Economie

Comment évalue-t-on la pauvreté au Maroc ?

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La Haut Commissariat au Plan se veut méthodologique : «toutes les formes de la pauvreté monétaire sont définies par référence à un seuil d’un indicateur de bien-être économique. En deçà, de ce seuil, on est pauvre, au-delà on l’est pas». Bien, comment calcule-t-on donc la pauvreté chez nous ?
D’abord, l’évaluation de celle-ci du point de vue incidence et causes profondes demeure intimement liée au choix d’un indicateur de niveau de vie qui doit s’établir pour garantir des conditions de vie décentes. Parallèlement, et face à la fleuraison des revenues et à leur vulnérabilité, la dépense totale des ménages constitue, de part sa fiabilité et sa stabilité dans le temps, l’agrégat le plus adéquat à l’analyse de la pauvreté au Maroc, explique le HCP.
Le choix de la consommation des ménages comme indicateur de bien-être économique se justifie, en outre, par l’assimilation du niveau de vie à la satisfaction que procure la consommation des biens et services. Il faut dire que le critère retenu n’est pas nouveau.
Dans ce cadre encore, la correction de la dépense totale annuelle d’un ménage par sa taille ou par son échelle d’équivalence, aboutit à la construction de la dépense annuelle moyenne par personne ou par équivalent adulte. La comparaison de cet agrégat au seuil de pauvreté permet ainsi de démarquer les pauvres des non-pauvres. Cependant, ce seuil diffère selon les mesures de la pauvreté monétaire.
Concernant les mesures nationales de la pauvreté monétaire, celles-ci sont établies en majorant le seuil de la pauvreté alimentaire par une allocation non alimentaire. Concrètement, cette dernière est déterminée conformément à l’approche préconisée par la Banque Mondiale. Trois variantes en découle : D’abord, le seuil de la pauvreté alimentaire. Ce dernier est calculé sur la base du coût d’un panier de biens et services alimentaires permettant le minimum requis en calories : 2000 kilos calories par jour et par personne. Cette norme est d’ailleurs recommandée par l’AFO et l’OMS, précise le HCP. Ensuite, le seuil de la pauvreté relative. Celui-ci est la somme du seuil de la pauvreté alimentaire et d’une allocation non alimentaire.
Cette dernière ( l’allocation) est égale au coût des acquisitions non-alimentaires réalisées par les ménages qui atteignent effectivement le minimum alimentaire requis. Enfin, le seuil de la pauvreté absolue. Ce dernier est obtenu en majorant le seuil de la pauvreté alimentaire par le coût des acquisitions non alimentaires réalisées par les ménages qui ne satisferaient leurs besoins alimentaires que lorsqu’ils leur consacraient le total de leur budget.
Voilà pour le les différentes modes de calcul du seuil de pauvreté.
Concernant les familles de mesures nationales de la pauvreté monétaire, le HCP fait savoir que les ménages réalisent d’importantes économies d’échelle grâce au partage des biens collectifs comme le logement, l’énergie, les biens durables et le sanitaire. La différenciation de la consommation des ménages selon la présence ou l’absence d’économie d’échelle aboutit à la construction de deux familles de mesures de la pauvreté monétaire : les mesures linéaires et les mesures pondérées. La première catégorie estime que les besoins des adultes sont similaires à ceux des enfants et que les ménages ne réalisent pas d’économie d’échelle.
Dans ce cas, l’indicateur du niveau de vie est assimilé à la dépense totale du ménage ajustée par sa taille et exprimée en nombre de membres. En revanche, la seconde catégorie de mesures considère que le poids des individus dans la consommation des ménages diffère selon l’âge. Exemple : l’échelle d’Oxford affecte le poids 1 au chef du ménage, 0,7 à chque adulte et 0,5 à chaque enfant. Ce qui représente un nombre «d’équivalant adulte» de 2,7 pour une unité familiale composée de 2 adultes et 2 enfants. Dans ce cas, l’indicateur du niveau de vie est approché par la dépense totale du ménage rapportée à son nombre « d’équivalant adulte» (qui est ici de 2,7). Reste que ces mesures pondérées diffèrent également selon le mode de détermination de cette échelle : l’équivalant adulte. Ainsi, on retrouve les mesures pondérées à l’échelle empirique. Celles-ci se réfèrent à une échelle d’équivalence empirique affectant la même économie d’échelle à l’ensemble des ménages. C’est le cas de l’échelle proposée par la banque mondiale en 2002 au Maroc.
En revanche, les mesures pondérées à échelle spécifique se réfèrent aux données observées sur la consommation et les dépenses des ménages pour établir des échelles d’équivalences spécifiques à chaque pays. Une option, on l’aura compris, qui n’a pas été retenue par le Maroc.

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