Economie

2005, un Réveillon en demi-teinte

© D.R

Pour le réveillon 2005 et la nuit de la Saint-Sylvestre, les hôtels ne sont pas pleins. Une situation traditionnelle à Rabat et à Casablanca où, à l’image de la Tour Hassan, du Hilton, les hôtels se sont résignés à ne plus compter sur la clientèle nationale. Pour cette occasion, les R’batis et les Casablancais préfèrent de loin les charmes de Marrakech au conformisme des deux capitales administrative et économique.
Une tendance bien comprise à Royal Mansour, où, pour la deuxième année consécutive, «rien n’est prévu pour le réveillon et pour la nuit de la Saint-Sylvestre», rappelle Mohamed Mekouar, directeur commercial. Dans une autre ville comme Fès, l’on pointe du doigt aussi la ville ocre. Le directeur général de Jnan Palace, Karim Sentissi, l’un des établissements cinq étoiles de la place, préfère relativiser : «N’oublions pas que le Marocain est un habitué de la dernière minute. Par conséquent, pour la nuit de fin d’année, les réservations tomberont tard. En ce qui nous concerne, nous sommes dans cette tendance». Dans cet établissement de la Sogatour, le tarif adopté pour le dîner de gala est de 850 dirhams, avec demi-vin et toast de minuit. Au Palais Jamai, le réseau de vente a déjà vendu la quasi-totalité des places sur la France. Pour réveillonner dans ce lieu prestigieux, il faudra compter 2.300 dirhams par personne.
D’autres hôteliers contactés disent être résignés à voir Marrakech ravir toute la clientèle, grâce à un programme d’animation bien étoffé, et une professionnalisation de l’offre.
Pourtant à Marrakech, les hôtels ne sont pas pleins. On est loin des cas de surbooking observés l’année dernière. Cette méforme s’explique, selon les spécialistes, par une approche commerciale trop spéculative et l’obligation du dîner de la Saint-Sylvestre.
 Alors que Venus cale, depuis quelques années, une nuitée pour la Saint-Sylvestre, entre 300 et 400 euros dans un hôtel respectable, nos hôteliers de Marrakech font dans la démesure à l’adresse des nationaux. La preuve, au Palmeraie Golf Palace, 5 nuits en BB (lit et petits déjeuners) coûtent 12 500 dirhams pour une personne avec, en prime, obligation pour le dîner de la Saint-Sylvestre. Le couple casablancais qui aspire à ce cadre doit, en cette occasion, se délester à forfait de 25 000 dirhams, hors boissons et repas.
Dans un restaurant branché comme le Bo-Zin, le dîner de la Saint-Sylvestre est vendu à partir de 1 300 dirhams. Toujours, aucune formule adaptée aux couples ou aux groupes, à croire que la fin d’année doit se fêter, comme au Tibet, en solo, dans une ferveur religieuse. Pour accéder à ce restaurant, le versement d’un acompte de 50% est obligatoire.
Face à cette surenchère, le Pacha, bien que peu clément sur les prix, paraît bon marché. Pour la soirée du 30 décembre, où le célèbre DJ parisien David Guetta, est invité, la palette des réservations démarre à 350 dirhams. Pour le 31 décembre, l’entrée de ce temple est à 750 dirhams la personne. Mais il faut réserver et payer d’avance au risque de casquer plus cher. A cause de la surenchère dans les prix, la plupart des nationaux préfèrent éviter les hôtels. Dans un club de vacances comme le Club Oasis, un couple avec deux enfants payent en All Inclusive (tout compris) 2 000 dirhams.
L’obligation du dîner de Saint-Sylvestre permet aux hôteliers, qui payent cher l’animation, de limiter le risque commercial, rappelle Sentissi. Mais pour la ville et le secteur touristique en entier, le manque à gagner est certain. A commencer chez les restaurants obligés de compter sur la clientèle occasionnelle pour faire le plein. «Rien n’est encore perdu », déclare-t-on du côté des autorités locales. En tout cas, la désaffection des hôtels, n’est pas liée au rehaussement du niveau de sécurité, visible à l’œil nu à l’approche de plusieurs hôtels. Dans le dernier classement des destinations les plus sûres, établi sur la base d’un sondage réalisé auprès des Français, le Maroc figure en tête devant des destinations comme Londres. Les hôteliers doivent donc chercher, ailleurs, les raisons de la mévente des packages de fin d’année.

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