Culture

«What a wonderful world»: La révolution Bensaïdi

Soulagement après la projection mardi du film  «What a wonderful world», qui représente le Maroc avec «Wake-up Morocco» à la compétition officielle du Festival international du film de Marrakech (FIFM). Après la projection de ce film mardi soir au cinéma le Colisée, les avis recueillis étaient plutôt favorables à ce long-métrage «qui fait honneur au cinéma marocain». Bensaïdi, scénariste et réalisateur de ce film, «a démontré une grande maîtrise des techniques cinématographiques modernes», s’est félicité un cinéphile marrakchi.
Ce long-métrage d’une heure et 39 minutes, qui a déjà été retenu dans la sélection Venice-Days (Italie), raconte le destin de ses personnages avec les nouvelles formes de communication, notamment l’Internet, le portable… Il s’agit d’une comédie noire, qui se déroule dans la mégalopole casablancaise, ville où modernité et archaïsme se tutoient. Une ville des contrastes par excellence. Autant que les personnages qui y évoluent. «Kamal», un tueur à gage, reçoit ses contrats par Internet. Ce personnage, interprété avec brio par Bensaïdi, a l’habitude d’appeler «Souad», une prostituée occasionnelle, après chaque exécution. Mais à chaque appel, c’est «Kenza», un agent de la circulation, qui répond. Le hasard a voulu que ce soit «Kenza» qui conquiert le cœur de «Kamal». Le sort en a décidé autrement. Les deux héros finiront par être assassinés par vengeance. Construit autour d’un drame amoureux, le film raconte des fragments de vie de plusieurs personnages. On y trouve tour à tour un jeune hacker qui rêve de partir en Europe, la femme esseulée après le départ de son époux en mission dans le sud marocain… Personnages aux profils différents mais dont les destins se croisent : leur sort à tous sera tragique.
Le rêve du jeune hacker de partir en Europe finira par «échouer», tant et si bien que le candidat à l’émigration bascule dans… l’alcool. En ce qui concerne Bensaïdi, il a donné la pleine mesure de son talent d’acteur avec son personnage «Kamal». Un personnage dépressif que l’on eu l’occasion de découvrir dans le film «Mektoub» de Nabil Ayouch. Mais dans ce long-métrage, l’artiste multiplie les casquettes (scénariste, acteur, réalisateur) et les registres.
En dépit de tout, il a réussi à nous servir un film de grande facture. Ce constat est partagé par nombre de critiques de cinéma, qui lui ont réservé un accueil des plus favorables. Interrogé sur ce film, Mohamed Bakrim est allé jusqu’à parler de «révolution Bensaïdi». Le sens ne naît pas du signifié mais du signifiant. Ce n’est pas l’énoncé qui prime, mais l’énonciation, le jeu (…). Bensaïdi sait que le cinéma traverse une mutation, que le réel est plus complexe que ne le suppose le réalisme. Conséquence: il a refusé de s’enfermer dans une tendance. Il s’empare de son outil de travail, le cinéma, pour en tirer toutes les possibilités d’expression et de jeux. La dimension ludique est, d’ailleurs, fort présente à travers ce film. Dès le début, le réalisateur nous invite au jeu ; un jeu porteur de sens et servi par des symboles de l’époque moderne : Internet, GSM, panneaux publicitaires… Le film apporte une grande dose de créativité et brille par une parfaite maîtrise du langage cinématographique. Une belle leçon de cinéma.

Coulisses

Le FIFM, un tremplin pour les autres festivals
Destination mondiale privilégiée pour les cinéastes, le FIFM est devenu un tremplin pour d’autres festivals. Profitant de la tenue de la 6ème édition du FIFM, une délégation espagnole de Las Palmas, des Grandes Canaries a présenté, hier à Marrakech, les travaux de la 8ème édition du Festival international du Film de Las Palmas des Grand Canaries.  A souligner que la 8ème édition de ce festival prévoit une Rétrospective du cinéma marocain. Du côté de la Croatie, une autre délégation a fait le déplacement à Marrakech pour faire la promotion de son festival.

Les artistes plasticiens font leur cinéma
Sensible à l’importance de la formation pour l’avenir du cinéma marocain, un collectif d’artistes plasticiens a procédé à une mise en vente de tableaux au profit des étudiants de l’Ecole de cinéma de Marrakech. Selon Mohamed Méléhi, 50% des recettes seront versées sur le compte de l’Ecole. Destinée à créer un fonds de bourse, cette initiative a été accueillie favorablement à Marrakech. A preuve, le jour de l’ouverture du FIFM, les tableaux dont les prix se situent entre 3.000 et 40.000 dirhams se sont bien vendus. Parmi les vendeurs, figurent Yamou et Bouchaïb Habouli.

Marrakech dans un Best-Of
Une autre activité parallèle en marge du Festival international du film de Marrakech. La deuxième édition du beau livre «Best of Marrakech» a été présentée mercredi 6 décembre dans un Riad à Marrakech. Cet ouvrage se veut un guide touristique pratique. Il rassemble tous les noms des établissements hôteliers de la ville, hôtels, auberges restaurants. En plus de cela, il offre un éventail intéressant des galeries et autres lieux de culture de la perle du Sud. Pour l’édition 2007, une mise à jour des derniers endroits branchés de la ville y est proposée.

Le Maroc a bouleversé Andrucha Waddington
Lors de la projection du film brésilien en compétition «Casa de Area» d’Andrucha Waddington samedi 2 décembre, les spectateurs étaient unanimes à ressentir un boom d’émotion. Une sorte d’éblouissement des sens se laissait ressentir sur leur visage. Idem pour le réalisateur. Mais cette fois-ci pour une double raison. Il était non seulement ému en parlant de son film et de sa démarche mais aussi parce qu’il s’est senti à l’aise dès son arrivée à Marrakech. Pour le prouver, Waddington portait ce jour là sous sa veste en toile vert-militaire un tee-shirt très original montrant le drapeau du Maroc. Une façon de laisser canaliser son émotion.

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