Culture

Vue cavalière sur la critique dramatique

Faite généralement par des journalistes ou par des spécialistes, la critique dramatique a pour but de « réagir immédiatement à une mise en scène et d’en rendre compte dans la presse ou dans les médias audiovisuels ». Les lieux d’intervention de la critique dramatique englobent non seulement les journaux, mais s’étendent également aux publications spécialisées (revues de théâtre) et aux travaux universitaires. Si on considère certains journaux français comme « Le monde » ou « Libération », on se rend compte de la faible fréquence de parution des papiers consacrés à la critique dramatique.
Les éditions du journal « Le monde » peuvent se cumuler sur plusieurs jours, voire plusieurs semaines sans qu’il y ait un seul article portant sur un spectacle donné. On se contente parfois de petits textes d’annonces au lieu de l’article conséquent qui était de rigueur à chaque parution, il y a quelques années.
La situation du début du siècle présentait un panorama incomparable. A Paris seulement, plus de 150 revues et 3000 journaux consacraient une à plusieurs pages au fait théâtral, et ce dans les grands et principaux organes de presse de l’Hexagonee. Entre 1907 et 1914, un quotidien de théâtre, Comoedia, paraissait sur 4 grandes pages. Nul besoin de rappeler ce que l’on appelait les « feuilletonistes ». Au 19 siècle, les critiques dramatiques disposaient de plus d’un « feuillet» pour présenter toute une rubrique régulièrement consacrée à la pratique théâtrale de l’époque. Ce qui paraît être en cause ce n’est ni la valeur de tel ou tel critique, ni même la critique dramatique en général, c’est plutôt la place du théâtre dans les sociétés modernes et l’évolution de la conception même du temps.
En Effet, la concurrence avec d’autres supports médiatiques a transformé la valeur marchande de l’écrit. Qu’elles soient de gauche ou de droite, la majorité des directions des journaux pense en termes de rentabilité : un « papier » sur le théâtre peut-il faire vendre un journal? Par ailleurs, le lecteur d’aujourd’hui n’a plus le temps de lire ces «feuillets », il se contente des informations brèves qui résument le sujet de la pièce, le genre du spectacle et qui en général concluent avec des formules du genre: « A voir absolument », « A ne pas rater»… Les journalistes critiques dramatiques font l’objet de reproches très souvent injustes : on leur répète qu’ils sont superficiels, qu’ils sont partiaux dans leurs jugements. On leur oppose l’ « intelligentsia » qui tente de faire ressortir les courants profonds de chaque création artistique et théâtrale. Parlant du travail de critique dramatique, Jacques Copeau demandait à ce dernier d’être « sincère, grave, profond, se sachant investi à l’égard du poète d’une fonction créatrice, digne de collaborer à la même oeuvre que lui et de porter, comme lui, la responsabilité à la culture. » Or, quand le critique ne subit pas la pression de la part de la direction du journal, il vit -on doit le dire – plusieurs contraintes matérielles et concrètes. La plus importante est celle du temps.
Comment rendre compte, et de manière profonde, d’un spectacle qu’on a vu la veille pour en parler dans un texte qui doit paraître le lendemain? Être critique dramatique dans un journal ne suppose pas les mêmes conditions de travail que celle d’un universitaire ou d’un spécialiste qui produit des articles « savants » dans des revues de théâtre spécialisées. La nature et la fonction du travail de critique dramatique change en fonction de l’institution à laquelle le critique appartient.

• Murcia, Rachid Mountasar

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