Economie

Assia Bensaleh Alaoui: «Notre organisme essaie de soutenir la coopération au sein des pays méditerranéens»

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ALM : Pourriez-vous nous dire quelles sont les spécificités des villes méditerranéennes ?

Assia Bensaleh Alaoui : Les villes c’est l’endroit idéal pour la connectivité, pour l’interaction et l’entreprise. Ce sont des leviers de développement extraordinaire, car elles sont prédestinées pour l’interaction entre les différents acteurs. Et cela donne la possibilité de mettre en relation des disciplines différentes qui vont créer la richesse. Aussi, ne faut-il pas oublier qu’à l’horizon 2030 les villes vont concentrer 80% de la population méditerranéenne et par conséquent nous avons intérêt à les organiser à contrecarrer la surpopulation en les structurant mieux et en essayant de retenir les jeunes dans les régions rurales et dans les petites villes qui se frayent également un chemin. C’est dans les villes également que nous retrouvons toutes les actions sociétales, la communication, les médias et les réseaux.

Mais il est important de souligner, par ailleurs, que certains problèmes entravent des fois le déroulement du processus, notamment  le déséquilibre profond entre les villes qui parfois sont sur le littoral et les autres villes qui sont parfois isolées à l’intérieur et l’arrière-pays et qui deviennent malheureusement des déserts économiques et humains. Par conséquent il est impératif de créer des liens entre les villes et leurs territoires pour pouvoir rééquilibrer le développement.

Comment l’urbanisme tisse-t-il des liens avec le développement économique ?

L’alliance entre croissance des villes et industrialisation, qui a caractérisé l’explosion de l’urbanisation depuis le XIXème siècle a cédé le pas, au fil des décennies, à des villes de services et de consommation. Longtemps espaces de chaos, attirant les ruraux pauvres, en particulier dans le Sud,  les villes apparaissent désormais comme les éléments clefs de la croissance économique. Mais tout cela ne doit pas se faire au prix de la ruralité qu’il faut investir pour insuffler la vie dans nos régions rurales.

Du haut de votre statut de co-présidente de l’Office de coopération économique pour la Méditerranée et l’Orient (OCEMO), comment peut-on promouvoir davantage, selon vous, le dialogue inter-économique méditerranéen ?

Un grand nombre d’organismes, d’organisations et d’institutions régionales milite dans ce sens, notamment l’Union pour la Méditerranée qui tend à promouvoir des projets en commun pour les différents pays.
Quant aux Chambres de commerce, c’est aussi leur vocation, sans oublier l’Assemblée parlementaire euro-méditerranéenne qui milite dans ce sens. A côté de toutes ces institutions, il y a de petits organismes comme le nôtre qui essaient de soutenir la coopération au sein des pays méditerranéens. Nous agissons donc comme un réseau des réseaux mais en même temps nous avons des programmes spécifiques pour les régions et les pays méditerranéens comme le programme Méditerranée Nouvelle Chance (MedNC) qui promeut l’employabilité des jeunes. Il s’adresse principalement aux jeunes qui ont décroché de l’école et que nous appelons les décrocheurs et aux diplômés chômeurs. Donc ce que nous nous faisons c’est que nous organisons avec nos partenaires marocains pour prendre en charge la formation de ces jeunes afin qu’ils deviennent employables. Nous avons également un autre programme JEY qui s’intéresse à la création d’entreprises pour toute jeune personne ayant un projet mais ne disposant pas de moyens financiers pour le concrétiser. Par le biais de ce programme, nos partenariats avec les différentes entreprises aideront les jeunes à mettre le pied à l’étrier en leur assurant des formations et des conseils.

Dans la zone méditerranéenne, combien d’accords et de jumelages entretient le Maroc ?

Ils sont légion. Nous nouons des accords avec toute l’Europe du Sud. Quant aux jumelages nous avons des villes qui sont jumelées avec leurs homologues européennes et des villes méditerranéennes. Je cite par exemple la ville de Fès qui est jumelée avec Lille et Florence. Les jumelages que le Maroc entretient remontent à une quarantaine d’années et c’est un moyen important pour encourager les échanges entre les villes et échanger surtout les «Best Practices».

Quelles sont les difficultés qui peuvent être rencontrées dans la mise en place de grands projets de développement urbain ?

Il y a tout d’abord la problématique de l’infrastructure, de la fourniture des services fondamentaux, à savoir l’eau, l’électricité, l’assainissement et le transport pour ne citer que ceux-là. Tous ces services urbains sont une obligation mais ils sont en même temps d’une très grande complexité parce que les villes sont en train de vivre une mutation. L’étalement de certaines villes absorbe les quartiers avoisinants et cela pourrait créer des problèmes liés au transport et à la mobilité, ce qui provoquerait à coup sûr une cherté.

Comment accompagner les nouveaux acteurs économiques et les faire intégrer dans les programmes de coopération territoriale ?

L’ambition du Maroc est de pousser l’initiative et d’encourager le secteur privé à prendre en charge le développement économique du pays. L’Etat ayant lui l’obligation de fournir à la fois l’encadrement législatif et réglementaire et de créer un climat d’investissement et d’affaires qui soit propice. L’Etat reste bien entendu l’investisseur dans certains domaines stratégiques où le privé ne veut pas s’aventurer, soit à cause de la lourdeur de l’investissement soit par peur de rentabilité. Je rappelle donc que la vocation de l’Etat n’est pas d’être un Etat entrepreneur mais plutôt d’être un état facilitateur et accompagnateur qui crée toutes les conditions pour que justement l’entreprise privée puisse s’épanouir.

L’OCEMO co-organise la première édition du prix EDILE. Quel en est l’intérêt?

Le lancement officiel du label EDILE a pour but de récompenser des projets pilotes. Il s’agit du premier label méditerranéen visant à maximiser les impacts locaux positifs des projets d’investissement, selon des axes transverses aux niveaux économique, social, environnemental et communautaire. En phase avec la norme internationale RSE ISO 26000 ou encore les Objectifs développement durable des Nations Unies (ODD), il a pour but de créer un processus d’apprentissage incitant les porteurs de projets à mieux prendre en compte leurs impacts locaux et transformer les éventuels obstacles en opportunités.

L’attribution du label permet aussi de valoriser la démarche d’amélioration continue du projet d’investissement en donnant accès à différents niveaux de privilèges : visibilité et image de marque, club et communauté d’investisseurs, plate-forme de ressources en ligne, formations et d’autres avantages auprès des administrations et de bailleurs.

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