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2000-2017 : Comment l’économie marocaine s’est transformée

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La performance de 12 secteurs scannée dans un tableau de bord réalisé par la Depf

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«Le Maroc a réussi à diversifier son tissu économique pour être présent sur plusieurs secteurs. Ceci a permis à notre économie d’acquérir des bases solides lui permettant d’aller chercher des parts de marché que cela soit en Afrique, en Europe ou en Méditerranée».

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Capter la dynamique sectorielle et les mutations sous-jacentes est l’une des principales orientations du tableau de bord sectoriel de l’économie marocaine rendu public, lundi 11 février, par la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), relevant du ministère de l’économie et des finances. Bien qu’elle puisse paraître différente de ses précédentes, cette publication a toujours existé. Seule différence, c’est la première fois que la DEPF réserve à cette analyse une large diffusion publique. Le timing joue un rôle important.

A travers cette analyse exhaustive de la dynamique sectorielle, le ministère de l’économie et des finances apporte sa contribution au débat amorcé quant au nouveau modèle de développement. C’est d’ailleurs ce que nous confirme dans un bref entretien Moncef Darkaoui, directeur des études et prévisions financières au ministère de l’économie et des finances. «Il est intéressant pour cette réflexion enclenchée d’avoir une analyse complète de l’économie nationale et de capter les dynamiques sectorielles et mutations sous-jacentes. Ce travail vient passer en revue toutes les stratégies sectorielles en mettant en exergue les dynamiques et transformations qu’elles ont impulsées par secteur», explique-t-il. Ce tableau de bord, amené à devenir une publication annuelle, fait ressortir les mutations structurelles de l’économie nationale avec un recul allant jusqu’aux années 90, retraçant ainsi l’essentiel des tendances sectorielles.

Agriculture, mines, énergie, eau, industrie, bâtiment, transport, tourisme, postes et télécommunications ainsi que les assurances sont ainsi les principaux secteurs analysés dans ce document qui vient rappeler la transformation profonde engagée par le Royaume visant, en effet, la modernisation de son appareil productif et le renforcement de ses performances et de sa résilience. Hormis le fait d’alimenter le suivi conjoncturel et le travail de veille stratégique effectué en permanence par la DEPF, ce tableau de bord sectoriel de l’économie nationale permet également d’énumérer les défis restants pour finaliser les objectifs des visions engagées dans les différents secteurs.

Le Maroc a procédé durant ces dernières années à une modernisation sectorielle accélérée portant sur une logique de consolidation des ressorts sectoriels et de mobilisation de gisements additionnels d’emplois sans oublier une meilleure valorisation des ressources naturelles et le renforcement de leur durabilité. Grosso modo, le bilan est dans son ensemble positif que cela soit au niveau des secteurs traditionnels tels que l’agriculture et textile que nouveaux, en l’occurrence l’automobile et l’aéronautique. Une performance qui a engendré une amélioration de l’attractivité Maroc.

«Le Maroc a réussi à diversifier son tissu économique pour être présent sur plusieurs secteurs qu’ils soient primaires, secondaires ou tertiaires. Ceci a permis à notre économie d’acquérir des bases et des fondamentaux solides lui permettant d’aller chercher des parts de marché que cela soit en Afrique, en Europe ou en Méditerranée», relève-t-on de Moncef Darkaoui. En effet, la stratégie de diversification sectorielle et territoriale du Maroc a porté ses fruits.

Une orientation qui, selon M. Derkaoui, a permis à l’économie marocaine de rester résiliente par rapport à l’ensemble des chocs ayant ponctué la dernière decennie. Toutes les visions mises en œuvre ont permis de positionner le Maroc sur les chaînes de valeur mondiales. Un acquis à consolider pour induire des changements structurels, notamment en termes de création conséquente de valeur ajoutée et d’emplois. Il est à rappeler que la réalisation de ce tableau de bord n’a été possible que par l’implication de toutes les équipes de la DEPF et des départements partenaires. Ce travail a été réalisé grâce à un mix d’intelligence sectorielle et de datas formulées par une banque de données exhaustives «Manar-Sat» qui couvre tous les secteurs avec diverses déclinaisons.

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Des efforts additionnels à gagner dans le secteur de l’énergie

Le Maroc s’est doté depuis 2009 d’une stratégie énergétique ayant permis des avancées significatives. Une accélération soutenue a été observée au niveau de la réalisation du programme d’énergies renouvelables. Ceci a permis d’atteindre une part de 34% à fin 2017 du mix électrique, soit une capacité installée de 2.836 MW, dont 180 MW en solaire, 887 MW en éolien et 1.769 MW en hydraulique. Toutefois des efforts additionnels gagneraient à être déployés. Un intérêt devrait être porté sur la sécurisation des financements, le développement des smart grids et le renforcement de l’intégration régionale dans le domaine de l’électricité.

La priorité étant de réunir les conditions propices à une mobilisation de taille des financements, notamment privés, afin de satisfaire les besoins énormes d’investissements prévus en la matière, soit 40 milliards de dollars, dont 30 milliards pour les projets de production électrique de sources renouvelables . Le développement des «smart grids» favoriserait l’ancrage aux énergies renouvelables assurant ainsi une meilleure gestion de la demande et de l’offre d’électricité. Chose qui permettrait de faire face à la production intermittente des nouvelles sources d’énergie renouvelable. La mobilisation du potentiel de l’intégration régionale éviterait pour sa part le gaspillage et maximiserait la rentabilité en érigeant le Maroc en hub énergétique au carrefour des marchés de la Méditerranée occidentale et ceux de l’Afrique de l’Ouest.

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Le secteur primaire en performance soutenue

Jouant un important rôle socio-économique et environnemental, l’agriculture est l’un des secteurs ayant connu une transformation structurelle ces dernières années. Ces efforts portent aujourd’hui leurs fruits puisque l’investissement public global dans le secteur a plus que triplé en huit ans seulement. Il est passé de 3,1 milliards de dirhams en 2008 à 9,9 milliards de dirhams en 2016, soit un taux de croissance annuel moyen de près de 14,4%. Le soutien à l’investissement privé est passé, pour sa part, de 1 à 3,3 milliards de dirhams sur la même période.

En dressant un panorama des réalisations du secteur, la DEPF relève une croissance soutenue de la valeur ajoutée agricole. Le taux de croissance annuel moyen (TCAM) est évalué à 6% sur la période 2008-2017. Une ventilation tirée par le bon comportement des différentes filières agricoles, notamment la filière céréalière ayant enregistré des performances de près de 80 millions de quintaux, dépassant ainsi la moyenne.

Un rebond a également été observé au niveau de la production agricole hors céréales. Citons à titre d’exemple l’élevage, une filière qui affiche des taux de réalisations avancés aussi bien pour les viandes rouges (90 % en 2016) que les viandes blanches (68 %). De bonnes performances ont été observées au niveau de l’arboriculture qui affiche pour la même période des taux de réalisation significatifs.

La DEPF relève à cet effet 70% pour l’arboriculture et 57% pour les agrumes. La DEPF indique à ce propos que «le caractère soutenu de la croissance du secteur agricole apparaît au niveau de la baisse marquée de l’écart-type de la valeur ajoutée agricole (VAA) de près de 63,5% entre les deux périodes 1990-1999 et 2000-2017, induite notamment par un rétrécissement du poids de la céréaliculture dans la VAA».

Le Plan Maroc Vert a par ailleurs contribué au renforcement de l’inclusivité de la politique agricole nationale. A cet effet, 215 projets ont été réalisés avec un investissement de près de 2,1 milliards de dirhams sur un budget global avoisinant 15 milliards de dirhams. Pour capitaliser ces acquis, l’agriculture marocaine est appelée à renforcer son positionnement à travers la redynamisation de l’agrégation agricole et une meilleure adéquation entre l’offre agricole et la demande agro-industrielle.

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Une bonne dynamique halieutique qui s’opère

Pilier majeur pour l’édification d’une économie bleue durable et à forte valeur ajoutée, le secteur halieutique se développe à pas sûrs. Le secteur améliore en effet ses résultats conformément aux objectifs définis par le Plan Halieutis. La production totale s’est élevée en 2017 à 1,4 million de tonnes, soit 84% des objectifs fixés à l’horizon 2020. Les exportations du secteur se sont chiffrées pour la même année à 21,2 milliards de dirhams, soit 70,5% de l’objectif initialement fixé, contribuant ainsi à près de 58% des exportations agroalimentaires et à plus de 16% des exportations totales des biens. Des chiffres qui s’accroîtraient davantage compte tenu d’une éventuelle diversification des marchés à l’export. «L’ouverture sur de nouveaux marchés, dont notamment l’Afrique, conjuguée à une meilleure valorisation des produits, pourraient induire des effets positifs sur le développement du secteur halieutique national», explique la DEPF dans son étude. La DEPF recommande également l’optimisation des efforts consentis sur le plan des infrastructures et de la modernisation de l’outil de production, le développement d’une flotte industrielle nationale comparable à celle des pays étrangers ainsi que l’amélioration des compétences au service de l’innovation de nouveaux produits compétitifs avec des emballages attractifs et à forte valeur ajoutée.

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Un repositionnement des secteurs industriels à envisager

Le secteur industriel a consolidé ses performances depuis 2014. La valeur ajoutée du secteur s’est accru de 10% entre 2014-2017. Une progression ayant eu des effets positifs sur l’emploi du secteur. 288.126 postes ont été créés sur ladite période, soit 57% de l’objectif d’emplois escomptés à l’horizon 2020 dans le cadre du Plan d’accélération industrielle. L’automobile reste le plus gros pourvoyeur d’emploi dans le secteur, suivi de l’agroalimentaire et du textile-habillement. La bonne performance du secteur industriel s’étend également à l’export.

Les ventes du secteur ont affiché une progression annuelle de 10,3 % sur la période 2014-2017, soit des exportations de 149,4 milliards de dirhams. La branche automobile a vu son chiffre d’affaires à l’export rebondir ces dernières années, détenant une part de 40 % de l’ensemble des exportations industrielles. La branche aéronautique arrive, pour sa part, en tête des branches ayant enregistré la plus forte augmentation de ses exportations avec une hausse de 20 % entre 2017 et 2016. Son chiffre d’affaires à l’export a atteint 18,4 milliards de dirhams en 2017 et 13,8 milliards de dirhams à fin octobre 2018, soit une croissance de +14 % par rapport à la même période de l’année dernière.

Les branches industrielles traditionnelles ont connu, à leur tour, des progressions notables au même titre que le secteur de l’offshoring dont les exportations grimpent en moyenne de 8 % sur la période 2009-2017, passant ainsi de 4,9 milliards de dirhams à 9,1 milliards de dirhams. En commentant la dynamique industrielle, la DEPF préconise un repositionnement de ces secteurs en vue de mieux capter les opportunités qui s’offrent aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale et faire face à une concurrence de plus en plus intense. La DEPF recommande dans ce sens l’affinement des spécialisations au profit de créneaux dynamiques et à plus forte valeur ajoutée, la meilleure valorisation de la production locale ainsi que la prospection de nouveaux marchés porteurs, notamment en Afrique.

 

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