ALM : La banque centrale a publié, récemment, sa dernière note mensuelle de conjoncture. On y relève un recul du besoin des banques en liquidités, de plus de 2 MMDH. S’agit-il d’un bon ou d’un mauvais signe?
Abdellatif Jouahri : Il s’agit, réellement, d’un retournement de situation au niveau des liquidités depuis l’année dernière, et ce, pratiquement depuis le mois de février dernier. D’abord, c’est l’explosion des crédits, ensuite, ce sont les banques qui, durant certains mois, ont pris des positions de couverture de change.
Cela a engendré des appels au niveau de la liquidité.
Ainsi, ce même retournement de situation a fait que, maintenant, c’est la banque centrale qui alimente les banques au titre des liquidités. Nous essayons, justement, de défendre le taux directeur de la banque centrale, de livrer les liquidités au taux de la banque centrale qui est de 3,25%. D’ailleurs, c’est dans cet ordre là, que nous mesurons, et discutons avec les trésoriers, que nous apprécions également les facteurs autonomes qui agissent sur les liquidités bancaires, pour fournir les liquidités en quantités suffisantes au secteur bancaire. Et c’est ici que réside le problème, et cette situation de sous-liquidité continue en 2008.
Certains rumeurs soutiennent que la banque centrale serait en train d’essayer de limiter une nouvelle fois les quotités de financement accordées en matière de crédits immobiliers, pour parer au sur-financement. Est-ce vrai ?
Pas du tout. Nous n’en avons pas les moyens, en ce sens que ce sont les banques qui créent la monnaie en première ligne.
Nous n’avons donc pas de financement sélectif pour dire que nous allons financer l’immobilier ou pas. Tout se fixe en fonction de la trésorerie de la banque vient solliciter les fonds commençant par le marché interbancaire avant de s’adresser à la banque centrale.
Nous mesurons, donc, le besoin global du système bancaire et nos répartissons ce que nous donnons en fonction, et proportionnellement, aux demandes formulées par le système bancaire.
Par contre, dans le cadre des relations et dans le cadre de l’appréciation des risques, en dehors de la trésorerie, je vous dirais
« Oui ». A ce moment là, nous recommandons, nous voyons s’il y a un risque de taux, s’il y a des financements à des conditions qui font déraper la banque ou qui peuvent lui causer des risques futurs, et ce, en concertation avec le groupement professionnel. Et quand nos missions sont sur place, elles rappellent de leur côté aussi, les banques à l’ordre.
Nous arrivons aux taux d’intérêt. Depuis fin 2007, il n’ y a pas eu de souscriptions sur certaines durées ce qui a fait que les taux relatifs à ces mêmes durées sont restés presque inchangés alors que sur des durées inférieures, les souscriptions ont été plus élevées, impactant de ce fait les taux d’intérêt. Quel commentaire en faites-vous ?
Notre politique monétaire et notre intervention sur le marché monétaire, nous ne les faisons pas en fonction de tel ou tel intervenant, même s’il s’agit de l’Etat lui –même. Nous ne sommes pas dans une logique de tracer notre politique monétaire pour arranger le Trésor ou une autre entité. Le Trésor intervient sur le marché monétaire au même titre que les autres intervenants.
Il y a une confrontation de l’offre et de la demande. Si les taux se tendent, et si les banques ont des utilisations plus intéressantes et plus rentables, elles le font. Et donc, nous travaillons actuellement avec le Trésor sur une gestion plus active de la trésorerie de l’Etat et de la trésorerie publique. D’ailleurs, nous avons mis en place des missions, nous avons vu ce qui se fait ailleurs, nous préparons précisément les structures et les moyens de manière à ce que le Trésor aussi gère de manière plus active sa trésorerie, parce qu’il arrive que l’on voit le Trésor sur le marché monétaire alors que le compte du Trésor auprès de Bank Al-Maghrib est très largement créditeur. C’est pourquoi il y a aussi tout un travail de gestion active de la trésorerie publique.
Nous avons parlé de dépenses et de recettes dans le cadre des finances publiques. Sur le volet des dépenses, que pensez-vous du fait que l’on trouve les dépenses de fonctionnement, puiser de plus en plus dans les dépenses de l’Etat ?
Cela n’est pas un phénomène né d’aujourd’hui. C’est un historique qui remonte déjà à quelques années. Il ne faut pas qu’on le mette uniquement sur le dos de ce gouvernement. C’est toutes les conséquences du dialogue social et de ce qui a été donné au titre de ce dialogue. Nous, ce que nous disons, c’est que dépenser, c’est normal, mais je dis à ces gens que tout ce qu’ils donnent à ce titre, c’est autrement dit, priver de ces sommes le volet de l’investissement, de l’infrastructure, etc. Par ailleurs, si nous sommes en train de faire des benchmarks internationaux, c’est justement pour cela. Attention. Le benchmark dans d’autres pays montre que la masse salariale publique représente 6 à 7% du PIB, mais pas 10%. Ce n’est pas chose aisée, mais il vaut mieux affronter la réalité pure et dure.
«La vision d’intégration maghrébine est moribonde » Lors d’une conférence de presse organisée, jeudi 28 février dans les locaux du siège d’Attijariwafa bank, cette banque annonçait le lancement de son master international baptisé «Banque et marchés financiers». |