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Banque mondiale : Zoellick : Agriculture et argent privé

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Le nouveau président de la Banque mondiale (BM), Robert Zoellick, a formellement tourné la page Wolfowitz en affichant dimanche lors de l’assemblée générale annuelle de l’institution ses deux priorités: remettre l’agriculture au premier plan et recourir davantage au privé.
«Nous avons besoin d’une révolution verte du 21ème siècle, conçue pour les besoins spécifiques et divers de l’Afrique», a jugé dimanche l’ancien Représentant américain au Commerce (USTR) qui a remplacé début juillet Paul Wolfowitz, contraint à la démission par une retentissante affaire de népotisme. Alors que 75% des pauvres dans le monde vivent dans les espaces ruraux, seulement 4% de l’aide publique au développement va à l’agriculture dans les pays en développement, notamment en Afrique sub-saharienne, selon la BM, qui n’avait pas accordé autant d’importance à ce secteur depuis vingt-cinq ans. «La croissance du secteur agricole dans les pays en développement réduit quatre fois plus la pauvreté chez les populations vivant avec moins d’un dollar par jour que la croissance dans n’importe quel autre secteur d’activité», a fait valoir M. Zoellick. Par ailleurs, il a affirmé son intention de permettre à des entreprises privées de contribuer au financement de l’aide aux pays les plus pauvres, à l’occasion de la 15e campagne de reconstitution des fonds de l’Association internationale de développement (AID). L’AID est l’organe de la Banque mondiale qui prête aux 81 pays dont les habitants ont un revenu de moins de 2 dollars par jour. La plupart d’entre eux se trouvent en Afrique sub-saharienne. La prochaine réunion de l’AID doit avoir lieu mardi à Washington.
«Un certain nombre d’entreprises nous ont approché au sujet de cette possibilité», a annoncé M. Zoellick. «Si nous arrivons à faire avancer cette idée, cela nous permettrait de satisfaire une des orientations stratégiques que j’encourage, à savoir impliquer davantage le secteur privé», a ajouté l’ancien responsable de la banque d’affaires Goldman Sachs. La France a déjà affirmé qu’elle soutenait «à fond» cette initiative. «L’aide publique au développement sera toujours insuffisante, quoi que nous fassions, par rapport aux enjeux», a expliqué samedi le secrétaire d’Etat à la Coopération Jean-Marie Bockel. Ces deux nouvelles idées viennent compléter une vigoureuse reprise en main stratégique de l’institution, dont beaucoup jugeait qu’elle naviguait à vue sous Wolfowitz.
En prononçant son premier discours programme, dix jours avant l’assemblée générale, M. Zoellick, dont la première tâche était de rassurer ses actionnaires et d’apaiser une institution déchirée par l’affaire Wolfowitz, avait décrit une BM au service d’une «mondialisation durable, pour tous».
Son credo: faire de la Banque une institution capable d’aider ceux que la mondialisation exclut, et protéger l’environnement.
Pour ce faire, il a ostensiblement relégué à l’arrière-plan la croisade anti-corruption de son prédécesseur. Il a également tranché un vieux dilemme de la BM: l’aide aux pays émergents. Donnant tort à ceux qui estiment que l’institution multilatérale devrait uniquement aider les pays les plus pauvres, il s’est engagé à soutenir les pays émergents, même s’ils ont accès aux marchés des capitaux. M. Zoellick a également proposé des axes de travail originaux : aider plus efficacement les pays sortant d’une période de conflit et accorder une attention particulière monde arabe.

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