Economie

Banacer Himmi : «Le commerce équitable est une opportunité de développement»

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ALM : Quelle opportunité offre le commerce équitable pour le développement de l’économie marocaine?
Banacer Himmi : Le commerce équitable est un concept récent et encore peu exploré au niveau international. La création en 2004 du premier organisme de commerce équitable au Maroc, (PMCE) est signe de la volonté des Marocains de construire un Maroc nouveau dans le respect des traditions, de la culture et de la population. Dans notre pays, des dispositifs comme l’INDH, la Charte nationale de l’environnement et du développement durable, le Maroc Vert ainsi que toutes autres politiques et stratégie sociales doivent pouvoir devenir des promoteurs du commerce équitable. En attendant plus de recul pour évaluer l’impact économique du commerce équitable au Maroc, les richesses nationales en ressources naturelles et en produits de terroir et leur valorisation par ce type de commerce solidaire est une grande opportunité et une autre alternative pour le développement de l’économie marocaine.

Quel rôle joue-t-il dans le développement des structures d’appui à la commercialisation?
Le secteur des coopératives et des activités génératrices de revenus au Maroc a connu un développement considérable ces dernières années, aussi bien sur le plan qualitatif que sur le plan quantitatif. Cependant, la majorité de ces activités de production au Maroc souffre du problème de commercialisation de ses produits lié entre autres à leur enclavement, à l’absence d’une stratégie de marketing, et quantité et qualité du produit. Cette situation profite pleinement aux intermédiaires qui acquièrent ces produits (tapis, broderie, sculpture, huiles…) à des prix dérisoires pour les revendre par la suite en s’accaparant de grandes marges bénéficiaires. Il est donc question de revaloriser ces produits par le biais de leur organisation dans des structures de commercialisation équitables et solidaires. Le commerce équitable est une opportunité pour le développement de relations commerciales durables à travers entre autre la création de structures d’appui, chose qui pourrait apporter des solutions et réponses concrètes au problème de commercialisation notamment aux producteurs marginalisés économiquement et géographiquement. Dans ce cadre, les producteurs membres de la PMCE ont montré un intérêt particulier à l’agrégation de leurs productions ainsi qu’à la création de consortiums à l’exportation et de points de vente dans les centres commerciaux des grandes villes marocaines, comme moyens d’accompagnement du développement de la production et d’intégration dans les circuits du commerce équitable et solidaire.

Quel bilan faites-vous des actions de la PMCE ?
Outre l’apport technique qu’elle propose par le développement des filières marocaines du commerce équitable (CE) à travers à l’accompagnement de plusieurs producteurs, la PMCE est également un lieu de rencontres et d’échanges entre les acteurs marocains et étrangers, permettant ainsi un enrichissement mutuel. Cette dynamique a poussé actuellement des acteurs étatiques, en concertation avec les acteurs associatifs du «CE» à lancer un travail sur les aspects relatifs à la réglementation et la création de label Commerce équitable au Maroc. En attendant, la PMCE a élaboré une charte qui intègre une définition marocaine du commerce équitable et les engagements et valeurs partagés par ses membres. D’ailleurs, certains acteurs du commerce équitable au Maroc qui sont basés à l’étranger et membres de la PMCE opèrent et apportent aussi un appui aux petits producteurs en respectant la charte de la PMCE. Le développement de partenariats avec plusieurs structures (administration, universités, agence de coopération et ONG) et la réalisation d’études et de recherches sur le commerce équitable est un autre domaine d’intervention de la PMCE. Actuellement, nous travaillons sur le développement de structures d’appui à la commercialisation équitable et durable en plus de notre ouverture internationale dans le cadre de la coopération Sud-Sud.

Quelle serait votre feuille de route pour les années à venir?
La PMCE va continuer le rayonnement du commerce équitable dans notre pays dans le cadre du renforcement des acquis et l’exploration de nouvelles pistes de travail. Notre objectif est que l’impact du commerce équitable occupe une place importante, notamment sur le plan économique et social. Le commerce équitable devrait atteindre les 10% pour certains produits agricoles et agroalimentaires par rapport au commerce conventionnel. Nous voulons au sein de la PMCE que le commerce équitable devienne un solide maillon du développement durable dans notre pays, développement que nous ne faisons pas qu’espérer mais auquel nous travaillons en tant que des citoyens responsables et engagés.

Quelle position occupe la PMCE pour l’africanisation de ses actions et le renforcement de la coopération Sud-Sud ?
Lors de la participation de la PMCE au Forum social mondial (FSM) qui a eu lieu à Dakar en février dernier, elle a contribué à l’animation de plusieurs ateliers sur le commerce équitable à côté d’autres acteurs y compris africains et de l’Amérique Latine. Ces derniers acteurs du Sud avec la PMCE se sont engagés à travers une déclaration et un appel de Dakar sur la nécessité de renforcer la collaboration entre différentes organisations et plate-formes africaines et du Sud du commerce équitable, à développer un concept du commerce équitable adapté aux réalités et contexte africains et à œuvrer à sa reconnaissance au niveau international, et à la promotion de systèmes de garantie participatifs alternatifs adaptés aux contextes et aux réalités des acteurs géographiquement et économiquement désavantagés. Concrètement et suite à l’accord du FSM, des initiatives entre la PMCE et le Groupe africain du commerce équitable (GACE) sont en cours en vue de créer une plate-forme africaine du commerce équitable.


 Les finalités du commerce équitable

Le commerce équitable recouvre trois dimensions complémentaires et indissociables. Il s’agit de la dimension socio-économique des échanges commerciaux équilibrés, la dimension éducative et la dimension politique. Par ailleurs, le commerce équitable répond à plusieurs objectifs . Il vise à assurer une juste rémunération du travail des producteurs et artisans les plus défavorisés, à garantir le respect des droits fondamentaux des personnes, à instaurer des relations durables entre partenaires économiques et à proposer aux consommateurs des produits de qualité. Les systèmes de garanties internationaux et nationaux sont, soit sous forme de labels permettant de certifier de la provenance des produits, de la production à la distribution, soit sous forme de chartes ou cahiers des charges élaborés et vérifiés par les acteurs du commerce équitable eux mêmes. L’objectif est de veiller au respect des règles et valeurs du commerce équitable.

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