Culture

Skalli : L’extrémisme naît du vide

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ALM : Le Festival de Fès fête son onzième anniversaire. Mais qu’y a-t-il au-delà des spectacles et concerts de musiques spirituelles?
Faouzi Skalli : Nous voulons créer une fondation qui s’appelle l’esprit de Fès. Son but serait justement de pouvoir élargir les activités de cette manifestation. C’est une manière d’étendre l’esprit de Fès sur toute l’année.  Il s’agit également de positionner Fès comme une métropole culturelle. Il faut favoriser comme on le voit pendant ces dix jours du festival un tourisme culturel international. Nous voulons également que Fès soit non seulement un levier et un véhicule de rayonnement, mais aussi de développement.

Mais vous ne trouvez pas que toutes ces rencontres et ces débats qui se déroulent pendant le festival sont un peu élitistes.
Mais il faut de tout dans la vie. C’est comme si on disait à Harvard c’est élitiste donc il faut avoir uniquement des universités d’autres niveaux. Il y a un lieu de réflexion comme il existe partout dans le monde. Ce qu’il y a de désagréable dans le mot élitiste c’est qu’il signifie quelque part «être fermé aux autres». Or, ce n’est pas là notre but. Il y a plutôt une volonté de faire réfléchir, de créer un espace de reflexion et d’echange et que les idées qui sortent de ces rencontres puissent être ensuite diffusées, concrétisées et popularisées. C’est dans ce sens là où ce qui est d’abord du domaine de l’élite doit pouvoir avoir un impact sur la transformation du social. Le rôle de l’élite  c’est surtout d’être au service des sociétés. Et toute société a besoin de ces élites. A mon avis, l’élitisme consiste à se former non pas pour être supérieur aux autres mais pour être au service des autres. C’est là où la dimension spirituelle est importante.

Dans son message vidéo diffusé pendant le premier jour des rencontres, le Prince Charles  a parlé  entre autre de la possibilité d’échange entre les étudiants et ceux de l’Académie des arts islamiques à Londres. Avez-vous un projet d’échange ?
Nous sommes en train de développer beaucoup d’échanges avec beaucoup de nos partenaires internationaux. Au delà du spectacle il y a tous les instituts, les organismes et les associations qui œuvrent à la médiation culturelle. D’année en année, nous constituons des réseaux avec eux et des échanges. Nous souhaitons avec El Akhawayne,  concrétiser toutes  les idées nées à toutes les éditions du Festival de Fès. C’est une façon d’avoir un effet de retour. Le festival s’est beaucoup diffusé sur le plan international et maintenant il est temps de récupérer des dividendes sur le plan local. C’est pour cela, qu’à côté de ces volontés de développement, il y a la création d’un institut de diplomatie inter-culturelle. Il va être créé avec l’université Al Akhayane d’Ifrane.
Nous, nous ne sommes que de passage, alors nous voulons que tout le travail qui est réalisé au Festival de Fès, soit pérennisé. Nous avons besoin de gens qui soient formés à ce travail là. Il faut en effet avoir une certaine connaissance des cultures du monde, une connaissance des arts etc. Ces compétences, il faut les former. A cet effet,  les partenaires dont je vous ai parlé vont venir à partir de l’été 2006 à El Akhawayne dans cet institut pour animer des séminaires et les étudiants peuvent par la suite se rendre dans ces associations pour faire des stages et se former.  C’est une façon de promouvoir l’image de Fès.

En parlant d’image est-ce que le festival ne risque-t-il  pas de souffrir des préjugés qui se créent sur toute cette histoire de globalisation et de montée de l’islamisme ?
Mais c’est pour cette raison là et pour contrer toutes les idées extrémistes, que nous voulons accompagner le festival de la réflexion et d’un lieu d’échanges. On peut poser les problèmes et les analyser avec toute l’attention et la sérénité nécessaires, pour aller au plus profond  des choses et pour qu’on arrive à décrypter la réalité. De cette manière on saura  comment réagir face à diveres situations et offenses. Il faut savoir une chose, quand il y a le vide il est rempli par les pensées les plus extrémistes, les plus simplistes et réductrices. Mais si nous faisons l’effort de développer une pensée intellectuelle, on n’aura pas ce problème.

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