Culture

Talal veut cultiver l’oeuvre de Chaïbia

© D.R

ALM : Connue pour être discrète, votre galerie a choisi d’exposer le jeune artiste-peintre Amine Bennis. Comment expliquez-vous ce choix ?
E.H.Talal : Les choix de notre galerie, depuis sa création par ma défunte mère et moi-même, ont toujours été des choix du coeur. Ensemble, nous avons organisé plusieurs expositions, que ce soit d’artistes marocains ou étrangers. Avec une particularité, celle que la plupart de ces expositions n’ont pas été des expositions pour vendre, mais pour montrer. Nous ne sommes pas une galerie ordinaire. Généralement, nos choix obéissaient à des appels du coeur. Avec des amis à moi, dont André El Baz, j’ai eu l’occasion d’assister à une exposition privée d’Amine Bennis. Et j’ai été fasciné à la fois par la beauté de ses tableaux, très colorés, et par les points qui unissent le travail du jeune peintre et celui de la défunte Chaïbia. Sans vouloir parler de ressemblance, la peinture de Bennis tient à un certain degré à l’art brut, avec sa propre particularité certes, fruit de ses multiples voyages et séjours à l’étranger, mais qui évoque un certain prolongement du courant de Chaïbia. Un art assez rare à mon avis pour ne pas être mis en évidence.
Serait-ce donc une manière de perpétuer l’art de Chaïbia ?
Pas tout à fait. La part de vérité dans votre question tient de la distinction faite par Bennis entre l’art naïf et l’art brut. On confond souvent entre ces deux formes, alors que l’un n’a strictement rien à voir avec l’autre. Et les expositions qui ont lieu au Maroc sont plutôt des expositions d’art naïf. Beaucoup d’artistes se trompent d’ailleurs sur l’art de Chaïbia, en le qualifiant d’art naïf, alors que ce n’est pas le cas. Avec une écriture, une forme et un art qui lui sont propres, Bennis marque le prolongement du mouvement Cobra. Ceci, tout en menant son propre chemin fait d’un travail intellectuel, à travers lequel se lit beaucoup de cultures et une touche résolument personnelle.
Cette exposition fait partie des rares à être organisées par votre galerie. Qu’est-ce qui explique une telle démarche ?
Nous ne sommes pas une galerie commerciale. C’est notre ligne de travail et de conduite que d’exposer un nombre réduit d’artistes. Ceci, dans l’objectif habituer le public à voir des peintures de qualité. Il nous arrive de venir en aide à des artistes en difficulté, en mettant leur oeuvres en vente, mais généralement, nous nous contentons de montrer au grand public ce qui, à nos yeux, mérite d’être montré.
Aussi bien votre galerie que votre personne renvoient directement à la mémoire de feue Chaïbia. Qu’en est-il du musée qui lui sera dédié ?
Je souhaite que ce soit le plutôt possible. Le travail est d’ores et déjà entamé dans ce sens. Avec les amis de Chaïbia, nous voulons que ce soit un musée de standard international, situé à El Jadida, où seront exposés ses oeuvres. D’ailleurs, toutes les oeuvres de Chaâbia qui n’ont pas été vendues de son vivant, ne sont plus à la vente. Nous sommes également en train de réfléchir à un projet de fondation consacré Chaïbia où seront exposés ses objets personnels, allant de ses photos à ses voitures. Ce sera à Casablanca. Chaïbia était plus connue en tant que peintre, mais pas en tant que militante, ou tout simplement en tant que femme. D’où ce projet qui tentera de mettre la lumière sur la vie privée de la défunte.
De manière générale, que pense El Houcine Talal des arts plastiques au Maroc d’aujourd’hui ?
Il existe une très bonne école en matière d’arts plastiques au Maroc. Par rapport à notre environnement africain et arabe, l’école marocaine est des plus importantes, avec des artistes qui ont réussi à se frayer leur petite place au soleil. L’exposition organisée actuellement par le ministère de la Culture à la cathédrale Sacré-Coeur de Casablanca, et qui regroupe tout le monde, artistes confirmés comme jeunes talents, est pour moi le meilleur reflet de la vivacité, diversité et importance de notre peinture. Une peinture marocaine qui a atteint un degré de maturité, fait d’un travail de qualité dans l’ensemble et où la diversité est de mise. Pour moi, une étape a été franchie par la peinture marocaine. Et d’autres suivront désormais fatalement.

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