Culture

Souss-Massa-Drâa en texte et en images

© D.R

On ne revient pas indemne du désert marocain. Pas plus que de la lecture du beau-livre :  «Région Souss Massa- Draâ, l’étoile du Sud marocain». Un livre qui, à première vue, interpelle le regard par la beauté de sa reliure, les superbes images et les beaux témoignages que son auteur Marc Dugain livre, avec la patine d’un orfèvre et la précision d’un horloger, sur l’une des plus belles régions de l’Afrique du Nord. Que l’on soit rassuré de ce côté, ce livre se démarque de tout exotisme et autres effets d’annonce. Marc Dugain a fait la preuve, à qui veut bien voir et lire, qu’il ne mange pas de ce pain-là. A travers son témoignage, accompagné de très belles photos portant la signature de Thomas Goisque, il nous invite à ce voyage rêvé dans une région où, ô divine Providence, les plus hautes cimes du Haut et de l’anti-Atlas côtoient le désert, où les vastes étendues aux couleurs dorées tutoient, dans un beau contraste naturel, des tapis de verdure surplombées de palmiers, où le bleu ciel trouve miraculeusement son pendant dans les magnifiques ruisseaux qui irriguent les troncs d’arbres, rafraîchit les gorges assoiffées … Le désert, à la différence d’une idée communément admise, n’est pas synonyme de vide. C’est la plénitude même ! semble vouloir nous dire Marc Dugain.
Ce n’est pas un hasard si l’auteur nous revient avec, sur les bras un livre de 136 pages, où les images sont très parlantes et où les paroles ne s’expriment que par bribes, tant l’émotion est forte. On a envie de s’arrêter à chaque détour de phrase, à chaque ponctuation, pour reprendre son souffle et, par conséquent, poursuivre ce voyage au bout… du plaisir. D’Agadir à Zagora, en passant par Ouarzazate, Marc Dugain nous convie, par le transport des images et de la poésie, à une remontée… aux sources. «On se trouve à l’intérieur des terres du peuple fondateur du Maroc, du pays berbère, ces sémites à la langue rocailleuse comme le schiste de l’Atlas, ralliés tardivement à l’Islam par les Arabes venus du Nord», explique M. Dugain. Au-delà du désert et de sa beauté, c’est aussi un aperçu sur l’histoire de cette région du Maroc que l’auteur nous propose. Cette région, encadrée jalousement par deux immenses massifs montagneux, le Haut et l’Anti-Atlas, est jonchée de monuments-documents sur une tradition dont les racines trempent dans la nuit des temps. «C’est dans l’Atlas, explique Dugain en fin connaisseur de l’histoire de cette région, que l’on a retrouvé les premiers vestiges humains, vieux de cinquante-cinq millions d’années. Les premières traces de l’homme, poursuit-il, sont apparues au Maroc il y a 950.000 ans. Les premiers homo sapiens y laissent leur empreinte 900.000 ans plus tard, pour y former la culture ibéro-maurisienne. Les ancêtres des actuels imazighen, aux racines probablement communes avec les Arabes, sont venus d’un Est lointain essaimer le Maghreb voilà près de 9.000 ans». Ces ancêtres furent connus, à l’époque romaine, sous le nom de «Barbares», qui dans le jargon des conquérants veut dire «étrangers». En les nommant ainsi, les Romains contredisent les faits historiques, selon lesquels ces «Barbares» qui survécurent sous le nom d’Imazighen, sont le peuple autochtone de l’Afrique du Nord. «Le Royaume du Maroc, précise M. Dugain, ne s’est constitué sous sa forme actuelle qu’avec la conquête arabo-islamique».
Avec ce beau-livre, Marc Dugain joint l’utile (histoire) à l’agréable (beauté). Un regard aussi lucide qu’authentique sur une région charnière de notre beau pays.
Maintenant, est-il besoin de présenter l’auteur de ce livre et son illustrateur ? Né au Sénégal en 1957, Marc Dugain vit au Maroc depuis quatre ans. L’auteur compte à son actif quatre romans dont le dernier «La malédiction d’Edgar» est paru  en mars 2005. «La chambre des officiers» reste le plus illustre de ses romans, sachant qu’il a reçu vingt-huit prix littéraires et a été traduit dans une dizaine de langues. L’intérêt que ce roman a suscité a été tel qu’il a été adapté au cinéma, sélectionné au Festival de Cannes et récompensé par deux Césars.
Thomas Goisque, lui, est très connu dans les milieux de la presse française. Photographe-reporter, il a sillonné plusieurs régions du monde pour la presse magazine française. Il a à son actif, outre le livre qu’il vient de co-réaliser avec Marc Dugain, quatre albums dont «Nouvelles d’Afrique».

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