Culture

Une libanaise en Amazonie

© D.R

ALM : Vous êtes brésilienne d’origine libanaise, comment s’est déroulée votre rencontre avec la musique classique ?
Linda Bustani : Je suis née près de l’Amazonie, dans un état qui s’appelle Randhonia. Un jour, mon frère a trouvé un piano, qui l’a enchanté; il s’amusait à jouer de la musique. En le voyant, j’avais envie moi aussi de faire pareil. C’est à ce moment même que j’ai commencé à tapoter sur le piano, c’était comme un jeu, je ne savais pas que j’allais devenir un jour une passionnée de cet instrument et encore moins en faire ma carrière. A l’âge de 5 ans, nous nous sommes déplacés à Rio de Janeiro car on pouvait avoir une meilleure éducation. A cet âge, j’ai commencé à apprendre le piano, j’avais un professeur très fameux qui s’appelait Arnaldo Estrella. Depuis l’âge de 8 ans jusqu’à 18 ans, je prenais des cours de piano. Après la mort de mon père, nous sommes allés à Moscou et je suis entrée au conservatoire de Tchaikovski. J’y ai passé 4 ans et c’est à ce moment-là qu’a commencé ma carrière. Par la suite, je suis allée à Londres; j’y ai vécu 5 ans et je suis rentrée au Brésil. J’ai commencé à enseigner à des élèves à Rio de Janeiro et à Sao Paolo.
Mais pourquoi avoir penché pour la musique classique tout en sachant que c’est une musique qui n’et pas caractéristique du Brésil, mais plutôt universelle ?
Je crois que cela est dû au fait que ma famille écoutait souvent la musique classique. J’ai été imprégnée par cette atmosphère musicale, où dominaient les musiques de Tchaikovski, Schuman, Schubert. J’ai été enchantée par ce genre de musique. Mais cela ne veut pas dire que je ne joue pas de la musique brésilienne. J’interprète également du Villa Lobos, qui est un musicien brésilien. D’ailleurs, aujourd’hui dans mon récital qui aura lieu au complexe Sidi Belyout à Casablanca, je jouerai : «la valse de la douleur» de Villa-lobos que j’apprécie beaucoup. Je vais également produire un CD de musique brésilienne. Mais ma spécialité c’est la musique de chambre.
Avez-vous un public au Brésil ? Sentez-vous que la musique classique plaît toujours, tout en sachant que nous assistons aujourd’hui à la naissance d’autres styles musicaux modernes ?
Un jour il y aura une musique totalement différente. Les temps évoluent, cela est vrai. Mais Mozart, Beethoven et Bach sont éternels, c’est une musique qui ne disparaîtra jamais. Elle est éternelle, et elle possède ses fans. Personnellement, je pense que jusqu’à nos jours les jeunes écoutent les grands de la musique classique. Au brésil nous organisons des concerts dans la plage, et les gens affluent par milliers. Le succès est souvent absolu. Et la plupart des auditeurs sont des gens du peuple. Souvent on dit que ce sont ceux qui sont éduqués qui peuvent écouter de la musique classique. Mais ce n’est pas vrai. Il suffit juste d’écouter.
Mais cela est sûr que nous assistons actuellement à des mélanges de genres, de styles. Cela vient du fait que les peuples ont besoin de se rapprocher, c’est ce qu’on appelle les fusions. On sent la nécessité d’être proche. La musique sera toujours le grand véhicule de rapprochement et de communication. J’ai des élèves qui jouent de la musique populaire, mais ils savent qu’ils doivent posséder une base classique. C’est très important pour eux. C’est en maîtrisant les grands classiques qu’on peut faire de l’improvisation. Ils savent, en effet, qu’avec cette base qui provient de la musique classique, ils peuvent devenir des musiciens plus connus.
Vous êtes interprète, avez-vous déjà essayé d’effectuer vos propres recherches ?
J’aime de temps en temps m’aventurer dans les improvisations, mais mes récitals sont tous des interprétations des grands maîtres de la musique classique. Je ne peux pas risquer d’entreprendre des compositions, car je préfère perfectionner les interprétations, en les apprenant par coeur, et les jouer comme des improvisations. Pour cela je m’entraîne jusqu’à 5 heures par jour.

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