Economie

Abdeslam Debbarh : «Nous n’avons pas encore exploité notre potentiel»

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ALM : Pensez-vous que le Maroc peut maintenir sa sécurité alimentaire avec la crise que connaît le marché international actuellement ?
Abdeslam Debbarh : Notre pays dispose d’une réserve de productivité qu’il est grand temps d’exploiter.
En effet, même quand certains organismes internationaux tenaient un discours appelant à l’approvisionnement à partir du marché international pour les produits de base (céréales, certains produits laitiers, huiles..), les ingénieurs agronomes ont toujours insisté sur la nécessité d’améliorer la production intérieure en étant conscients des marges de progrès dans ce domaine. L’érosion des stocks sur le marché international et la flambée des prix de ces produits viennent confirmer notre vision.

Est-ce que le Maroc peut réussir son auto-suffisance au niveau des céréales avec le plan Maroc Vert ?
Si nous adoptons une politique qui se traduit par un certain nombre d’actions sur le terrain pour mieux  valoriser les différentes zones agro pédologiques, nous pourrons améliorer notre productivité et satisfaire ainsi nos besoins. Et c’est ce que nous retenons du Plan Maroc Vert dont il est question aussi bien de l’agriculture dite traditionnelle que celle dite moderne, ainsi que de plusieurs filières animales et végétales.

Quelles sont, selon vous, les contraintes qui entravent l’amélioration de l’auto-suffisance alimentaire dans notre pays ?
Nous avons un climat méditerranéen du sud avec des variations intra et interannuelles dans le volume et la répartition des précipitations. La sécheresse est une donnée structurelle, mais pas une fatalité.
La politique des barrages doit être accompagnée par des mesures de mise en valeur agricole. Nous n’avons pas encore exploité le potentiel dont nous disposons aussi bien en zone «boure» qu’en irrigué et cela pour plusieurs raisons à la fois structurelles et fonctionnelles. Il y a énormément de terrains qui ne sont pas exploités soit pour des raisons de statuts, d’enclavement ou de manque de moyens…. Il y a aussi des terres qui sont mal exploitées et dont les rendements peuvent être meilleurs si elles bénéficient d’un certain nombre de mesures.
 
Comment peut-on dépasser cette situation ?
On peut dépasser cette situation par une meilleure valorisation du potentiel spécifique dont se caractérise chaque région. Dans ce cadre, je fais référence aux discours royaux surtout celui de 2004 où SM le Roi a mis le point sur la nécessité de lier les équipements hydro-agricoles à la mise en valeur et d’améliorer les productions agricoles tout en prenant en considération  les spécificités de  chaque type de sol … Il faut donc prendre des mesures d’orientation, d’organisation,  d’encadrement et d’évaluation pour pouvoir dépasser cette situation. C’est là qu’intervient le rôle des ingénieurs agronomes dans la diversité de leurs spécialisations. L’exploitation optimale du potentiel de l’agriculture de notre pays nécessite la mobilisation de tous les acteurs. Il faut assurer un encadrement adéquat même aux petits agriculteurs (plus de 74% des exploitants ont des terrains de moins de cinq hectares). Et ce, pour atteindre l’objectif d’une sécurité alimentaire et des revenus adéquats pour les agriculteurs.

Comment évaluez-vous la compétitivité des produits agricoles marocains ces dernières années ?
Les produits agricoles destinés à l’exportation ont connu un développement très important dans certaines régions, mais, il faut maintenir cette opportunité sur le marché international. Plusieurs restrictions sont imposées au Maroc au niveau de l’exportation de ces produits en raison de la concurrence que connaît le marché international. Je peux citer, à titre d’exemple, l’Espagne et le Portugal et d’autres pays européens et non européens qui ont commencé à concurrencer le Maroc dans le domaine agricole. Mais la seule chose qui peut garantir à notre production sa place est l’amélioration de sa qualité. 

Quel est l’impact de la facture énergétique sur le secteur agricole ?
Le facteur énergique est très important au niveau agricole, parce qu’on ne peut pas produire sans énergie. Tout dépend des économies que l’on fait au niveau de son utilisation et des niveaux de production qu’on réalise, donc de la valorisation de cette énergie. Et il y a des progrès à réaliser à ce niveau.

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