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Atlantic Dialogues : Les principaux enjeux du bassin atlantique décortiqués

© D.R

Après trois jours d’intenses débats, les travaux du désormais traditionnel rendez-vous des élites politiques mondiales «Atlantic Dialogues» ont pris fin samedi 15 décembre 2018, à La Mamounia.

L’avenir de l’Otan, l’OMC face au protectionnisme, le financement climatique, le populisme, la migration, 10 ans après la crise financière, la nécessité d’un nouveau contrat social dans l’ère du numérique, ou encore le rôle de la culture… autant de questions qui ont été décryptées au fil des interventions. Tout au long de ces échanges, des personnalités de haut niveau se sont succédé à la salle de conférences du mythique palace afin d’apporter des réponses aux principaux enjeux du bassin atlantique. Organisée par OCP Policy Center for the New South, cette rencontre a traité les points de blocage qui risquent d’avoir un impact sur le futur de cette partie du monde.  Surmonter ces «choke points» a été par conséquent le fil conducteur entre les différents panels.  Rétrospective des faits ayant marqué cette édition.

Menaces sur l’Alliance atlantique

Parmi les thématiques cruciales discutées lors de cette rencontre, celle de l’avenir de l’Otan. Au moment où l’on assiste à un changement de l’ordre géopolitique, cette organisation est confrontée à une multitude de défis. En effet, une menace interne pèse sur l’Otan, à en croire les experts intervenants du panel consacré à l’avenir de cette structure. «S’il y a bien un risque sur l’Otan, il vient des Etats-Unis, qui menacent de se retirer de l’Alliance pour des raisons budgétaires», affirme Ahmedou Ould Abdallah, ancien représentant du secrétaire général des Nations Unies au Burundi, Afrique de l’Ouest et Somalie et ancien ministre des affaires étrangères de Mauritanie.

Pour sa part, J. Peter Pham, envoyé spécial des Etats-Unis pour la région des Grands Lacs en Afrique, a relevé les évolutions sécuritaires et l’environnement politique auxquels devraient s’adapter l’Otan. Pour lui la légitimité populaire est nécessaire dans la mesure où les électeurs américains se posent des questions sur les dépenses engagées dans cette alliance.  Vue d’Europe, une armée européenne n’est pas à exclure. Une idée que Joao Vale Almeida, ambassadeur en chef de la délégation de l’Union européenne aux Nations Unies, développe : «Le traité de Lisbonne stipule que l’Otan est le garant de la sécurité européenne. Cela ne risque pas de changer. Il n’y a pas pour l’instant de plan pour créer une armée européenne». Et d’ajouter que «nous ne voulons pas concurrencer l’Otan. Mais au lieu d’avoir 28 marchés de défense, nous voulons en créer un».

Mieux gérer la migration

La migration revient plus que jamais à l’ordre du jour. Quelques jours seulement après l’adoption du Pacte sur la migration à Marrakech, ce phénomène a été décrypté lors du panel dédié à la migration. Pour Mounia Boucetta, secrétaire d’Etat auprès du ministère des affaires étrangères, «le Maroc a adopté une politique de la migration en 2013 qui nous a permis de promouvoir la migration régulière. Cela permet aussi de préserver la dignité des migrants et de contribuer au développement des pays d’accueil». De son côté, Maria Teresa Fernandez de la Vega, présidente de The Women for Africa Foundation, lie la migration à la montée des inégalités dans le monde. Pour elle, «il faut que l’Europe s’implique davantage pour établir une coopération humanitaire, égalitaire et digne».

Pour Birame Diop, chef d’état-major particulier du président de la République sénégalaise, il faut comprendre les vraies raisons qui poussent les migrants au départ pour apporter des solutions adéquates. Quant à Abdoulah Coulibaly, président de la Bamako Forum Foundation (Mali), les problématiques de développement sont réelles, mais les gens partent aussi pour fuir l’injustice.

Financement du climat dans le sud

Autre préoccupation majeure dans cette région du monde, celle d’assurer le financement climatique. Pour Josefa Sacko, commissaire à l’économie rurale et l’agriculture à la Commission de l’Union africaine, les pays du Nord doivent se conformer aux obligations sur lesquelles ils sont engagés à Paris ajoutant que certains pays en Afrique consacrent déjà 3% de leur PIB à l’adaptation au changement climatique, alors que le continent n’est responsable qu’à hauteur de 4% du réchauffement de la planète. Pour R. Andreas Kraemer, fondateur et président de l’Institut écologique (Allemagne), les fonds disponibles en 2017 se chiffrent à 500 milliards de dollars, ce qui est loin d’être suffisant. Il estime que le financement climatique augmentera dans les années à venir en dépit des crises et des engagements qui changent.

Emerging leaders : La relève est assurée

A la clôture de cet événement, de jeunes leaders ont été invités à participer au dernier panel. Ils sont catalyseurs du changement. Venant du Maroc, du Brésil, du Canada, du Nigeria ou encore de l’Ethiopie, ces jeunes ont insisté sur la nécessité pour les grands décideurs d’écouter la voix des jeunes.

Après avoir assisté à différents ateliers en prélude des Atlantic Dialogues, ces leaders ont pu échanger avec l’audience sur des questions sociales, économiques et culturelles et apporter leur point de vue sur les différentes thématiques abordées.

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Politique étrangère de Donald Trump : Madeleine Albright exprime son inquiétude

Présente lors du panel consacré au populisme, Madeleine Albright, ancienne secrétaire d’Etat des USA, a mis l’accent sur la mondialisation comme étant une arme à double tranchant, qu’on ne peut pas identifier clairement ni arriver à en cerner les facettes. Pour elle, le débat doit être élargi aux entreprises publiques et privées mais aussi aux ONG. «Ces acteurs, surtout les entreprises, sont les principaux conducteurs de la mondialisation, une force irréversible qui malheureusement divise les nations et risque parfois de dégénérer en des tensions», précise-t-elle.

Madeline Albright a également partagé son sentiment d’inquiétude par rapport à la politique étrangère de Donald Trump et du retrait des Etats-Unis des débats qui agitent le monde. «Comment un pays tel les Etats-Unis peut-il se replier et libérer cet espace à l’échelle internationale qui va être certainement comblé par d’autres nations ?», s’interroge l’ancienne secrétaire d’Etat. «L’Amérique est amenée à jouer un rôle dans ce sens et ne pas se positionner en simple gendarme du monde. Un équilibre doit être trouvé entre la position de retrait négatif et celle du gendarme», indique-t-elle.

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