Le secteur de l’assurance au Maroc traîne des arriérés de l’ordre de 9 milliards de dirhams. Un précipice qui risque de remettre tout le système en question.
Premières concernées, les compagnies d’assurances ont naturellement été les premières à tirer la sonnette d’alarme. Les courtiers ne tarderont pas de prendre la relève. Certains, dans cette honorable profession de 700 membres, ont livré publiquement les noms des mauvais payeurs.
Une sorte de «liste noire» inédite, jetée en pâture dans des écrits qui ont vite fait le tour du secteur. Parallélement, des courtiers stigmatisent toujours les compagnies d’assurances et se plaignent de la conjoncture.
Pourtant, l’on pensait que le temps de la polémique est révolue et que d’une part, les compagnies d’assurances à travers leur fédération et, d’autre part, la Fédération des courtiers d’assurances, avaient enterré la hâche de guerre pour se consacrer au plus utile. N’avait-on pas annoncé il y a une semaine le lancement conjoint d’une campagne d’explication des nouveaux textes d’application du Code des assurances? N’avait-on pas réaffirmé – trop vite peut-être- la volonté d’aller ensemble main dans la main vers une libéralisation indipensable ?
Hélas, c’était sans compter sur la lourdeur des questions laissées en suspens comme les délais de paiement des primes , leurs modes de paiement et les conséquences s’y rattachant. Derrières ces réformes annoncées, c’est la profession des intermédiaires en assurance qui se retrouve au pilori. Leur situation est pour le moins inconfortable, entre des souscripteurs habitués à traîner les pieds avant de payer leurs primes et des compagnies qui s’inquiètent de leur équilibre.
Cet équilibre, les assureurs le savent, passent par le respect de la loi. Mais aussi par la survie des courtiers d’assurances. D’où peut-être un certain assouplissement dans la position des compagnies qui ont finalement accepté après maints palabres le fractionnement des primes annuelles de deux à quatre tranches. Une bouffée d’air qui arrange les entreprises en difficulté de paiement.
Aujourd’hui, certains parmi les courtiers disent ouvertement que l’on sent un certain retour à l’ordre dans le secteur. Beaucoup d’entreprises payent régulièrement. Mais l’on ne peut, en dressant ce constat, passer sur un phénomène de plus en plus répandu : de plus en plus de sociétés prennent le risque d’exercer sans assurance.