Economie

Artisanat : «Bientôt la couverture sociale pour les artisans»

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ALM : Votre livre «L’artisanat au Maroc» écrit en arabe vient d’être traduit en français, en espagnol et en anglais. Par ces traductions, chercheriez-vous uniquement à élargir votre éventail de lectorat ?
Abdelilah Kabbaj : C’est un but parmi tant d’autres, puisque jusqu’à présent, rares sont les écrivains, chercheurs et universitaires qui ont donné l’importance à ce secteur peu capitalistique et à fort potentiel d’emploi. Il s’agit d’un secteur très mal connu par beaucoup de jeunes, tant sur le plan artistique, social, économique que politique. Mon livre, qui est le fruit d’une recherche de plusieurs années, met en valeur le militantisme des artisans, la relation du secteur avec la culture, ses interférences avec l’agriculture et le tourisme. En d’autres termes, c’est l’histoire de l’artisanat depuis l’âge de pierre jusqu’aujourd’hui. Le livre, écrit initialement en arabe, a été traduit en anglais, en français et en espagnol sur la demande instante de beaucoup de connaisseurs et d’amis, tant nationaux qu’étrangers. Il fera l’objet d’un site Web pour servir de base de recherche pour les futures thèses et études sur la réalité et les potentialités de ce secteur.

La sortie de la traduction de votre livre coïncide avec le lancement de la nouvelle identité visuelle du département de l’Artisanat, lequel s’inscrit dans le cadre d’une campagne internationale pour la promotion du secteur. Estimez-vous que l’artisanat marocain n’est pas suffisamment connu à l’étranger ?
Il s’agit d’une heureuse coïncidence Néanmoins, mon livre coïncide beaucoup plus avec le 50ème anniversaire de l’Indépendance du Maroc. J’espère par mon modeste effort apporter un éclairage supplémentaire sur les réalités de ce secteur, ses faiblesses, ses hommes et femmes, ses potentialités et surtout sur le rôle joué par l’artisan pour l’Indépendance du Maroc, pour la préservation du patrimoine et de l’authenticité et sur l’impact du secteur sur les exportations. Les perspectives annoncées dans la nouvelle stratégie gouvernementale sont possibles à atteindre si les professionnels, leurs élus et le gouvernement coopèrent en toute sincérité  pour une production organisée, une qualité maîtrisée et un minimum de sérieux dans les délais de livraison et de respect des stratégies marketing et des approches des nouveaux marchés porteurs jusque-là négligés.

En tant qu’ancien président de la Fédération des Chambres d’artisanat, quel regard portez-vous aujourd’hui sur ce secteur ?
Le secteur se compose de trois branches : le secteur d’art, le deuxième utilitaire et le troisième de services. Les trois branches diffèrent les unes des autres. L’artisanat d’art est promis à un grand avenir compte tenu de la qualité des opérateurs qui y opèrent. Le boom touristique du Maroc fait que, avec un minimum de contrôle qualité-prix, tous les objectifs qu’a tracés le gouvernement peuvent être atteints à court terme. En ce qui concerne l’artisanat utilitaire (poterie, dinanderie, habillement et maroquinerie), il est, malheureusement, très concurrencé par l’imitation industrielle, les importations à bas prix et la levée des barrières douanières. S’agissant de l’artisanat de services, il y a une confusion totale. Certains opérateurs de ce secteur dépendent des Chambres de commerce, d’industrie, et d’autres des Chambres d’artisanat. D’où la nécessité pour le gouvernement d’arrêter une définition claire, nette et transparente de ce qu’est le vrai artisan. Ce qui induit le recensement officiel du corps artisanal,  ainsi que  l’établissement d’un code de l’artisanat et d’un registre national des artisans à la lumière de ce qui se pratique dans les autres pays. Le gouvernement saurait mieux de quels effectifs il parle, de combien d’opérateurs et d’employés il s’agit et de quelle stratégie retenir en matière de formation des futurs artisans. Le gouvernement pourra également mieux appréhender les besoins et les problèmes d’approvisionnement en matières premières, ainsi que la méthodologie à établir tant sur le plan de l’encadrement, que du financement, de la protection sociale, de la productivité ou de la concurrence internationale.

Pensez-vous que la promotion du secteur de l’artisanat pourrait s’obtenir sans prise en compte des conditions sociales de l’artisan ?
Suite aux Hautes directives de SM le Roi Mohammed VI, le gouvernement a fait de grands pas en avant pour une prise en main de ce secteur. Sur le plan social, j’ai appris qu’il allait annoncer, incessamment, un système de couverture sociale au profit des artisans et tenant compte des spécificités du secteur.

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