Culture

Zaouia Tijania de Fès : 200 ans de rayonnement de par le monde

© D.R

Vendredi 9 octobre s’est clôturé à Fès le colloque organisé à l’occasion  des commémorations du bicentenaire du décès du fondateur de la confrérie Tijania, Cheikh Sidi Ahmed Tijani et où ont pris part près de 850  adeptes et grands érudits de la Zawia venus de 29 pays. Samedi 10 octobre quelques Tijanis, reconnaissables par l’éclat de leurs boubous brodés ou par leurs habits tout blancs, circulent encore dans les dédales de la médina de Fès cherchant à acquérir un souvenir.  Pour celui qui, perdu dans les ruelles de la médina, labyrinthe riche en couleur, cherche le mausolée du célèbre Cheikh, pas la peine de demander son chemin. Il suffit de suivre un Tijani. «Nous sommes venus visiter le Saint Sidi Ahmed Tijani, en reconnaissance à son aura,  sa grande connaissance de la religion et l’éducation qu’il a léguée aux gens et qui les guide dans la voie de la vérité de l’Islam et du Prophète Sidna Mohammed», a déclaré à ALM, à quelques pas du sanctuaire, Abou Bakri Bassoum, un Sénégalais qui maîtrise parfaitement l’arabe et pour qui il s’agit de la quatorzième visite à la Zaouia de Fès. Et d’ajouter : «Cet événement est une célébration joyeuse, une rencontre entre les disciples dans la convivialité, la solidarité et l’amour». Selon lui, la tariqa Tijania se propage chaque jour plus dans les villes et campagnes du Sénégal. D’après les estimations des Tijanis, le nombre de disciples de la Zaouia de par le monde dépasse les deux cents millions. Plus que trente minutes avant que le muezzin appelle à la prière du Dohr (midi), dans l’enceinte du somptueux sanctuaire les secondes sont rythmées par quelques murmures discrets de disciples qui lisent le Coran et par les claquements des chapelets qu’égrènent ces adeptes qui se plaisaient à s’appeler entre eux «Ahbab» (bien-aimés) en signe de fraternité. Non loin de la grande porte d’entrée, on aperçoit le petit-fils du fondateur de la Zaouia, «Sidi Zoubeir» comme l’appellent les disciples qui le saluent avec un grand respect et sollicitent de s’entretenir avec lui. «Là où il y a un musulman, il y a un Tijani» a-t-il souligné à ALM. «Ce qu’il y a d’important à signaler, c’est la conformité de cette Tariqa avec le Coran et la «Sunna» (Tradition) du Prophète. Et c’est une des raisons de la propagation rapide de la pérennité de la Tariqa», a-t-il poursuivi.  D’après lui, le Cheikh quand il a apporté cette Tariqa a dit : «Si vous entendez quelqu’un dire que Cheikh Tijani a dit quelque chose, il faut la peser dans la balance de la Charia. Si c’est conforme, il faut la prendre, si ce n’est pas conforme, il faut la laisser».
Rappelons que Cheikh Sidi Ahmed Tijani est né à Aïn Madhi en l’an 1150 de l’Hégire, selon le témoignage de l’histoire de l’Islam, il fut un pieux et érudit de l’Islam, notamment de la Tijania. La quête du savoir religieux et de la connaissance soufie l’a conduit dans de nombreuses contrées, avant qu’il ne s’installe en 1798 à Fès où il érige le siège de sa Zaouia. Mais actuellement, qu’est-ce qui fait qu’on est un Tijani ou pas? Selon le petit-fils du Cheikh, c’est le respect de la pratique des différents «wird», oraisons de la Tariqa, ceci à travers un pacte liant jusqu’à la mort le disciple et le «moqadem» de la Tariqa.  Il s’agit des «wirds lazim», une série d’invocations quotidiennes obligatoires qui se pratiquent individuellement deux fois par jour, des «wadifa», invocations quotidiennes collectives, ainsi que d’une oraison hebdomadaire qui se pratique notamment chaque vendredi entre la prière de l’ «Asr» et le «Maghreb». Le but de ces partiques, comme c’est le cas pour toutes les confréries soufies, étant la purification du cœur de tout ce qui est autre que Dieu, pour que le disciple s’affranchisse de ses passions et puisse ainsi contempler la beauté divine et vivre en harmonie, en paix avec son environnement et son entourage. «L’enseignement de la Tariqa m’a permis une compréhension plus profonde de l’Islam et meilleure connaissance de Dieu, du Prophète et des Saints de l’Islam», a indiqué à ALM, après une longue prière sur le Prophète, un membre de la délégation américaine comoosée de 17 grands érudits. Et d’ajouter : «Durant notre séjour de trois jours, lors de cette commémoration du bicentenaire du Cheikh Ahmed Tijani, on a passé de merveilleux moments, on a apprécié la cuisine marocaine et l’hospitalité du peuple, l’architecture et l’énergie spirituelle de ce pays musulman».
Pour sa part, l’Imam Salim Youssef, un grand érudit venu tout droit de Michigan a précisé que la comunauté afro-américaine et dans plusieurs villes américaines compte plusieurs disciples de la Tijania. «C’est la première fois que je visite le Maroc. Depuis le moment où je suis monté dans l’avion jusqu’à ce moment, je me suis senti comme chez moi. J’ai rencontré des gens riches et pauvres, de différentes races et venus de plusieurs pays tous réunis sous une même bannière et pour un même but l’amour de Dieu, du Prophète», a confié Salim Youssef qui s’est converti à  l’Islam, puis a intégré la Tariqa en 1984 à l’issue du voyage d’un de ses proches au Sénégal.

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