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Banques : La concurrence sur les crédits aux particuliers devrait davantage s’intensifier

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Les dernières prévisions de BAM appuient ce constat[box type= »custom » bg= »#eeedeb » radius= »5″]

La fébrilité du financement aux entreprises limite les options des banques et les contraint à tout miser sur le crédit aux particuliers pour parvenir à placer des financements auprès de la clientèle.

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Les banquiers n’en font plus mystère depuis quelques mois : les établissements de crédit sont par la force des choses appelés à se montrer encore plus agressifs sur les prochains mois en matière de crédits aux particuliers, ce qui très probablement induira des baisses de taux supplémentaires en matière de crédit à la consommation et surtout de crédit immobilier acquéreur. A présent ce sont les dernières prévisions de Bank Al-Maghrib, figurant dans le rapport sur la politique monétaire publié à l’issue du conseil de l’institution tenu le 20 décembre dernier, qui appuient ce constat. Jusqu’à présent les spécialistes pariaient sur des baisses de taux supplémentaires pour les financements aux particuliers en s’appuyant principalement sur la situation confortable des liquidités bancaires et sur la méforme persistante du crédit aux entreprises, notamment celui destiné à l’équipement. Le premier facteur impose, en effet, aux banques de redoubler d’efforts pour placer leurs disponibilités et soutenir leur rentabilité. D’autre part la fébrilité du financement aux entreprises limite les options des banques et les contraint à tout miser sur le crédit aux particuliers pour parvenir à placer des financements auprès de la clientèle.

Et le fait est que, d’après les prévisions de BAM, ces facteurs s’accentueront plus encore sur les prochains mois. S’agissant des liquidités, l’institution fait d’abord savoir qu’au cours du troisième trimestre 2016, le besoin des banques s’est accentué, s’établissant en moyenne à 22 milliards DH. Cette hausse traduit, outre la décision de la banque d’augmenter le taux de la réserve monétaire de 2 à 4%, l’augmentation de la circulation fiduciaire. A noter que pour combler ce déficit, BAM a augmenté le volume de ses injections à 22,9 milliards, dont 17,4 milliards sous forme d’avances à 7 jours et 4,4 milliards au titre des opérations de prêts garantis, accordés dans le cadre du programme de soutien au financement de la TPME.

Ensuite les données arrêtées à fin novembre indiquent que le besoin en liquidité s’est amélioré s’établissant à 14,6 milliards DH. Tenant encore compte de la révision à la baisse des prévisions relatives aux réserves de change et de l’évolution prévue des autres facteurs de liquidité, la situation de trésorerie bancaire devrait ressortir déficitaire à 18,8 milliards DH à fin 2016, selon les anticipations de BAM. Déjà à cet actuel niveau de besoin, le taux débiteur moyen de tout le marché, toutes catégories de financements confondues, a continuellement chuté depuis le deuxième trimestre 2015 passant de 5,93 à 5,08% à fin septembre 2016. Nécessairement la tendance ne devrait que s’accentuer sur les mois à venir sachant que le besoin de liquidité devrait progressivement s’atténuer jusqu’à se rapprocher même d’une situation excédentaire. Ainsi BAM anticipe pour la fin 2018 un besoin de liquidités pour les banques ramené à tout juste 1,7 milliard.
Pour ce qui est ensuite de la situation des financements aux entreprises, ils ont certes connu une amélioration sur les derniers mois. Entre le deuxième et le troisième trimestre 2016, les facilités de trésorerie ont atténué leur baisse de 2,7 à 0,3% et les prêts destinés à la promotion immobilière ont ramené leur recul de 3,3 à 2,3%.

Un rythme de progression de 4,9% pour les crédits à l’habitat

Dans le même temps, les prêts à l’équipement ont vu leur rythme de progression s’accélérer de 1,5 à 2,8%, en relation avec la hausse de 1,1% de ceux des entreprises non financières privées contre un recul de 0,6% observé au deuxième trimestre. Notons encore que les crédits accordés aux entrepreneurs individuels se sont accrus de 2,8% au troisième trimestre contre une diminution de 1,2% au trimestre précédent. Mais l’on reste encore loin d’une reprise ferme des crédits aux entreprises.

De l’aveu des équipes de BAM, les progressions constatées sont essentiellement le fait de grands groupes et de manière générale la demande reste encore timide en dépit des importants efforts sur les taux consentis par les banques en matière de financements aux entreprises.

A titre de comparaison les prêts aux particuliers affichent un rythme de progression de 4,9% pour les crédits à l’habitat et de 5,8% pour ceux à la consommation au troisième trimestre 2016.

La donne ne devrait pas changer notablement sachant que BAM prévoit un rythme d’accroissement des acquisitions à l’importation de biens d’équipement sur les mois à venir moins important que ce qui a été observé en 2016. Les perspectives modestes du crédit aux entreprises ressortent aussi nettement dans les prévisions de BAM pour le crédit bancaire destiné au secteur non financier. Avec les réalisations en demi-teinte du crédit aux entreprises en 2016 il devrait terminer l’année sur une croissance de 3,5%. Et le rythme de progression devrait très faiblement augmenter sur les 2 prochaines années, avec une croissance de 4% en 2017 et de 4,5% en 2018.

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Les taux d’intérêt bas, un facteur de risque pour les banques

Si l’intensification de la concurrence sur le crédit aux particuliers sonne comme une bonne nouvelle pour les demandeurs de financements, elle peut amener un risque pour les établissements bancaires.

Le Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques, en charge de la surveillance macro-prudentielle du secteur financier, qui a tenu une réunion le 21 décembre à Rabat, adresse une mise en garde claire à ce sujet. L’organe qui réunit Bank Al-Maghrib, les régulateurs des marchés de capitaux (AMMC) et du secteur des assurances (ACAPS), ainsi que la direction du Trésor estime que le secteur bancaire est exposé à «un risque de taux d’intérêt, dans un contexte de forte concurrence à l’octroi de crédits, ce qui constitue une zone d’attention qui requiert un suivi rapproché».

Le comité souligne pour autant que le secteur bancaire préserve un bon niveau de rentabilité et de capitalisation et s’avère résilient aux stress-tests simulant des chocs macroéconomiques.

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