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Bank Al-Maghrib / 2016 : Jouahri peu confiant…

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Si les pronostics de croissance pour l’année 2015 s’accordent sur une hausse à 4,5% tirée par une valeur ajoutée agricole en forte hausse, il n’en sera pas autant pour 2016. C’est ce qui se dégage du conseil de Bank Al-Maghrib qui a tenu sa dernière réunion trimestrielle de 2015, du mardi 22 décembre, à Rabat.

En effet, la banque centrale a revu à la baisse ses perspectives de croissance pour 2016 à 2,1%, avec une décélération de sa composante non agricole à 2,7% et une contraction de la valeur ajoutée agricole de 4,3% sous l’hypothèse d’une production céréalière moyenne. De même, sur le marché du travail, le conseil a indiqué qu’en dépit d’une baisse de 0,3 point du taux d’activité au troisième trimestre, le taux de chômage s’est accru de 0,5 point à 10,1%, reflétant une création limitée de 41.000 postes d’emploi. En ce sens, au total, l’output-gap non agricole ressort en 2015 toujours négatif et devrait le rester à moyen terme, indiquant ainsi l’absence de pressions inflationnistes émanant de la demande.

Comptes extérieurs : Léger mieux…

S’agissant des comptes extérieurs, Bank Al-Maghrib indique que la situation continue de s’améliorer,  le déficit de la balance commerciale s’étant atténué de 19,7% en glissement annuel à fin novembre. Une évolution qui, d’après la banque centrale, serait le résultat d’un fléchissement de 29% de la facture énergétique et des hausses de 18,5% des expéditions du secteur automobile et de 20,6% des exportations de phosphates et dérivés, en particulier. Pour leur part, les transferts des MRE auraient progressé de 3,6%, à 56,7 milliards DH, tandis que les recettes de voyages ressortent en léger recul de 0,9%, à 54,7 milliards DH. Tenant compte de ces évolutions, et sur la base d’un prix moyen du pétrole de 52,5 dollars en 2015 et de 51,4 dollars en 2016 et d’entrées en dons du CCG de 4 milliards de dirhams en 2015 et de 13 milliards DH en 2016, le conseil de Bank Al-Maghrib table sur un déficit du compte courant à 2,2% du PIB en 2015 et de 1% en 2016.
 

Finances publiques : On y voit plus clair…

En 2015, au niveau des finances publiques, Bank Al-Maghrib a relevé que les dépenses ordinaires ont diminué de 6,7%, résultat essentiellement d’une baisse de 59,1%, de la charge de compensation à 12,8 milliards DH, alors que l’investissement a augmenté de 1,8%, à 47,1 milliards de dirhams. En parallèle, les recettes ordinaires ont reculé de 2,5%, reflétant principalement une baisse des dons des partenaires du CCG à près de 2 milliards de dirhams à fin novembre contre 10,7 milliards DH sur la même période en 2014.

En revanche, la banque centrale note que les recettes fiscales se sont améliorées de 2,3%, recouvrant notamment un accroissement de 9,3% du produit de l’IR et un recul de 2,4% de celui de l’IS. Au total, le déficit hors privatisation s’est établi à 37,8 milliards DH, en repli de 12,4 milliards DH par rapport à la même période de 2014. Dans ces conditions, le déficit budgétaire ressortirait en ligne avec l’objectif de 4,3% du PIB à fin 2015 et devrait, selon le projet de loi de Finances, baisser davantage pour se situer à 3,5% du PIB à fin 2016.
 

Pas de surprise sur le taux directeur

D’après Bank Al-Maghrib, l’inflation, mesurée par la variation en glissement annuel de l’indice des prix à la consommation, s’est établie à 0,9% en novembre après 1,4% en octobre. Cette évolution résulte principalement de la décélération de l’inflation sous-jacente de 1,4 à 0,9%, en relation essentiellement avec la dissipation de l’impact de la hausse des prix des produits à base de céréales de novembre 2014.

De même, ce recul de l’inflation résulte de la baisse du rythme de progression des prix des produits alimentaires à prix volatils de 6,3 à 4,7%. Pour sa part, le repli des prix des carburants et lubrifiants s’est légèrement atténué d’une baisse de 22,4% à une baisse de 20,7%, alors que le rythme de progression des tarifs des produits réglementés hors carburants et lubrifiants est resté quasi inchangé à 1,2%.

Sur la base de l’ensemble de ces éléments, tenant compte des projections des cours du pétrole et de la libéralisation du marché national des produits pétroliers, la banque centrale annonce que l’inflation devrait s’établir à 1,6% en moyenne en 2015, à 1,2% en 2016 et à 1,5% au terme de l’horizon de prévision, soit le premier trimestre 2017. Ces prévisions ne tiennent pas compte toutefois de la décompensation du sucre annoncée à partir du premier janvier 2016 et dont l’impact sur l’inflation est estimé à 0,27 point additionnel en 2016 et à 0,48 point au premier trimestre 2017.

Aussi, tenant compte d’une prévision d’inflation en ligne avec l’objectif de stabilité des prix et des incertitudes qui entourent les perspectives économiques au niveau national mais également à l’échelle internationale, le conseil de Bank Al-Maghrib a décidé de maintenir le taux directeur à 2,5% tout en continuant de suivre de près l’ensemble de ces évolutions.
 

Les crédits bancaires s’enlisent
 

Le crédit bancaire a vu sa croissance ralentir de 1,8% en moyenne au troisième trimestre à 0,7% en octobre, traduisant une accentuation de la baisse des prêts aux sociétés non financières privées de 2,5 à 3,9% et une quasi-stagnation de l’accroissement des crédits aux ménages à 3,6%.

Aussi, tenant compte de ces évolutions et de la prévision de la croissance non agricole, Bank Al-Maghrib a revu la progression du crédit bancaire à la baisse à 0,5% à fin 2015 et prévoit son amélioration à 3% en 2016. Sur le marché interbancaire, le taux moyen pondéré reste aligné sur le taux directeur, s’établissant à 2,51% en moyenne au cours du mois de novembre.

Quant aux taux débiteurs, les données de l’enquête de BAM auprès des banques pour le troisième trimestre indiquent une nouvelle baisse trimestrielle de 26 points de base du taux débiteur global à 5,67%, avec des diminutions de 30 points pour les facilités de trésorerie, de 24 points pour les prêts immobiliers et de 10 points pour les crédits à la consommation. En parallèle, les taux créditeurs à 6 et 12 mois sont revenus de 3,71% en moyenne au deuxième trimestre à 3,66% au troisième trimestre.

 

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