Culture

Youssef Amerniss, rappeur : «Le rap est contestataire par essence»


ALM : Présentez-nous le concept de cette compilation et la situation dans laquelle elle intervient.
Youssef Amerniss : Cette compilation contient 27 titres rap inédits faite par des rappeurs talentueux et authentiques mais négligé par les différents supports de diffusion médiatiques, en particulier les Radios, celles mêmes qui s’autoproclament « diffusatrice » de ce genre de musique. « Mamanou3 f’ radio » est destinée à donner une nouvelle plate-forme de diffusion au rap marocain, et à lui rendre cette valeur contestataire qui fait partie de l’essence même du rap. Cette compilation est aussi un signal d’alarme.
Au début, les nouvelles radios avaient accueilli le rap pour attirer une audience de jeunes. Mais après, ils ont changé de politique. En  privilégiant la diffusion d’un rap de style festif, ils ont déformé la culture rap. Et l’ont fait évoluer vers un mouvement festif à 100%. Alors que le rap, à la base, n’est pas que cela. Et cela influence les lignes de créations et les choix des artistes. Ces derniers, s’ils ne sont pas assez mûrs, se conditionnent et ne pensent qu’à produire de tubes formatés pour passer sur une station radio.

Quels sont les sujets traités dans cette compilation?
Dans cette compilation, les rappeurs parlent de la politique et de la société. Ce sont des sujets qui émanent de leur milieu. La vingtaine d’artistes qui participent à cette compilation traitent tous des sujets d’actualité et qui reflètent leur quotidien. Par exemple entre autres, Mobydick parle de la censure dans la radio. Aminoffice dénonce l’injustice sociale. La chanson «L’hssyiessa» de Nores parle d’un protectorat fait par des Marocains qui pillent les richesse de leur pays. Mc.Mo parle du chômage avec un ton décalé et une musique festive. Muslim avec «Hwale nass» fait tout sorte de comparaison, comme celle entre un riche qui n’a aucun enfant et un pauvre qui laisse ses enfants errer dans les rues. Essofy, lui, se met dans la peau d’un habitant de bidon-ville.

Comment le rap marocain évolue-t-il actuellement dans la scène nationale?
Au début, on faisait le rap par amour et par besoin d’expression. Normalement un artiste travaille et crée un produit authentique qu’il offre à un public qui est libre de l’adopter ou pas. Mais maintenant, le rappeur est devenu esclave d’un goût du public, d’une demande commerciale et d’une image marketing. Cela parce que la nouvelle scène urbaine marocaine et le rap en particulier, mouvement qui s’est vu du jour au lendemain propulser au-devant de la scène par une médiatisation intense, n’a pas encore une forte immunité contre les effets néfastes du marché. Le mouvement rap au Maroc est quelque part, encore jeune. On a qu’à voir la production d’albums officiels qui était au nombre de 4 en 2007. Et jusqu’à maintenant au cours de cette année, aucun album n’est sorti. On a que quelque promesse d’artistes concernant cela. L’abondante productivité du rap existe surtout sur le net.  

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