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Andzoa : 600 projets réalisés et plus de 1,22 MMDH investis dans l’arganeraie

© D.R

L’argan, arbre endémique du sud-ouest marocain, a été pendant des années au cœur d’un écosystème fragile. Les changements climatiques mettent à rude épreuve ce dernier rempart contre la désertification.

L’Agence nationale pour le développement des zones oasiennes et de l’arganier (Andzoa) a réalisé durant la période 2012-2017 plus de 590 projets d’un montant global de plus de 1,22  milliard de dirhams avec une contribution propre de l’Agence qui a dépassé 834 millions de dirhams au niveau de l’aire géographique de l’arganier. Ces interventions ont concerné prioritairement le financement de l’acquisition de transports scolaires, des ambulances, l’aménagement des locaux Dar Taliba, d’ouvrages de captage des eaux, ainsi que le désenclavement du rural par l’aménagement des pistes. Alors que les deux projets signés devant Sa Majesté le Roi en 2013 avancent à grands pas et qui prévoient à l’horizon 2020 deux programmes dont le premier est dédié à la réhabilitation de l’arganeraie sur 200.000 ha et le second à la réalisation de plantations modernes de l’arganier agricole sur 5.000 ha.  D’après un bilan de l’Andzoa, jusqu’à la fin du mois d’août dernier, 118.000 ha ont été réhabilités pour le premier, et plus de 3.536 ha sont en cours d’exécution pour le deuxième.

À l’instar de plusieurs pays, l’écosystème forestier au Maroc subit de nombreuses pressions. L’argan, arbre endémique du sud-ouest marocain, a été pendant des années au cœur d’un écosystème fragile. Les changements climatiques mettent à rude épreuve ce dernier rempart contre la désertification. L’engouement international pour son huile qui assure une autonomie financière à des milliers de Marocains s’est considérablement répercuté sur cet arbre mythique sujet à plusieurs défis et menaces.

C’est dans ce contexte que l’Andzoa a été créée en 2010 sous la tutelle du ministère de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts. Elle s’attelle depuis sa création à sauvegarder et à développer de manière intégrée les écosystèmes oasiens du Maroc.

Depuis cette date, celle-ci est en première ligne dans la bataille pour la préservation et l’extension de l’arganeraie au Maroc, une grande priorité a été donnée au reboisement comme axe important dans le processus de protection de cet arbre à travers des projets ambitieux.

Le programme mené par celle-ci est articulé autour de nombreux axes stratégiques censés mener à l’atteinte de tous les objectifs fondamentaux à l’horizon 2020. Tel est donc le délai fixé par les hautes instances de l’arganier. Pour atteindre les objectifs dans les temps impartis, la stratégie de développement des zones oasiennes et de l’arganier vise dans un premier temps l’émergence d’un pôle de compétences en recherche et développement intégré.


Ce pôle est spécialement dédié à l’arganier et permet de doter la filière de l’argan en infrastructures de proximité nécessaires ainsi qu’en compétences spécialisées en la matière pour promouvoir la recherche scientifique et la technique dans ce secteur. Ce pôle permet en outre l’élaboration et la concrétisation d’un programme de recherche entièrement dédié à la filière pluridisciplinaire de l’argan. Le deuxième axe de la stratégie de l’Andzoa vise un développement durable de la production et de la qualité tout en préservant l’arganeraie et ses ressources naturelles. Il est question d’exploiter raisonnablement les arganeraies et de moderniser la filière, d’améliorer les performances et d’inciter l’extension et le développement de pôles arganiers intensifs au niveau des zones clés. Selon cette stratégie, le développement de l’argan ne peut se faire qu’à travers la modernisation et l’organisation des maillons de la filière partant d’une organisation de l’amont productif de fruits de l’argan, la modernisation du maillon de la transformation, de la valorisation des produits et l’organisation des circuits de commercialisation et de distribution. La protection et la sauvegarde du patrimoine culturel, matériel et immatériel de l’argan constituent un enjeu majeur aux niveaux national et international.

«Pour atteindre les objectifs tracés par la stratégie de développement des zones oasiennes et de l’arganier qui se base sur le partenariat et la contractualisation l’agence a mis en place des instruments de travail pour mettre en œuvre des programmes et projets identifiés au cours de l’opérationnalisation de ladite stratégie. Ainsi, une procédure de passation de conventions de partenariat a été élaborée en concertation avec les principaux partenaires particulièrement le ministère de l’économie et des finances et celui de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts. Cette procédure a été adoptée lors du conseil d’administration de l’Andzoa tenu le 26 mars 2014. Elle concerne le partenariat à conclure avec les différents associés», souligne Abdellah Moukhlis, chef du département management des projets agricoles et environnementaux à l’Andzoa.

D’après ce dernier, en ce qui concerne les zones de l’arganier, la conservation et le développement durable de l’écosystème arganier constituent la finalité de la contractualisation des projets et programmes. C’est le cas de projets financés par le Fonds de développement rural et par les partenariats engagés contractualisés par la Direction de développement des zones de l’arganier (DDZA). Les projets mis en œuvre dans l’aire géographique de l’arganier concernent exclusivement les communes rurales défavorisées en vue de contribuer à améliorer l’accès aux services sociaux et infrastructures de base (routes rurales, électricité, santé, éducation…) au profit des populations rurales et promouvoir les activités et projets visant le développement local et la valorisation des produits du terroir.

Réhabilitation de l’arganeraie

La mise en œuvre du programme de réhabilitation a nécessité un grand travail, mené par l’Andzoa, de médiation sociale entre le HCEFLCD, les associations provinciales des ayants droit usagers de l’arganeraie et les populations bénéficiaires du programme. Ce travail de médiation et de concertation, porté par l’Andzoa, a abouti à l’intégration et la participation des bénéficiaires dans tout le processus d’identification et de mise en œuvre du programme de réhabilitation exécuté par les services des eaux et forêts. Cette réhabilitation est menée à travers la conduite technique d’un certain nombre d’actions dont notamment la régénération de l’arganier, la distribution de plants fruitiers et forestiers, et la compensation pour la mise en défens.

Les efforts déployés ces dernières années ont permis d’avancer dans la réalisation des objectifs fixés dans le contrat programme de la filière d’arganier. Ainsi 80% des périmètres réhabilités concernent les provinces d’Essaouira, de Taroudant, Tiznit, Agadir et Chtouka Ait Baha. Les financements mobilisés pour la réalisation de ce programme 2013-2017 se sont élevés à plus de 340 millions de dirhams.

Arganiculture

Dans le cadre de l’arganiculture, le Plan Maroc Vert a fixé des objectifs ambitieux pour le développement de la filière d’argan, et qui ont été soulignés dans le contrat programme signé à cet effet avec l’interprofession lors des Assises de l’arganiculture organisées le 26 avril 2011. Ce programme vise entre autres la domestication de l’arganier et la création des vergers d’arganier sur 5.000 ha d’ici 2020. D’ailleurs, le Maroc s’est engagé, dans son NDC (contributions déterminées au niveau national), à réduire ses émissions en gaz à effet de serre (GES) de 42% en 2030. Grâce aux mesures d’atténuation appropriée au niveau national, le chantier d’arganiculture, visant à planter 43.000 hectares de vergers d’arganier, est devenu une priorité nationale.

Projet Dared

Le projet Développement de l’arganiculture dans les zones vulnérables (Dared) piloté par l’Andzoa et lancé officiellement le mois de mars dernier a ainsi permis de doubler l’objectif fixé par le contrat programme pour passer à 10.000 ha de plantation d’arganiers hors domaine forestier à l’horizon 2022. Ce dernier vise à renforcer la résilience des communautés rurales et de la réserve de biosphère de l’arganeraie. En termes d’impact, il est prévu une amélioration de la production de fruit/ménage de 1,9 tonne à 5 tonnes au bout de la 10ème année, ce qui contribue à la réduction de la pauvreté rurale, notamment l’amélioration des conditions de vie de la femme rurale. 49,2 millions de dollars US est le coût global du projet Dared dont 9,9 millions au titre de la contribution nationale.

Le dahir du 4 mars 1925

Au niveau juridique, un dahir édité le 4 mars 1925 est toujours en vigueur et qui porte sur la protection et la délimitation des forêts d’arganier au Maroc. Selon Foughali Boubker, directeur provincial à Agadir du HCEFLCD, «le dessouchage de l’arganeraie dans le domaine forestier est une opération qui est considérée par la loi comme une infraction. Le défrichement est un délit qui fait l’objet de constatation et de PV. Généralement le HCEFLCD donne un avis défavorable pour les projets implantés dans les zones couvertes par l’arganeraie même pour les projets à caractère public. S’il y a un impact moindre ou en cas d’absence d’alternatives on pourrait exceptionnellement tolérer le défrichement d’un nombre d’arbres le plus faible que possible, à condition de les remplacer par la replantation de l’espace forestier. Généralement on demande un reboisement de cinq à dix fois de la superficie défrichée pour inciter les gens à estimer la valeur de l’arbre, et les inciter à trouver des solutions pour l’épargner».

En effet, les projets qui s’installent dans les zones de l’arganier sont créateurs d’emploi et de richesse, et contribuent au développement durable des populations avoisinantes.

La recherche scientifique n’est pas en reste, l’Andzoa offre des bourses de recherche au profit des étudiants. Idem pour les entreprises privées et des associations qui octroient également des bourses pour encourager les thèses de recherche sur l’arganier comme la Fondation du Sud et LafargeHolcim.

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