Nous avions reçu, au printemps dernier, une immense clameur de satisfaction de la part de beaucoup de propriétaires de maisons d’hôtes à Marrakech, Fès et Essaouira, soulagés de voir enfin la procédure de classement en route. L’initiative, tambourinait-on du côté de Jamaa El Fna, était bonne. «Enfin on va séparer le bon grain de l’ivraie», scandait-on depuis Bab Boujloud. Au passage, on tressait une couronne à tel ou tel élu.
Partout où ils passaient, les fonctionnaires du ministère étaient loués. Encensés pour leurs facultés d’adaptation, portés aux nues pour leur approche, eux qui n’ont eu que quelques jours pour être formés à ce travail de classement.
Bref, jusqu’à mercredi dernier, l’euphorie régnait dans les médinas. Jusqu’à cette fameuse note, postée dit-on, non du Trésor, mais de la municipalité de Marrakech et sommant les maisons d’hôtes à s’acquitter désormais des taxes sur les boissons ! Véritable retournement de situation. Les élus en prennent pour leur image au passage. Ceux parmi les propriétaires qui ont une bonne mémoire, commencent à se rappeler soudain des méthodes musclées de quelques fonctionnaires, qui visiblement n’ont pas encore compris la notion de «soutien à investisseur étranger».
La manière dont ces taxes ont été adressées est peut-être hâtive, mais elle n’en précise pas moins qu’une maison d’hôtes de première catégorie (tant pis pour ceux qui ont fait des pieds et des mains pour être classés comme tels) doit payer à cette municipalité environ 7 000 dirhams. Et 4 000 dirhams pour ceux qui sont dans la catégorie inférieure.
Précision ne nous a pas encore été fournie concernant les maisons d’hôtes non classées. Toujours est-il que la décision reste discutable aux yeux des propriétaires qui craignent que la sortie municipale ne soit qu’un signe annonciateur d’un plat de résistance qui tomberait du fisc d’un moment à l’autre.
La mesure qui ne concerne pour le moment que Marrakech a eu des remous jusqu’à Fès, pour le grand bonheur, dans une ville comme dans l’autre, des restaurateurs et des hôtels de luxe. Ceux-ci accusaient les maisons d’hôtes, chacun en ce qui le concerne, de les concurrencer et de ne pas s’acquitter du fisc.
Seront-ils les premiers à applaudir cette sorte d’équité fiscale ?