Culture

Vous avez dit Génération Pouce !

© D.R

On les appelle «Thumb Generation». Ces jeunes accros au message texto et aux jeux de console dont le nombre ne cesse de progresser à travers le monde. Cette appellation a été utilisée, pour la première fois au Japon pour désigner la génération d’adolescents mordus d’appareils portables.
En anglais, «Thumb» veut dire pouce. À force d’utiliser les téléphones mobiles et de jouer aux Video Games, ces jeunes ont développé la dextérité de leurs pouces de façon très impressionnante. Ils peuvent taper avec leurs pouces sur un cellulaire une quantité incroyable de mots en une minute, sans même regarder l’écran. Rédiger un message texto est devenu parfois une affaire de quelques secondes. Actuellement, plusieurs concours de rapidité des SMS sont organisés partout dans le monde. Et il y a même un championnat mondial.
Ces ados se sont tellement habitués à ces nouvelles technologies à tel point qu’ils ne peuvent plus s’en passer. En raison de leur coût peu élevé, les SMS sont devenus le moyen de communication privilégié des jeunes. Les messages texto ont toutefois un petit inconvénient : le nombre de caractères par SMS est limité à 160 signes. Ainsi, il faut souvent faire appel aux abréviations. Pour «rendez-vous», on écrit tout simplement  rdv», «tps» veut dire «temps». «slt» pour salut, «bjr» pour bonjour, «tlm» pour «tout le monde»…
Il s’agit en somme d’un nouveau langage, celui des messages texto. Un langage qui n’est, toutefois, pas figé. Il n’obéit à aucune règle. Il est permis d’écrire n’importe comment à la seule condition que le destinataire comprenne. Parfois, il arrive que certaines personnes créent leurs propres expressions. Il suffit d’avoir un peu d’imagination. Chez les adolescents, l’imagination ce n’est certainement pas cela qui manque. À la veille d’un Noël, un jeune homme envoya un message de vœux qui a fait par la suite le tour du monde. Le texto disait : (+ 2 P – N), ce qui veut dire : «plus de paix, moins de haine».
Dans l’univers du SMS, écrire correctement en respectant l’orthographe et la grammaire pourrait parfois être synonyme de blasphème, comme c’est le cas dans les salons de discussions sur Internet. D’ailleurs, c’est dans les «T’Chat Rooms» où le langage SMS a vu le jour, précisément sur le fameux IRC (Internet Relay T’Chat, en français, «discussion relayée par Internet»), puis sur d’autres forums.
Au départ, l’idée était simple. Il fallait trouver un moyen facile mais aussi rapide pour transmettre les messages. Le langage SMS ne repose pas seulement sur les abréviations. Il combine trois procédés pour raccourcir les phrases : la phonétique, le rébus typographique (par exemple : «T» remplace la syllabe «té») et l’abréviation. Combiner ces trois procédés nécessite parfois une véritable gymnastique. Les gens qui n’y sont pas habitués trouveront des difficultés à déchiffrer ce type de messages.
Au Maroc, les amateurs de T’Chat et de SMS sont de plus en plus nombreux à transcrire le dialecte marocain en utilisant le clavier Azerty. À première vue, cela ressemble à du charabia surtout qu’il faut combiner chiffres et lettres.
Pour écrire la lettre «Aïn», ils utilisent le chiffre 3. Le 9 remplace la lettre « Qaf». Et le «Haâ» est remplacé par le 7. «Qu’est ce que tu racontes de beau ?», donne quelque chose comme : «Achkat3awad ?».        
En Europe, le langage SMS ne laisse personne indifférent. Certains y voient une évolution due à la banalisation du Net et au développement des moyens de télécoms. D’autres, par contre, y voient un danger, voire une menace pour les langues.
En Angleterre, une expérience a démontré qu’une grande partie des étudiants n’arrivent même pas à écrire correctement Shakespear. Cela dit, être pour ou contre le langage SMS ne change rien. Le langage SMS est devenu un phénomène social. Un phénomène incontrôlable tout comme Internet.
Cette évolution technologique n’a pas modifié uniquement les caractéristiques orthographiques et grammaticales des langues.
Désormais, les adolescents draguent sur les salons virtuels de discussion, cachés derrière leurs écrans. Fini le temps des déclarations d’amour accompagnées de fleurs. À présent, un simple «I Love U»  envoyé par SMS remplit suffisamment la tâche. Les romantiques finiront par s’y faire un jour ou l’autre. On n’arrête pas le progrès, dit-on.

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