Economie

Carné : un secteur en mutation

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Carné. Le mot à trait aux viandes, blanches comme rouges. Il couvre également un large secteur d’activité au Maroc, dont l’évolution, comme toute activité liée à l’agriculture, aux précipitations et aux aléas climatiques. L’autosuffisance du Maroc en la matière est bien réelle, mais la gestion dont le secteur fait l’objet laisse, toujours, à désirer. C’est ce qu’on peut conclure d’une récente étude de la Mission économique française. Une étude que, de façon générale, le cheptel ruminant est traditionnellement dominé par les ovins avec 15 à 16 millions de têtes dont près du tiers est abattu lors de la fête de l’Aïd el Kébir. Viennent ensuite les caprins avec 5 millions de têtes environ, puis les bovins avec 2,6 millions de têtes. «Parallèlement, l’élevage des volailles s’est considérablement développé, permettant aux viandes blanches de se rapprocher progressivement des viandes rouges dans la consommation locale», indique cette étude. Si le poulet, avec 190 millions d’unités par an, constitue l’essentiel de la production avicole, on remarque depuis quelques années une diversification des producteurs vers la dinde et le canard auxquels le consommateur marocain était peu habitué jusqu’à présent. On observe une forte augmentation de la consommation de viande blanche due à la hausse du prix de la viande rouge. L’élevage se développe, les volumes de production sont passés de 5000 à 15 000 tonnes entre 2001 et 2002, et les chiffres d’importation de dindonneaux sont désormais de l’ordre de 270 000 par mois. «Toutes ces productions souffrent de maux communs : grande fragilité face aux conditions climatiques (on estime à 5 millions le nombre de poulets morts pendant les semaines de canicule de l’été 2003) et faible technicité des élevages», précise-t-on dans cette étude. Cette production permet un taux de couverture de 138% pour les viandes rouges et de 100% pour les viandes blanches. Ceci explique en partie la faiblesse des importations de viande rouge, stagnant aux alentours de 6 000 tonnes par an (dont la majorité est destinée à l’armée). Le Maroc a en outre fermé en 1999 ses frontières aux viandes et bovins importés des pays touchés. La réouverture aux importations est effective à compter de septembre 2003, mais d’une manière générale, les échanges dans le secteur des produits carnés sont faibles, autant à l’import qu’à l’export. Le Maroc n’importe en fait que de la viande congelée pour l’armée (5 à 6000 tonnes/an) et de la viande de volaille destinée aux industries de la charcuterie (2000 tonnes/an). Les circuits de commercialisation de la viande restent largement traditionnels. La longue chaîne de vente (marchands de bestiaux, chevillards, vendeurs…) engendre des manques à gagner importants pour les éleveurs, encore largement inorganisés, les prix étant fixés directement par les abattoirs. Les abattoirs (186 municipaux et 727 ruraux) sont presque tous vétustes et ne respectent pas les critères de qualité européens, rendant impossible toute exportation marocaine de viande. Des actions spécifiques tendent cependant à améliorer la productivité du cheptel. Tout d’abord, les pouvoirs publics développent les races à viande dans les zones arides ou semi-arides. L’Etat subventionne jusqu’à 25% du prix l’achat de reproducteurs et octroie jusqu’à 1000 MAD par an et par tête pour la production de reproducteurs et l’amélioration génétique des races à viande. Par ailleurs, un encadrement sanitaire de la production a été mis en place. La modernisation du réseau national des abattoirs est néanmoins la partie la plus visible pour le grand public de cette politique. Le développement des organisations professionnelles pour les éleveurs comme l’Association nationale des éleveurs de bovins de race pure, l’Association nationale ovine et caprine ou l’Association nationale des abattoirs industriels avicoles et la mise en place d’un encadrement de qualité participe de cette logique de développement. L’action publique a pour l’instant porté majoritairement sur l’organisation et la maîtrise de la reproduction, la prévention sanitaire et le suivi de l’alimentation du troupeau, mais il importe maintenant d’aborder les questions de la mise en marché des produits et de l’organisation économique des filières.

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