Economie

Autant en emportent les cyclones

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Les cyclones, du grec “kuklos” (cercle) sont de grands mouvements d’air humide. Ils s’effectuent selon une énorme spirale, de diamètre allant de 500 à 1000 km, tournant à des vitesses très élevées, de l’ordre de 300 km/h, autour d’un centre lui-même mobile sur une trajectoire souvent imprévisible. Leur durée de vie est de l’ordre de dix jours. On les appelle ouragans ou typhons suivant qu’ils passent au Nord de l’Atlantique ou à l’Ouest du Pacifique. Les tempêtes de vent qui les accompagnent, donnent naissance au large des côtes à des vagues pouvant atteindre 18 m de haut.
Les tornades, ou trombes, sont de petits tourbillons de moins de 1 km de diamètre à la base. Leur durée de vie ne dépasse pas quelques heures. La création d’un cyclone nécessite une grande quantité d’eau chaude pour produire de la vapeur. Voilà pourquoi ils prennent naissance exclusivement dans les mers tropicales. Ainsi, la température de l’eau doit dépasser 26°C, sur une surface équivalente à celle du Maghreb et sur une couche de plusieurs dizaines de mètres de profondeur. C’est le cas, d’août à octobre dans l’hémisphère Nord, et d’avril à novembre dans l’hémisphère Sud. Les cyclones ne peuvent donc pas se produire au Maroc : en Méditerranée la température varie en surface, de 12°C en hiver à 22°C en été, et à Casablanca, le relevé des températures mensuelles de l’eau de mer fait apparaître une moyenne de 17°C en décembre contre 23°C au mois d’août ; les enregistrements sont effectués à 2 m de profondeur.
En quelque sorte, les cyclones jouent le rôle d’une soupape de cocotte, évitant la surchauffe des mers tropicales. C’est là leur principal bienfait. Ils agissent comme de gigantesques pompes à chaleur. L’eau chaude, convertie en vapeur d’eau, forme des nuages en altitude, qui se refroidissent et crèvent en déluge; chaque mètre carré, dans un rayon de 200 km autour de l’œil, reçoit 10 cm d’eau. Les calories libérées se redistribuent via la circulation atmosphérique vers les latitudes plus froides. Ainsi, à peine 3 % de l’énergie libérée par le cyclone sert à assurer son fonctionnement. Tout le reste, soit 97 %, se disperse en chaleur. En rencontrant la terre, les cyclones s’effondrent car leur moteur thermique, vu l’absence d’eau chaude, ne peut plus fonctionner. Un nom est affecté à toute tempête tropicale. Les noms sont tirés de listes préétablies et régulièrement actualisées par les centres météorologiques régionaux. Mais à chaque région sa règle : par exemple, sur l’Atlantique Nord et le Pacifique Nord-Est, six listes alphabétiques annuelles servent de façon cyclique, et le premier cyclone de chaque année porte toujours un nom commençant par la lettre A. Cette renumérotation annuelle n’existe pas pour les typhons du Pacifique Nord-Ouest et en mer d’Arabie dans le golfe du Bengale ; ils ne portent qu’un numéro.
Pour la petite histoire, il faut savoir que l’on a commencé, au début du XXème  siècle, à identifier les cyclones pour faciliter la communication entre les météorologistes. Le nom de l’ouragan était alors formé de l’année où la tempête survenait, suivi d’une lettre ; par exemple 1920 A ou 1920 B. Mais, pendant la Seconde Guerre mondiale, les soldats nommèrent les cyclones en utilisant des prénoms de jeunes filles. Il y eut réclamations. En 1978, tous les pays du monde adoptèrent une convention pour que l’on donne tour à tour des noms féminins et masculins aux cyclones en respectant l’ordre alphabétique. L’expérience montre en effet que dans les communications écrites et parlées, les noms, tant masculins que féminins, sont plus courts, plus rapides et causent moins d’erreurs que tout autre type d’identifications utilisées jusqu’à lors. Le cyclone Tip, apparu en octobre 1979, à l’Est des Philippines, est de mémoire d’homme, le plus gros. Il possédait un diamètre actif de 2 200 km au centre duquel régnait la plus forte dépression jamais enregistrée, soit 870 hectopascals.
Les vents les plus forts ont été engendrés par Allen survenu en août 1980 dans le golfe du Mexique ; ils soufflaient, en son cœur, à 320 km/h. Enfin, l’énergie libérée chaque seconde au cœur d’un cyclone peut atteindre l’équivalent de cinq bombes atomiques de type Hiroshima ou, ce qui revient au même, celui de 5 000 centrales nucléaires fonctionnant à plein régime, soit 5 000 gigas watts. Ces estimations de la puissance des cyclones sont obtenues en les assimilant à des machines thermiques. Leur force, c’est-à-dire l’intensité des vents et la valeur de la dépression, dépend essentiellement de l’écart de température entre la source chaude, ici la surface de l’océan, et la source froide (- 70°C), située à quinze kilomètres d’altitude.
Par ailleurs, indépendamment de ces catastrophes spectaculaires, l’océan libère par temps calme une quantité considérable d’énergie, dite houille bleue, dont la domestication est toujours à l’ordre du jour.
A titre de comparaison, la puissance des marées mondiales est estimée à 3 000 giga- watts, dont un tiers est dépensé le long des côtes. L’énergie est devenue tellement précieuse que nous ne pouvons continuer à ignorer indéfiniment cette ressource dont l’avantage majeur est de ne pas être fossile, c’est-à-dire, pratiquement inépuisable.

Par Najib Cherfaoui
Ingénieur des Ponts et Chaussées

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