Culture

Zoubeir Benbouchta : «Le Maroc manque d’auteurs dramatiques»

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ALM : Vous vous êtes imposé parmi les rares dramaturges au niveau national. Pourquoi n’avez- vous pas pensé à vous installer à Rabat ?
Zoubeir Benbouchta : Je ne peux pas vivre loin de Tanger. Et je crois que si j’étais né dans une autre ville, j’aurais porté le même amour. D’ailleurs, j’ai refusé plusieurs propositions pour travailler à l’étranger.
Et je pense que si tous les créateurs tangérois qui vont vivre à Rabat ou Casablanca, cela aura un impact négatif sur le développement culturel à Tanger. Personnellement, j’estime avoir fait le bon choix d’y rester. J’ai réalisé de grandes œuvres au sein de la troupe de théâtre Bab Bhar Cinémasrah. Et je suis parvenu à faire venir des artistes marocains à Tanger pour y jouer dans mes pièces de théâtre.

Comment évaluez- vous le théâtre marocain ?
Depuis la mise en place du fonds d’aide à la production théâtrale, il y a dix ans, le théâtre marocain a connu un certain élan. Surtout que les œuvres réalisées, dernièrement, sont d’une bonne qualité au niveau de la mise en scène, de l’interprétation ainsi que de la scénographie. Mais il faut remarquer que le théâtre souffre d’un manque dans l’écriture dramatique. Nous devons y remédier notamment par l’organisation des ateliers de formation dans cet art et la création des primes pour l’écriture au profit de jeunes dramaturges.

Pourquoi le théâtre au Maroc souffre-t-il d’un manque de manifestations théâtrales ?
Ce manque de manifestations s’explique par plusieurs raisons. D’abord, les festivals qui continuent d’exister et auxquels sont attribués de grands budgets ont pour objectif essentiel la promotion de l’image du Maroc à l’étranger. Je ne m’y oppose pas, mais nous avons aussi besoin d’événements qui contribuent réellement au développement culturel au niveau national. Il y a aussi lieu de souligner que le Maroc manque d’une véritable infrastructure culturelle dont les théâtres et les salles de cinéma. Il faut souligner qu’à l’exception du théâtre Mohammed V de Rabat, il n’y a pas un autre théâtre qui dispose d’un véritable budget lui permettant de réaliser un programme d’activités pendant toute une année.

Quel est l’avenir du théâtre à Tanger ?
Nous avons besoin d’artistes techniquement bien formés. Il faut que leur choix du métier soit fondé sur une vraie passion. Le public tangérois se distingue par son intelligence et son amour pour l’art dramatique. Il nous accorde un grand accueil lors de nos prestations. De notre côté, nous devons organiser des ateliers d’art dramatique au profit du public. Nous souffrons aussi, et comme partout au Maroc, d’un manque de théâtres alors que la ville a connu depuis le 19ème siècle la création de la salle  de  «Teatro de la Zarzuela » qui servait également pour des soirées musicales et de cinéma. Mais l’histoire de Tanger reste beaucoup plus liée à celle de Cervantès qui fait actuellement l’objet de petits travaux pour éviter son effondrement.

Quelles sont vos dernières créations ?
Nous venons de remporter au sein de la troupe de théâtre Bab Bhar Cinémasrah un grand succès grâce à la pièce «Pieds blancs». Elle est mise en scène par Jilali Ferhati et interprétée par Hicham Bahloul et Houcine Bouhcune. Ce spectacle a fait l’objet d’une résidence artistique organisée par l’Institut français du Nord en février et mars 2008 avec le soutien du ministère de la Culture et du Théâtre Mohammed V. Nous avons participé grâce à cette pièce au dernier Festival national du théâtre de Meknès où nous avons obtenu le prix du meilleur texte dramatique. Nous avons été invités pour la présenter lors du dernier Festival international du théâtre de Marrakech. Nous avons joué «Pieds blancs» deux fois au théâtre Mohammed V à Rabat et à l’Institut français de Casablanca, Tanger et Tétouan et au Festival Allama de Oued- Laou.

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