«Il faut arrêter le gaspillage, une telle perte de ressources précieuses n’a aucun sens d’un point de vue économique, écologique, et éthique», a plaidé le commissaire à la Pêche Joe Borg, en présentant son projet au cours d’une conférence de presse.
Selon la Commission, les chalutiers rejettent en effet une partie non négligeable des poissons, crustacés et mollusques qu’ils capturent, soit parce qu’ils sont trop petits ou trop jeunes, soit parce qu’ils n’ont pas assez de valeur marchande, ou encore parce que les bateaux ne disposent pas des autorisations de pêche -ou quotas- nécessaires.
Ainsi, dans l’Atlantique Nord, plus de 1,3 million de tonnes de poissons, soit 13% du volume total des pêches, ont été rejetées à la mer en 2005, selon une étude de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), citée par Bruxelles. L’Atlantique Nord est la principale zone de pêche de l’Union européenne.
Certains chiffres sont encore plus alarmants. En mer du Nord, les bateaux qui pêchent la sole rejettent 80% des plies qui sont capturées avec. Et ceux qui pêchent la langoustine larguent 51% des cabillauds attrapés involontairement. Un comble alors que le cabillaud est une espèce menacée.
La Commission veut donc mettre en place une série de mesures techniques et de contrôles pour aboutir progressivement à l’interdiction des rejets, à l’instar des politiques déjà menées avec succès par la Norvège et l’Islande.
Des filets de pêche mieux adaptés, l’instauration de taxes sur les rejets et la fermeture de certaines zones de pêche figurent parmi les pistes évoquées.
Pour en atténuer l’impact à court terme sur les revenus des pêcheurs, M. Borg a évoqué des “compensations” financières. A long terme, l’interdiction des rejets contribuera à restaurer les stocks de poissons, largement dégradés, et sera donc bénéfique aux pêcheurs eux-mêmes, a-t-il assuré.