Culture

Zaouia Naciriya, un haut lieu de spiritualité

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Pour comprendre le passé, il faut bien fouiller dans divers documents pour le cerner, tel est le souci des historiens et des chercheurs qui se sont acharnés et qui s’acharnent toujours sur des sources authentiques de l’histoire dans le but d’éclaircir un passé, tantôt pour remettre les choses à leur place et tantôt pour construire un avenir rayonnant sans pour autant couper le lien qui les lie avec ce passé. C’est dans ce cadre que s’inscrit cette tentative de recherche autour de la zaouia de Tamgroute, à travers laquelle serait projetée un brin de lumière sur quelques aspects de cette institution soufie. En effet, celle-ci n’a pas eu sa juste part dans les études historiques académiques qui ont été faites sur le Maroc en général et sur les confréries en particulier. De toutes ces études qui ont pour objet ces institutions appelées zaouia au Maroc, celle de
Tamgroute n’a eu que peu d’intérêt de la part des chercheurs (à part certains chroniqueurs), malgré le rôle important, voire essentiel que cette zaouia a joué, dans l’histoire politique, sociale, économique et culturelle du Maroc depuis sa création.
«A l’exception des études entreprises ces dernières années par Amalek et Bouzidi, il est facilement observable que grand nombre de chercheurs qui se sont intéressés à l’histoire du sud marocain à travers leurs recherches ou dans leurs mémoires ne manifestent pas suffisamment d’intérêt à l’étude de la zaouia de Tamgroute, faute de quoi il y a carence, voire absence d’une documentation qui traite d’une façon exhaustive ses différents aspects», indique Ahmed Choukri, doctorant à l’Université Marc Bloch -Strasbourg. Ce choix de la zaouia de Tamgroute reflète en quelque sorte un intérêt au domaine du soufisme au Maroc, comme il émane aussi des questions auxquelles on se confronte à chaque fois qu’on marque un arrêt devant le patrimoine de cette zaouia et de sa place, toujours aussi privilégiée même aujourd’hui encore. Ce choix est aussi dicté par le souci d’avoir une vision globale sur cette institution soufie afin de pouvoir la situer au sein de la mosaïque des confréries du Maroc.  Parmi les questions qui se posent quand on lit l’histoire de cette confrérie : Cette institution, à part sa mission religieuse, a-t-elle d’autres? Comment procédait-elle pour accomplir ces différentes missions ? Quant aux activités qu’elle entreprenait, n’y a-t-il pas des gens qui ont œuvré pour les mettre en place? Malgré sa situation  dans un village lointain dans la vallée du Draa  au sud du Maroc, elle a intervenu dans différents domaines pour contribuer à l’écriture d’une partie de l’histoire du pays. Sur le plan religieux, par exemple, la mise en place de «rakb al-haj Al-Naciri» a permis aux adeptes et aux disciples de cette confrérie, ainsi qu’à tous les autres qui souhaitaient effectuer leur pèlerinage de rejoindre ce convoi qui était une sorte de communauté ambulante où ils pourraient se sentir mieux en sécurité durant le trajet vers La Mecque. Ce rakb, hormis sa première mission, était aussi le moyen qui a contribué, en grande partie à divulguer et propager la Tariqa al-Naciriya aussi bien dans le Maghreb que dans une partie du Machrek. Grâce à  l’école que M’hamed Ibn Nacir a mis en place, cette zaouia devint une des destinées préférées pour des étudiants, chercheurs du savoir. La bibliothèque de l’école quant à elle, a été un centre de documentation fréquenté durant des siècles par des étudiants avides du "Ilm" (savoir). Sur le plan politique, Tamgroute a œuvré pour maintenir la région en sécurité et pour concilier entre le pouvoir central et des tribus ou entre des individus qui étaient en discorde. Sur le plan social, la confrérie de Tamgroute a protégé les déshérités contre toute tyrannie et outrance, il assure les repas aux pauvres et aux démunis, tout en abritant les voyageurs et les sans domiciles. Sur le plan économique, Tamgroute était toujours un centre commercial où se rencontraient les caravanes qui assuraient le commerce entre le Maroc et l’Afrique sub-saharienne. A part le souk hebdomadaire de Tamgroute, un souk annuel où tous les commerçants venus du Maroc présentaient leurs marchandises se tenait en marge du moussem organisé par la zaouia chaque année.  L’apport dans le domaine agricole se manifestait au niveau de la distribution de l’eau pour irriguer des champs et faire des choix de cultures à favoriser. Aujourd’hui, la zaouia Naciriya de Tamgroute reste  toujours fidèle aux objectifs assignés à cette institution par ces premiers fondateurs, à savoir l’enseignement  et la conciliation entre les gens.

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