Culture

Warda Al Jazayria : «Mawâzine est devenu un événement incontournable»

© D.R


ALM : Après une longue absence, que représente pour vous cette nouvelle rencontre avec le public marocain étant donné que le Festival Mawâzine vous rend hommage cette année ?
Warda Al Jazayria : C’est vrai que cela fait un moment que je ne me suis pas produite sur une scène marocaine. Je suis ravie de retrouver le public marocain qui est très mélomane. Je suis particulièrement touchée par l’hommage qui m’est rendu car Mawâzine est devenu une référence incontournable tant sur le plan régional qu’international.

Quelle relation avez-vous avec le Maroc? Et quels souvenirs gardez-vous de vos séjours précidents ?
Mes représentations au Maroc ont toujours été mémorables. Je garde un excellent souvenir de tous mes séjours au Maroc, que ce soit dans un cadre privé ou professionnel.

On connaît votre admiration pour la voix de feu Mohamed Fouiteh. Parlez-nous de cette amitié. Allez-vous chanter une de ses chansons lors de votre passage à Mawâzine ?
Je garde un magnifique souvenir de Mohamed Fouiteh. Une grande amitié le liait à feu mon père. Il a été mon premier tuteur musical. Il a été pour beaucoup dans mon initiation à la chanson arabe, notamment en ce qui concerne la diction et la langue. Je n’ai pas prévu de chanter une de ses chansons, mais vous me donnez une excellente idée pour un prochain concert!

Comment percevez-vous l’avenir de la chanson maghrébine en l’occurrence celui de la chanson marocaine ?
La chanson maghrébine se porte bien : elle est riche tant par ses nouveaux talents que par son patrimoine. On découvre chaque jour de nouveaux talents. Les nouvelles émissions de télé-réalité musicales révèlent des jeunes issus des pays du Maghreb pleins de talent. Je déplore cependant la déstructuration du système de production musicale dans nos pays. Il est nécessaire d’assainir le secteur de la production et de l’édition musicale en éradiquant le piratage afin de permettre à des sociétés de production de se développer et ainsi de prendre en charge la carrière de nos artistes. Il est dommage, en 2009, que la production musicale arabe soit le monopole d’une poignée de sociétés toutes situées au Moyen-Orient.Le problème est donc assez complexe et il nécessite la mobilisation et l’implication des pouvoirs publics pour mettre en place un environnement législatif adéquat et surtout veiller à son strict respect.

A côté de Fayrouz et Wadii Safi, vous êtes parmi les rares artistes qui portent encore le flambeau du «tarab». Comment procédez-vous pour préserver ce patrimoine artistique ?
Je n’aime pas cette association à un porte flambeau. Je n’ai pas la prétention d’être dépositaire du tarab. Le tarab est là, bien portant, représenté par des jeunes comme Saber Robaï, Amal Maher, George Wassouf et beaucoup d’autres. En ce qui me concerne, j’essaye de maintenir vivant mon répertoire qui, sans prétention aucune, est assez riche en textes et en mélodies qui relèvent du tarab.

«Dandana», «Batwanis Bik», «Hobak Mawassim» et «Ana liya Min ghirak :des succès qui ont marqué plusieurs générations. Comment évaluez-vous ce riche parcours ?
C’est le parcours de toute une vie dédiée à la chanson et à l’art. Je ne pense pas que ce soit à moi de l’évaluer, laissons le soin au public de le faire. Disons, que mises à part une ou deux chansons qui avec du recul ne me semblent pas avoir été particulièrement bien choisies, je n’ai pas à rougir de mon parcours artistique.

Côté interprétation, que représentent pour vous : «Almaz wa Abdou el Hamouli», «Hikayti maa Zamane», «Awrak El ward» et « An el awan» ?
Vous oubliez aussi Amirat El Arab, Sout Al hob et Ah ya lil ya zaman pour ce qui est de ma filmographie. Bon disons que je n’ai pas le talent d’Ava Gardner. Mais en les revoyant aujourd’hui, je trouve ces films intéressants, ne serait-ce que sur le plan musical. N’oublions pas que le point commun entre toutes ces œuvres est qu’elles sont toutes musicales  (films ou feuilletons). A ce titre, il faut donc juger le film et la bande son. Dans mon répertoire de chant, je continue jusqu’à aujourd’hui à interpréter des chansons de ces films, c’est donc la preuve que certaines d’entre elles ont traversé le temps sans prendre une ride, je pense notamment à Hikayti maa el zaman.

Pensez-vous avoir atteint vos ambitions du départ ?
Je n’ai jamais été ambitieuse. Rêveuse oui  mais pas ambitieuse. J’ai vécu des moments formidables dans ma vie. Sur le plan professionnel, j’ai eu l’occasion d’approcher et de travailler avec des sommités de la musique arabe comme Mohamed Abdelwahab, Ryiad El Soumbati, Farid El Attrach et Baligh Hamdi. Sur le plan personnel, j’ai eu des enfants et des petits-enfants qui sont une source de bonheur pour moi. Certes, cela n’a pas toujours été facile. Il y a aussi eu des moments douloureux. Mais dans l’ensemble, je ne regrette rien et je continue encore à rêver (sourires).

Vous venez de signer officiellement avec Rotana. Parlez-nous de cette nouvelle étape? Et quels sont les projets que vous envisagez de mettre en œuvre avec cette maison de production ?
Rotana est aujourd’hui une maison de production incontournable quand on est dans le circuit professionnel. Rotana dispose de moyens humains et matériels pour appréhender l’ensemble des activités liées à la production musicale. J’ai en projet qui est la production de deux albums. L’un, composé de 6 chansons, devrait sortir avant la fin de 2009 et l’autre en 2010.

Avez-vous programmé des chansons maghrébines dans vos prochains albums ?
Non. Pas dans mon prochain album en tout cas.

Vous préparez une chanson avec Marwan Khoury. Ce brassage de génération en quoi pourrait-il être bénéfique pour la chanson arabe ?
(Rires). Je ne sais pas si cette collaboration sera bénéfique à la chanson arabe, mais je ne vois pas de raison qu’elle ne le soit pas. Marwan est un talentueux compositeur-interprète. Déjà, à la base, j’aime ses chansons. Puis il m’a fait écouter une chanson spécialement composée pour moi, et j’ai aimé. J’espère que le public aussi aimera.Et puis vous savez, vu mon âge maintenant, toute collaboration avec un compositeur sera le fruit d’un brassage entre générations (rires).
 
Où en est le duo avec Georges Wassouf ? Et quelles sont les autres voix avec lesquels vous aimeriez collaborer ?
Alors pour George ça c’est un scoop ! Je n’ai jamais eu de projet avec George bien que je l’adore. Vous savez, on publie beaucoup de choses qui ne sont pas toujours vraies. Cela devient encore plus flagrant avec la multiplicité des médias en ligne. Je découvre chaque semaine une interview de moi fictive sur Internet. Par contre il y a un projet en vue pour 2010. Je vous en dirai plus le moment venu.
 
Vous avez déclaré à plusieurs reprises être fascinée par la voix de Amal Maher, Assala et Nancy Ajram. Selon vous, qui serait le porte-flambeau de Warda ?
Encore avec cette histoire de porte-flambeau. De la même façon que je ne suis le porte-flambeau de rien ni de personne, je ne souhaite à aucune des artistes de grande valeur que vous venez de mentionner d’être mon porte-flambeau. D’ailleurs, je leur souhaite à toutes d’avoir des carrières encore plus riche que la mienne. Chacune d’entre elles a sa propre personnalité et son propre style, et ce ne serait pas leur rendre justice que d’en faire le porte-flambeau de quiconque. Elles ont l’étoffe d’être chacune dans son genre des références.
 
D’autres échos disent que Warda prépare un projet grandiose pour 2012. Aurons-nous le privilège de découvrir quelques axes ?
(Rires) Curieuse va ! Et bien non, vous en saurez plus le moment venu, et pour votre information c’est en 2010 et non en 2012 !

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