Culture

Sous la lumière de l’ange bleu

Qui aurait pu penser que l’ange bleu ou encore la dame aux plus belles jambes de la planète avait commencé comme figurante ? Une comparse, bien en chair, qui servait de faire-valoir à des actrices de second ordre. Elle aurait pu le rester toute sa vie peut-être, n’était l’ingéniosité d’un homme qui la remarque en 1930. Le réalisateur Joseph Von Sternberg invite la Berlinoise à Hollywood où son charme à la fois capiteux et ambigu va opérer à merveille. Il opère si bien que Marlène Dietrich devient une arme de guerre : la réplique de la Paramount à l’offensive menée par MGM en la personne de Greta Garbo. Marlène Dietrich part aux USA déjà célèbre par son rôle de Lola Lola dans «L’Ange Bleu» (1930) qui a conquis les spectateurs. Les multiples scènes et gros plans de ses langues jambes vont imposer un nouveau type d’érotisme dans le cinéma.
Marlène Dietrich est l’emblème de la femme moderne : consciente, érotique et indépendante financièrement. C’est une véritable coupure avec le modèle de la femme telle que la concevait jusque-là l’Occident. C’est le début de l’ascension de cette fille d’un officier prussien mort pendant la seconde guerre. Elle devient le sex-appeal de toute une génération. Von Sternberg va inventer un dispositif ressemblant à un rituel érotique pour chanter la grâce de son actrice fétiche. Il va la célébrer dans cinq films où le cérémonial occupe une grande place. «Morocco» (1930), «X-27» (1931), «Shangaï Express, Blonde Vénus» (1932), « l’Impératrice Rouge» (1934) et «la Femme et le Pantin» (1935).
Ceux qui pensent que ce réalisateur a façonné de toutes pièces l’actrice, qu’elle est en quelque sorte son Olympia, découvrent alors les ressources de l’ange bleu et aussi son petit côté vampirique qui en a fasciné plus d’un. Marlène Dietrich sait montrer avec chaque homme une nouvelle femme. Après sa séparation avec Von Sternberg, le réalisateur Ernst Lubitch révèle des côtés demeurés jusque-là inconnus dans le jeu de l’intéressée : la malice et la légèreté. L’éducation reçue par Dietrich n’a pourtant rien de léger.
La rigueur de son éducation prussienne, elle la manifeste à l’occasion de la deuxième guerre mondiale. Déçue par la montée de l’hitlérisme, elle prend la nationalité américaine en 1939. Elle risque sa vie sur le front en participant à des spectacles destinés au maintien du moral des troupes alliées. Sa fameuse chanson « Lili Marleen » date de cette époque. Après la guerre, elle est sollicitée par de grands réalisateurs comme Fritz Lang ou Hitchkock, voire Orson Welles.
Mais c’est Billy Wilder qui va incontestablement forger l’image de l’actrice dans l’Histoire du cinéma. En 1948, elle interprète le rôle d’une femme au passé douteux dans «A Foreign Affair» (La scandaleuse de Berlin).
C’est à partir de ce film que l’actrice développe cette voix rauque qui sonne comme la fatalité pour ceux qui l’approchent. C’est désormais cette voix et les allures de vamp de l’actrice qui vont contribuer à sa légende.
Marlène Dietrich revient ensuite au music-hall. Elle écrit son autobiographie « Dieu soit loué, je suis berlinoise » pour se réconcilier avec une Allemagne qui ne lui a pas pardonné le fait d’avoir pris la nationalité américaine. Grande consommatrice de tabac et d’alcool, l’actrice, née en 1901, souffre de plus en plus de l’éternité de sa jeunesse telle qu’elle a été fixée dans ses anciens films.
À partir de 1980, elle se réfugie littéralement dans un appartement à Paris. Sa mort en 1992 a suscité une grande émotion. La femme de l’écrivain Alain Bosquet, Norma, était la seule personne à l’avoir quotidiennement fréquentée durant les dernières années de sa vie.
Elle a laissé passer dix ans avant de déclarer en 2002 que l’actrice s’était vraisemblablement suicidée. «Il est très vraisemblable qu’elle soit morte d’une overdose de somnifères», a dit Norma Bosquet. Marlène Dietrich n’a pas accepté de quitter son espace pour une maison de retraite, a-t-elle ajouté. Elle avait, selon elle, mal supporté sa vieillesse, mais ne pouvait en aucun cas la comparer à celle des autres. À l’assistance dans une maison de retraite, elle a préféré se reposer pour toujours.

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