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Ce que demandent les intermédiaires aux compagnies

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Entretien avec Farid Bensaid, président de la Fédération nationale des agents et courtiers d’assurance au Maroc (FNACAM)

Nous essayons aussi de faire du recouvrement dans une période où les gens ne sont pas enclins à payer facilement. Ce sont des sujets qui vont faire que dans tous les cas notre profession va connaître une baisse de son chiffre d’affaires plus ou moins importante sur les intermédiaires selon le type de risque et les secteurs qu’ils couvrent.

ALM : Les courtiers d’assurance ont contesté un bon nombre de points concernant les mesures prises par la FMSAR durant cette crise sanitaire, notamment la prorogation automatique des contrats d’assurance automobile. Quel commentaire fait la Fnacam dans ce sens ?

Farid Bensaid : A la base nous n’étions pas d’accord avec cette décision. D’ailleurs nous avons sorti un communiqué pour l’exprimer. Nous estimons qu’une prorogation automatique est à la limite de la déontologie réglementaire mais les compagnies ont pris cette décision, donc il fallait l’assumer et gérer. C’est pour cela que nous nous sommes battus pour donner la possibilité à ceux qui ne veulent pas cette reconduction de l’exprimer avant l’échéance du contrat. Il faut quand même que celui qui ne veut pas reconduire son contrat pour une durée ferme ou pour une autre l’exprime ne serait-ce que par le fait de dire que moi je ne vais pas rouler le mois prochain avec ma voiture, même s’il y a des risques je ne veux pas m’assurer et j’ai le droit de ne pas m’assurer. Nous nous sommes exprimés, également, pour que ce phénomène-là ne soit pas reconduit pour ce nouveau mois de confinement. Cela s’est arrêté et il n’y aura pas de prorogation supplémentaire, ce qui va pousser les gens à se déplacer pour reconduire leur contrat. C’est le revers de la médaille.

Autre point critiqué, le fait d’attribuer une ligne de crédit avec taux d’intérêt aux intermédiaires en difficulté. Où en êtes-vous en termes d’échange avec la FMSAR sur ce sujet ?

Nous sommes toujours en discussion avec la FMSAR car au niveau de notre fédération nous demandons à ce que ce crédit soit gratuit dans la mesure où c’est la moindre des choses que pourraient faire les compagnies pour leur réseau qui souffre. Donc nous demandons la gratuité. Cette ligne de crédit est un geste de la part des compagnies d’assurance, elles n’étaient pas obligées de le faire mais les intermédiaires s’attendaient à beaucoup plus.
Comme vous le savez, les intermédiaires d’assurance sont dans des situations difficiles aujourd’hui du fait que les gens se déplacent moins et n’ont pas les moyens pour payer et ce qui engendre par conséquent des problèmes de recouvrement. Tout le monde a vu son chiffre d’affaires baisser et pour certains de manière très importante. Alors ce que demandaient les intermédiaires c’est d’avoir des subventions pour pouvoir passer cette crise. Nous, Fnacam, avons demandé d’être soutenus au niveau de la FMSAR qui a pris collégialement la décision de faire un crédit pour passer cette phase. C’est comme ce qui se fait au niveau des banques avec Damane Oxygène, à savoir donner de la trésorerie pour payer les frais financiers pendant trois mois.

Y a-t-il eu des demandes de crédit de la part des intermédiaires depuis l’activation de cette ligne ?

Pas énormément pour l’instant mais il y en a eu. Je pense qu’effectivement le taux d’intérêt peut être quelque chose qui est rédhibitoire pour les gens qui vont se dire qu’ils vont s’endetter encore plus qu’ils ne peuvent. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous sommes en cours de discussion avec les compagnies d’assurance. Nous avons sorti un communiqué de presse mardi où on annonce notre demande officielle à la FMSAR de faire un crédit gratuit. Sachant que même avec un crédit gratuit l’endettement est là mais on essaye au moins de passer à travers cette vague.

Quels sont les principaux défis auxquels font face les intermédiaires en ce contexte particulier ?

Le plus important pour nous c’est de garder notre portefeuille. Aujourd’hui, nous avons du souci pour les entreprises qui sont totalement à l’arrêt et que nous essayons d’accompagner ainsi que pour nos clients pour qu’ils ne perdent pas leurs assurances, ne serait-ce que l’assurance sociale de sorte que même si un ouvrier est en arrêt temporaire il peut garder sa couverture. C’est un souci de protection des assurés. Nous essayons aussi de faire du recouvrement dans une période où les gens ne sont pas enclins à payer facilement. Ce sont des sujets qui vont faire que dans tous les cas notre profession va connaître une baisse de son chiffre d’affaires plus ou moins importante sur les intermédiaires selon le type de risque et les secteurs qu’ils couvrent. Il y en aura qui vont souffrir énormément et certains plus que d’autres bien évidemment.

Peut-on avoir des prévisions chiffrées?

C’est un peu trop tôt pour le savoir. Il y a des intermédiaires qui ne vont pas perdre grand-chose, peut-être 10%, mais d’autres vont perdre jusqu’à 50% voire plus.

Comment la Fnacam prépare-t-elle le post-Covid ?

Nous sommes en attente des textes qui vont sortir par rapport au plan de déconfinement et c’est suite à ce plan-là que nous prendrons les actions précises à notre secteur. Nous sommes une activité qui est nommée stratégique donc nous avons l’obligation de rester ouverts, ce qui est une contrainte. On continue à travailler que cela soit en télétravail ou en présentiel. Pour nous les choses continuent, maintenant il faut peut-être que les entreprises puissent avoir de la liquidité pour payer leurs assurances. Parce que si elles ne paient pas, nous risquons d’avoir un certain nombre de problèmes. Il faut aujourd’hui que tout reprenne petit à petit mais on ne sait pas quels sont les secteurs qui vont démarrer avant les autres.

Un dernier mot…

Je tiens à rappeler qu’en tant que Fédération nous avons comme devoir de défendre les intérêts de nos intermédiaires mais également de nos assurés. Nous vivons en même temps qu’eux cette problématique et nous essayons de faire en sorte à la fois pour eux et pour nous de passer à travers cette vague et reprendre petit à petit nos équilibres fondamentaux. Et nous savons qu’en 2020 nous allons avoir pour certains d’entre nous un exercice difficile.

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