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Soufisme : Les confréries, chacune a son dhikr

© D.R

«Ce salut sur le Prophète est d’ailleurs commun entre plusieurs confréries. Ce salut et bénédiction sont des styles d’éducation et de moralisation aux manières du Prophète»

Les Tariqa ou confréries diffèrent au Maroc comme dans le monde. Nous avons la Sqalliya, la Sharqawiya, la Boutchichiya, la Wazzaniya et bien d’autres. Mais ce foisonnement de Tariqa signifie-t-il une simple différence d’appellations ? La réponse est loin d’être affirmative. Des échanges avec des directeurs de ces confréries laissent voir que la différence se trouve bien ailleurs.

Toute confrérie a sa propre litanie

Selon Mohamed Touhami El Harraq, coordinateur artistique de la Tariqa Wazzanya, «toutes les confréries sont des variations du même rite du Prophète. Elles en traduisent les manières. Ce qui fait la différence entre elles c’est le style poétique et son mode». Dans ce sens, la Tariqa Wazzanya dirigée par My Abdellah El Wazzany a, selon M. El Harraq, des poèmes exaltant le divin et ancrant les valeurs humaines dont celles de l’amour, la beauté et la paix. «Les mélodies et le rythme sur le plan artistique sont liés à ces valeurs. Chez nous, il y a des styles poétiques et esthétiques», enchaîne-t-il en précisant que Cheikh Moulay Abdellah El Wazzany, qui a des origines des Chadili Zerrouqi Jazouli, insiste également sur le salut sur le Prophète par ses murids (disciples). «Ce salut sur le Prophète est d’ailleurs commun entre plusieurs confréries. Ce salut et bénédiction sont des styles d’éducation et de moralisation aux manières du Prophète», détaille M. El Harraq.

De son côté Haj Mohamed Bennis, fondateur de l’association Al Imam El Boussayri à Fès, «toutes les Tariqa vénèrent Dieu et son Prophète, Sidna Mohammed. C’est juste que chacune a sa propre manière de dhikr (invocation de Dieu) et de wird (litanie)». Dans le cadre de son association, M. Bennis, qui dirige plusieurs confréries, dont les Kettanyin, à la fois dans la ville spirituelle et qui a enseigné quatre générations, tient à célébrer la veillée des Skallyin à l’occasion du moussem de My Idriss Al Akbar. «Quand j’ai créé cette association, je me suis intéressé aux confréries et à cette veillée en premier parce qu’elle avait tendance à disparaître. Nous avons grandi dans ce patrimoine qu’il ne faut pas perdre. C’est pourquoi j’ai tenu à cette veillée», précise l’orateur qui dirige également la confrérie Sqalliya lors des manifestations à Fès. Selon Faouzi Skali, président du Festival de Fès de la culture soufie, cette confrérie est également connue pour «Al Khamra Sqalliya, une forme d’extase». Aussi, la Sqalliya a, selon ses dires, des racines «Khalwatiya», fondée par Omar El Khalouaty. Et ce n’est pas tout ! Cette  confrérie Khalwatiya ou Halvetiya, dirigée par Cheikh Nour Allah Fatih, est diffusée sur l’ensemble de la Turquie.

Virée chez la Tariqa Halvetiya en provenance d’Istanbul

Chez cette confrérie, le dhikr reste, selon le murid Nazir Yarsan, le même. «Tout dépend de la manière dont le cheikh organise son dhikr. Ce sont les murid qui doivent le suivre. Nous devons nous préparer à toutes les sortes de dikhr. Pour cela nous avons notre mot intensif», précise-t-il en rappelant que des derviches tourneurs accompagnent la performance de cette Tariqa. «Il faut juste de l’amour et la spiritualité envers Allah et notre Prophète Sidna Mohammed ainsi que de notre cheikh. C’est ce qui donne de l’amour intense dans le dhikr», exalte le murid.

L’orateur ne manque pas de remonter le temps quant à l’existence de cette confrérie appelée «Khalwatiya ou Halvetiya Ochakia» issue de la Kadirya. Elle a non seulement des disciples en Turquie mais aussi en France, au Balkan et en Europe qui se chiffrent, selon ses dires, à environ 500. «Nous venons d’Ex-Yougoslavie depuis la guerre de 99. Nous sommes installés en France depuis 20 ans. Nous étions auparavant au Kosovo. Malgré la guerre, nous avons réussi à tenir la Tariqa Kadirya depuis mon grand-père Cheikh Haji Rahim. Avec la spiritualité, nous avons réussi à rencontrer notre Cheikh Fatin Rollah, représentant principal de la Tariqa, qui est très respecté en Turquie si ce n’est au niveau mondial. Il a dû rencontrer mon oncle, Cheikh Nizri Bajram. Ainsi, il a donné le calife qui est maintenant représentant de l’Europe et du Balkan de la Tariqa Kadiria Halvetiya Ochakia pour tout ce qui est Europe et France», détaille-t-il. Tout comme au Maroc, il existe beaucoup de confréries en Turquie. «Mais, en soufisme, il n’y a pas de différence. Nous sommes tous frères», tempère-t-il.

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12ème festival de Fès de la culture soufie : Un spectacle parfumé pour la fin

Le 12ème festival de Fès de la culture soufie a laissé le meilleur pour la fin. Cette grand-messe artistique, qui a programmé samedi soir un spectacle parfumé en clôture, a fait le bonheur des mélomanes marocains et étrangers venus nombreux au somptueux jardin Jnan Sbil à Fès pour savourer ce lieu, ce show et les parfums qui l’ont encensé. Intitulée « Le langage secret des fleurs et des parfums », cette création artistique a vivement charmé le public qui a apprécié la performance des différents artistes participants, notamment la chanteuse marocaine Fatima Zohra Qortobi.

Fort attendus, les derviches tourneurs de la Tariqa Halvetiya Ochakia, dont les disciples français ont participé pour la première fois à ce festival, ont également impressionné le public dont les sens ont été enchantés par la performance de la chanteuse iranienne Farzaneh Joorabchi et le chanteur turc Ferhat Oguz Korc.

Le tout étant agrémenté par les poèmes d’Al Attar et d’autres poètes qui ont exalté les fleurs et les parfums dans leurs œuvres. Des poèmes interprétés par les artistes Amal Ayouch, Leili Anvar, Khaled Roumo, Théophile de Wallensbourg sous la direction artistique de Carole Latifa Ameer. Parallèlement au spectacle, l’odeur des parfums exaltés dans les poèmes jaillissait de tous les sens. De quoi abonder dans le sens de l’intitulé de cette création montée en collaboration avec le maître-parfumeur Abderrazzak Benchâbane. Pour clôturer le bal, la Hadra Nissayia Fassia a envoûté les mélomanes, notamment fassis qui y ont bien trouvé leur compte.

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