominance des romans et livres politiques voire d’Internet. «Quand même, le livre islamique est fort demandé au Maroc par rapport au Liban où le mode de vie empêche de s’en approvisionner malgré l’intérêt porté par les Libanais à de telles publications», rectifie-t-il.
 
Selon des visiteurs, des sessions de formation seraient également à l’origine de cet engouement

D’aucuns visiteurs étaient réticents à l’instar d’un jeune, rencontré dans un stand égyptien, qui a été surpris par la nature de notre question concernant la demande croissante en ces livres. «Je laisse le soin à ma femme de vous répondre», lance-t-il à ALM bien qu’il tenait un livre religieux entre les mains. D’autres, par contre, étaient affables et ont répondu volontiers à la question, c’est le cas de la jeune Karima Ouffi, assistante en communication. «Les enseignants qui dispensent des sessions de formation en fiqh et terminologie moderne, entre autres, organisées par le conseil des ouléma, indiquent les livres dont il faut s’approvisionner, notamment pendant le Salon. Voilà pourquoi il y a une forte demande pour les livres religieux», révèle-t-elle.
 
Voici ce qu’en disent les écrivains

«Le livre religieux est fort lu au Maroc», précise Yasin Adnan qui s’interroge également sur le manque d’investissement en culture afin d’inciter le citoyen marocain à s’ouvrir sur d’autres domaines au lieu de se cantonner dans la religion. «Le Salon est une occasion propice pour prêter attention à ces changements», estime le poète qui trouve que la question est également à poser à un sociologue.
 
L’avis de Ayad Ablal

Aux yeux de ce sociologue, cet engouement est à attribuer à la métamorphose du quotidien de nos sujets pour ne pas dire citoyens. «Le Marocain conserve depuis la dernière décennie une soif et un besoin pour le discours religieux qui adresse une tendre thérapie et compensation pour l’échec social dont il souffre quotidiennement», ajoute Ayad Ablal qui estime que le retour du religieux est consolidé par le désir du «Taqwa» immanent et de chasteté corporelle. Aussi, cet engouement s’explique par la gratuité de certaines œuvres islamiques subventionnées par les pays du Golfe.

«Ce livre est une forte stratégie socio-politique de gouverner l’esprit gelé des gens depuis le quatrième siècle. On conclut très vite pourquoi le livre islamique souffre d’un manque terrible d’esprit critique et de rationalité», avance le sociologue qui trouve que la situation actuelle n’est que le produit des contraintes posées devant l’esprit critique. En effet, certains livres d’une telle nature sont susceptibles d’ébranler les idées d’aucuns, voire contribuer à propager un extrémisme. D’où l’appel de Ayad Ablal.

«Il faut créer une vraie révolution culturelle au sein de nos sociétés si nous voulons vraiment sauver les générations futures de l’esprit de la violence au nom d’Allah», conclut-il.

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