Culture

Une bibliothèque exemplaire

Un budget s’élevant à plus de 50 millions de DH – sans le terrain. Une superficie de 4000 m2 pour une construction à deux niveaux. Une salle polyvalente pouvant accueillir 800 personnes. Une salle de lecture qui peut recevoir 400 personnes. Une vidéothèque.
Une cinémathèque. Une artothèque. Des salles de séminaires. Des salles pour les chercheurs. Bienvenue dans la plus grande bibliothèque au Maroc! L’une des plus modernes en Afrique. La médiathèque du prince Bendar Ben Soultane Ben Abdelaziz, ambassadeur permanent de l’Arabie saoudite à Washington, qui a financé entièrement sa construction.
La médiathèque sera opérationnelle à l’automne prochain. Ses façades vitrées l’imposent déjà comme un élément architectural important dans le paysage urbain de la ville. Son concepteur, Rachid Andaloussi, est en passe de devenir un architecte de bibliothèques. Il a en effet gagné le concours de la Bibliothèque nationale que l’on attend toujours et dessiné les plans d’une autre pour l’Institut supérieur des études maritimes à Casablanca. Il est le mieux placé pour servir de guide à ce bâtiment. « Il existe trois circuits dans une bibliothèque : le circuit du public, le circuit du personnel et le circuit du livre», dit-il. Le circuit du livre est très important. Il commence au débarcadère : le lieu de débarquement des livres pour leur traitement avant de les mettre dans les rayonnages. Près du débarcadère, il y a la salle des machines. De véritables monstres sont disposés pour assurer le système d’aération et de climatisation. La conservation du livre dépend aussi des conditions de son dépôt. Rien n’a été épargné à cet égard.
L’édifice abrite de gigantesques machines pour assurer aux livres une température optimale et constante. «C’est surtout pour mettre les livres à l’aise», commente Rachid Andaloussi. Toujours au sous-sol, il existe deux pavillons pour la réserve et le stockage des livres. L’un réservé aux manuscrits, aux livres rares et aux livres précieux. C’est à proprement parler la réserve de la bibliothèque. Le lieu le plus prestigieux de toute bibliothèque, puisque son renom lui vient aussi de la qualité des livres qui y sont déposés. L’autre pavillon est réservé à l’archivage des imprimés. «Le rôle d’une bibliothèque est paradoxalement contradictoire : conserver et diffuser le livre» ajoute l’architecte.
Il faut, d’une part, que le souci de conservation n’enterre pas les livres, et d’autre part, il ne faudrait pas que leur diffusion entraîne leur endommagement. Cela est particulièrement vrai pour les livres rares. Rachid Andaloussi entraîne ensuite le visiteur vers le lieu qui constitue la vraie fierté de cet édifice : la salle polyvalente. C’est une grande salle à deux niveaux. Elle peut revêtir plusieurs rôles : salle de conférence, de projection de films, de théâtre.
Cette salle, équipée d’un écran de 10 mètres de largeur, est dotée d’un balayeur de poussière et de systèmes d’isolation phonique et acoustique optimaux. Rachid Andaloussi montre ensuite un jardin à proximité de la bibliothèque qui a été réaménagé en vue d’une meilleure cohérence urbanistique avec l’architecture du bâtiment. «C’est une bibliothèque qui met en symbiose l’intérieur et l’extérieur. Je veux que mes bâtiments invitent le citoyen à entrer, à adhérer au lieu architectural et non pas le repousser» précise l’architecte. Ce bâtiment comprend aussi un cybercafé, une grande salle des périodiques, des salles de séminaires qui accueillent chacune 25 personnes. Un restaurant. On y trouve aussi plusieurs petite salle, dont celles réservées aux chercheurs et d’autres s’ouvrant à l’exposition d’objets de petites tailles : des cartes, des tableaux de petits formats, des gravures. Rachid Andaloussi tarde à montrer la salle de lecture qui est comme l’on sait le lieu le plus important d’une bibliothèque publique – son épine dorsale. Nous y sommes enfin ! Et cette salle de lecture déçoit en vérité. Si en effet tout a été pensé pour qu’elle soit agréable, avec une lumière douce du jour, un plafond en cèdre orné à la marocaine, du zellige, elle s’étend en revanche seulement sur 500 mètres carrés.
Elle apparaît même petite si on la compare à la salle polyvalente. Cela est peut-être en rapport avec la petite population d’Assilah – guère plus de 30 000 habitants. Mais cela en dit long aussi sur l’orientation donnée à la médiathèque. La salle polyvalente a été conçue pour attirer des gens de l’extérieur. Elle a absorbé une grande partie du terrain et des financements de la médiathèque. Les locataires de cette salle payent, et cela profite à la ville, à ses hôtels, à ses restaurants…. Fort bien ! Mais n’est-ce pas là une conception trop littérale du développement d’une ville par le biais de la culture ?

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