Culture

Vivre sa passion pour l’art dans l’intimité

© D.R

Apprendre une activité artistique à domicile est une pratique qui devient de plus en plus courante courante au Maroc. Les prestataires partagent un engouement inébranlable pour la musique, la danse, le théâtre ou les arts plastiques. Les bénéficiares ont choisi de sortir des parois des conservatoires et instituts artistiques afin de vivre leur passion intimement. Et ce en consacrant chez eux une petite aire pour rentrer en transe avec la créativité. «L’art pour moi est une déconnexion avec le monde extérieur. Je me suis inscrite au conservatoire pour deux longues années mais je n’ai pas réussi à trouver mon aise», explique Soukaina, jeune violoniste. «Deux longues années» par cette expression, Soukaina a évalué son  parcours au conservatoire. Cette future musicienne n’appréciait pas le nombre d’effectif qui encombrait la salle de cours. Selon elle, cette ambiance ne favorise pas l’apprentissage. Après une longue quête, Soukaina a finalement trouvé un professeur à son goût prêt à lui consacrer deux séances par semaine. «Nous avons toujours tenu à ce qu’elle mette en relief sa passion pour le violon. Ainsi nous avons fait de notre mieux afin de lui trouver un enseignant qui pourra répondre à ses ambitions mais également à nos moyens financiers», ajoute son papa. Le formateur de la jeune fille est un jeune homme qui prépare actuellement un concours de violon. Anas a eu recours à cette pratique pour plusieurs raisons : «Je travaille actuellement avec trois personnes. Mon amour pour la musique m’a poussé à partager mon expérience avec ces jeunes. C’est un exercice qui me permettra à l’avenir d’enseigner  cet instrument», précise-t-il. Pour la rémunération, Anas trouve que ses tarifs sont adéquats. «Mes prestations varient entre 50 et 150 DH la séance. On peut dire que c’est une petite bourse pour m’aider à financer mes études à la faculté», justifie-t-il. Outre l’encombrement des salles,  le programme du travail individuel instauré par les conservatoires pose également problème. Hormis les cours du solfège et de danse, qualifiés en tant que séances collectives et dont la durée est limitée en deux heures par semaine, les autres instruments et le théâtre, nécessitant un travail individuel, ne dépassent pas les 20 minutes par étudiant.
Pour combler ce manque, Karim a décidé d’entamer des cours particuliers avec son professeur de piano. Trois-quart d’heure par séance lui suffisent pour mettre en pratique ces compétences. Héritant d’un piano de marque qui appartenait à son grand-père, le jeune Mozart ne trouve pas d’entrave pour jouer ses partitions au quotidien. L’art n’a pas d’âge. Si ces deux cas précités ont opté pour les cours particuliers, d’autres ont leurs propres raisons. Faute de temps ou de passions tardives, il n’est jamais tard pour apprendre. Un couple casablancais a décidé de se vouer à la musique après leur retraite. Pour l’épouse, le luth la toujours séduit par contre les enfants en bas âge constituaient pour elle un obstacle majeur. «J’étais partagée entre le travail et les enfants. Je n’avais pas assez de temps libre. Maintenant qu’ils ont grandi, je me suis dit qu’il était temps», explique Zineb. En réalité, la passion de Zineb date depuis son jeune âge. Elle aménage chez elle une discothèque importante comprenant des morceaux de luthistes de renoms, à savoir  Mohamed Abdelouahab, Farid El Atrach, Mounir Bachir, Nasser Chama, Saad Chraibi et Haj Youness. Quant à son mari, la vocation pour la musique est née tardivement. «Après ma retraite, j’ai assisté à plusieurs reprises aux cours que mon épouse prenait à domicile. Par la suite, ma curiosité s’est traduite par un exercice continuel. Je peux même dire que j’ai dépassé son niveau et que mon jeu est excellent», lance ironiquement Mohamed. Qu’en est-il du côté des professeurs ? Pour la majorité d’entre eux, leurs salaires aux conservatoires sont en deçà de toutes les attentes. Pour compenser cette défaillance, la seule issue est de présenter des cours particuliers aux étudiants. Les honoraires oscillent entre 50 et 300 DH par séance d’une heure maximum. Le coût change selon le profil du professeur, la générosité du client et aussi le genre d’instrument.
La classification des instruments ciblés se fait de la sorte : le piano occupe la première place. Il est destiné à une catégorie d’élite.Viennent ensuite la guitare, le luth et le violon. Parmi les instruments musicaux peu prisés dans ce genre de prestations figurent le saxophone et la trompette qui sont convoités par quelques coopérants étrangers. Autre genre artistique qui est destiné à être enseigner à domicile : le théâtre. Il est adressé pour les personnes autistes, souffrant de timidité ou dont le travail oblige une bonne expression orale. L’enseignement de l’art à domicile constitue une  initiative promptement saluée pour créer une proximité, tant souhaitée, entre le professeur et l’apprenti. Une solution adéquate pour renforcer les compétences des nouveaux talents artistiques.

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