Economie

«ÃŠtre Big Brother devient difficile»

© D.R

Aujourd’hui Le Maroc : A la veille des assises du tourisme, la libéralisation du ciel marocain est l’un des dossiers attendus. Quel est votre regard sur ce sujet ?
Jean-Robet Reznik : Bien évidemment, la libéralisation aérienne doit être assortie d’un développement et d’une consolidation de l’opérateur national. Il faut que la compagnie nationale soit assez forte pour que la libéralisation soit réussie. Les chantres du charter à tout prix risquent de déchanter. Rien n’oblige un charter, après deux à trois années de desserte d’une destination d’y renoncer. Donc, il faut créer les circuits touristiques, la fidélité, et les bons produits de nature à fixer le charter aussi. Mais ne pas avoir un instrument au niveau national reste un handicap. À titre d’exemple, la destination Marrakech; si elle connaît un tel succès, c’est grâce à l’effort de la RAM. Toutefois, on ne peut pas tout demander à la compagnie nationale. Je pense qu’on est en train de prendre le chemin au Maroc. Un chemin sain et mensuré. Entre les équipes de la RAM, le ministère du Tourisme et les Tour Operators, le travail commence à apporter ses fruits. Regardez le résultat avec Corsair sur la destination Fès. De même, souvenez vous de la destination Agadir d’il y a quelques années. À l’époque, il suffisait qu’on ait des lits pour que les transporteurs suivent systématiquement. Aujourd’hui, cet automatisme n’est plus aussi évident. Le métier s’est compliqué. Il y a plusieurs intervenants. À titre d’exemple, TUI intègre verticalement. Ils se sont aperçus que les Français préfèrent les marchés qui parlent leur langue. De même pour nous en Allemagne. Nous sommes devenu le 1er hôtelier en Allemagne avant d’avoir de la clientèle allemande. Actuellement, les nouvelles alliances se font sur des bases réalistes. On ne peut pas être premier partout. On peut faire de l’intégration verticale là où on est fort. Quelle que soit sa force, Big Brother devient difficile.
L’autre dossier est le volet financement. Quelles sont les recettes appliquées ailleurs, que le Maroc devrait mettre en pratique ?
Je vous trouve un peu dure avec les financiers marocains. Ils ne sont pas obligés de financer n’importe qui. Ils ont payé pour l’apprendre. Les finances, y compris publiques, ont appris à leurs dépens que financer n’importe qui, à n’importe quel prix, peut être dommageable. Aujourd’hui, il ne faut pas dire qu’ils ne financent pas, mais ils sont plus sélectifs. Regardez notre dernière sortie avec les ORA de Risma. Comme vous le savez, nous avons investi via Risma aux côtés de nos partenaires, 200 millions d’euro dont 100 millions en fonds propres. Quelque 22 hôtels et 4 en construction en sont le résultat. Mais il n’y a pas que nous. La CDG est en train de faire un travail remarquable. Maintenant, l’analyse est plus poussée avant de financer. Il n’y a pas pire que quelqu’un qui s’improvise hôtelier, sans respecter les critères de base. En face, il faut reconnaître que les financiers ne sont pas formés. Ils le deviennent actuellement avec les professionnels et la fédération. Avec de bons projets, une bonne organisation, les financements suivent systématiquement.
Comment jugez-vous la promotion du produit Maroc ?
Un argument simple gagne à être mis en pratique. Régulièrement, on fait de la publicité à la télévision ou sur les murs des grandes capitales. En général, tous en même temps, au mois de mars. Il y a un numéro de téléphone, souvent saturé et, le plus souvent, personne ne répond. Tout le monde est satisfait et se gargarise à l’énoncé de son pays. Par contre, mettre sur les vitrines des agences de voyage des étiquettes et des prix a un avantage incomparable. Les vitrines sont généralement bien placées. Nous sommes les meilleurs billboard. Il y a toujours quelqu’un derrière le comptoir pour répondre et renseigner le client. Nous l’avons dit et le ministre du Tourisme du Maroc était le premier à réagir. Son homologue tunisien est en train de suivre. Il y a eu une action concertée entre nous, la RAM et le ministère, dans ce sens. Sur un autre volet, nous l’avons dit, et nous continuerons à le dire, une destination donnée gagne à être mieux accompagnée. Pour exemple, Essaouira a tous les atouts pour devenir le St-Tropez du Maroc. Nous avons investi. Maintenant, il faut mettre des avions.

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