ALM : Entre Touria Jabrane et Derb Sultan, il y a une rime.
Touria Jabrane : C’est un grand honneur pour moi. C’est la rime de ma fusion avec ce quartier, ce ne peut être que le titre de mon immense amour pour ses habitants les plus généreux et de mon constant lien avec eux.
Que représente pour vous ce quartier?
Je pourrais parler de Derb Sultan des heures et des heures. J’y suis née. J’y ai passé une enfance merveilleuse. Ce lieu fait partie de ma mémoire personnelle, autant qu’il fait partie de la mémoire collective de toute la nation. Puisque c’est le symbole de la résistance. Derb Sultan est le lieu où j’ai grandi, c’est l’école qui m’a éduquée et où un grand nombre d’artistes, hommes de lettres, politiciens, et sportifs de différentes générations sont nés. Je cite Mohamed Tsouli, Mohamed Ousfour, Abdeladim Chenaoui, Brahim Alami, Saâdlah Abdelmajid, entre autres le grand résistant Mohamed Mansour, le footballeur Petchou, la diva Rajaa Belmlih et la liste est longue…
Quels souvenirs gardez-vous de ce lieu?
J’ai vécu dans ce quartier les plus beaux souvenir de ma vie. Les portes des maisons étaient toujours ouvertes et accueillantes, à un tel point que quand on avait un petit creux, on allait sans gêne dans la cuisine des voisins se servir un bout de pain à peine venu du four du quartier. Et l’un de nos voisins n’était autre que Jamal Eddine Naji, on a grandi ensemble.
Comment est née votre passion pour le théâtre?
C’est grâce à la Maison des jeunes que j’ai découvert la passion du théâtre, un art, un métier qui a élargi mon horizon et grâce auquel j’ai connu les valeurs, les principes et les engagements humains.
C’est grâce au théâtre qu’on peut entrer en communion avec le peuple dans sa simplicité, sa convivialité et son foisonnement. Je me souviens aussi de la salle de cinéma de Mohamed Ousfour, le vétéran des cinéastes marocains. On y a découvert les merveilles de Charlie Chaplin. Il y avait aussi la troupe de théâtre Echihab qui nous a fait aimé le théâtre…
Est-ce que vous vous rendez souvent à Derb Sultan?
Malgré que j’ai dû quitter ce quartier pour toutes sortes de considérations (mes études, mon art et ma profession), Derb Sultan est toujours resté dans mon cœur. Et j’y reviens régulièrement pour sentir le parfum de mon enfance. D’ailleurs, quand j’ai des invités étrangers ou autres, la première chose que je leur fait visiter, c’est bien avec fièrté le quartier de mon enfance.
Qu’avaient ressenti les habitants du quartier après votre nomination en tant que ministre?
«De derb Sultan à Dar (la demeure du) Sultan» avait titré un journaliste à l’issue de ma nomination en tant que ministre de la Culture. Quelques habitants ont encadré et affiché cet article sur les murs de leurs maisons. C’était une fiérté pour eux. C’est comme si tout d’un coup, ils étaient tous devenus ministres.