Culture

Une autre vision du monde

© D.R

Déçu par l’amour d’une femme, un homme s’est arraché le coeur. Il l’a jeté violemment contre le sol. L’organe a fait trois bonds sourds avant de cesser de battre, à côté d’un seau. L’homme sans coeur s’est assis à proximité de l’organe et a enlacé langoureusement le seau. Cet objet en plastique l’a consolé de la cruauté de celle qui est demeurée insensible aux boom-boom de son coeur. L’organe a beau cesser de battre, son possesseur n’en est pas mort. Pourquoi ? Parce que le coeur dont il s’est débarrassé est en plastique, d’une belle couleur rose-bonbon. C’est ainsi que des jeunes, âgés entre 13 et 16 ans, appréhendent les amours des adultes. Ils ont réalisé un film, à la fois intense et anodin. Leur vision du monde tient encore des cartoons où rien de grave ne peut arriver. Les enfants ont réalisé ce film grâce à une initiative appelée « One minute movie ». Cette opération consiste à réaliser un film d’une minute, dans le cadre d’un atelier vidéo organisé par le complexe Moulay Rachid, la Fondation européenne de la Fondation One minute. « Le but est d’apprendre aux enfants de s’exprimer par le biais des images », nous explique le réalisateur algérien Karim Traidia, l’initiateur de l’atelier. Pour atteindre cet objectif, de jeunes maghrébins ont été encadrés par des professionnels. En plus de Karim Traidia, la cinéaste marocaine Farida Benlyazid, le vidéaste algérien Tariq Teguia et le réalisateur tunisien Tahar Ben Ghdifa ont accompagné les participants dans cette aventure. Les encadreurs ne tarissent pas d’éloges sur la passion et l’assiduité des adolescents. « Au début, on voulait leur apprendre à manipuler la caméra en vue de raconter une histoire, mais nous n’avons pas tardé à être ensorcelés par leur vision du monde qui est différente de celle des adultes », explique Farida Benlyazid. Le point de vue tonique et rafraîchissant des jeunes participants à cet atelier surprend en effet par le choix des sujets et la façon dont ils ont été traités. Leurs films ont beau ne pas dépasser 60 secondes, ils communiquent parfois aux spectateurs une émotion rarement éprouvée dans certaines oeuvres des adultes. Les formateurs n’ont d’ailleurs aucun mal à admettre qu’ils ont profité de cet atelier autant que les apprentis. « Pour ma part, j’ai beaucoup appris avec les enfants », dit Karim Traidia. Les jeunes participants à cet atelier sont au nombre de vingt-et-un. Cinq Algériens, autant de Tunisiens et onze Marocains. Ces derniers vivent tous au quartier Moulay Rachid, précise Mohamed El Amine Moumine, directeur du complexe qui a abrité l’événement. Ce dernier insiste également sur l’échange d’amitié qui a fondé l’organisation de l’atelier. Les participants des trois pays maghrébins, qui ont travaillé dans une très bonne ambiance, ont laissé dix-neuf films qui seront également visionnés en Hollande. Les meilleurs d’entre eux seront primés. Il ne faudrait toutefois croire qu’il s’agit d’une récompense à la manière d’un festival de cinéma pour jeunes. Le but de « One minute movie » ne consiste pas à former des cinéastes, mais à familiariser des jeunes aux codes de l’image. Si certains se découvrent un goût pour la caméra et ne veulent plus s’en séparer, personne ne s’y opposerait.

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