Deux ans après sa nomination à la tête de la Banque mondiale, l’ancien secrétaire adjoint américain à la Défense, Paul Wolfowitz, est critiqué sur sa stratégie alors qu’il s’est lancé dans une intense croisade anticorruption. Ce débat, qui fait rage au conseil d’administration, intervient alors qu’a débuté cette semaine la reconstitution des fonds de l’Association internationale de développement (AID), l’un des principaux outils de financement de la Banque qui doit pour l’alimenter mobiliser ses Etats membres. La controverse est publique depuis que les médias américains ont révélé, fin janvier, le compte-rendu d’une réunion houleuse entre le président et ses administrateurs, engagés, selon la chaîne de télévision “Fox News“, dans une "guerre de tranchées". La discussion portait sur la stratégie de la Banque, exposée dans un rapport de la direction: «plusieurs membres ont souligné que le contenu du rapport ne répondait pas à leurs attentes», indique le compte-rendu, diffusé sur l’internet. «Ils ne savaient que penser de la liste et du classement des priorités dans l’exposé», poursuit-il. «En l’absence d’un cadre convenablement articulé, les orateurs ont estimé difficile d’en comprendre et d’en calculer les implications budgétaires», ajoute-t-il. Les représentants de la France et de la Suisse ont estimé qu’il s’agissait d’"une occasion perdue", tandis que ceux du Canada et de la Chine ont jugé qu’il n’était pas possible de discuter un budget sans objectifs stratégiques. Même le représentant des Etats-Unis a estimé que les priorités devaient être "clarifiées". Ce n’est pas la première fois que l’ancien faucon de l’Administration Bush suscite l’ire de ses actionnaires. Lors de l’assemblée générale annuelle de la Banque, en septembre, ses membres avaient rejeté son plan de lutte anti-corruption jugé contre-productif et peu efficace.