Economie

Contrebande à grande échelle

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Si la dernière augmentation des prix des tabacs au Maroc a été de l’ordre de près de 8%, celle devant intervenir en France, le 8 septembre prochain, le serait de plus de 20 %. . Sur un paquet de cigarettes classique, le poids des taxes en France représentera désormais 62 % contre 59 % actuellement. Au Maroc, la quotité de la Taxe Intérieure de Consommation appliquée aux tabacs manufacturés a fixé à 52 % du prix de vente public des tabacs. La détermination de cette quotité a été effectuée de manière à sauvegarder les recettes fiscales de l’Etat et, partant, maintenir la même charge fiscale pour le secteur des tabacs. Il est à souligner que les tarifs seront encore homologués jusqu’en 2008. Le monopole est toujours en vigueur. Par conséquent, le nouveau repreneur de la Régie des Tabacs, Altadis, n’a assurément pas son mot à dire au sujet des hausses. Par contre, l’Etat a bien pris le soin de s’assurer une pression fiscale identique même après la cession de la Régie. L’impact de la hausse en France a été quantifié par Morgan Stanley sur les différents acteurs du segment. Il en ressort que la loi française est ainsi faite que les marques à bas prix seront moins sévèrement frappées que les grandes marques. La victime principale, pense le broker, sera Philip Morris, qui ne commercialise presque que des grandes marques, la mesure pouvant provoquer un repli allant jusqu’à 10 % de ses ventes en France en 2004. Si le groupe veut conserver sa marge actuelle sur ses Marlboro, par exemple, il devra relever le prix de 23% (passant alors de 3,90 à 4,50 euros). À l’inverse, Altadis semble être en mesure, selon l’analyste, de compenser la hausse en augmentant le prix de ses marques à bas prix. Dans le pire des scénarios, cette hausse aura un impact de 4 % sur le bénéfice par action 2004 du fabricant franco-espagnol. Les fabricants les mieux placés selon Morgan Stanley sont Gallaher (marque Benson & Hedge notamment) et Imperial Tobacco (marques JPS, NYc, Route 66, West) positionnés sur le bas prix. En outre, Imperial Tobacco pourrait profiter sur le marché allemand d’une éventuelle hausse du prix des Marlboro décidée par Philip Morris pour compenser les marges françaises sous pression… Toutefois, si la pression fiscale est l’impact négativement sur la rentabilité des majors, l’ambiguité au sujet de la contrebande des cigarettes est entretenue. De récentes enquêtes ont même révélé que les firmes mondiales sont à l’origine du trafic de cigarettes. C’est assurément un excellent moyen d’augmenter ses marges. En janvier 2003, l’organisation mondiale des douanes dont le siège est à Bruxelles estimait que prés de 200 milliards de cigarettes circulaient dans le monde de façon frauduleuse. Ceci représente une diminution de d’environ 50 % du chiffre enregistré en 1997 et qui était de quelque 400 milliards de cigarettes englouties dans le gouffre de la contrebande et de la contrefaçon. Le recul constaté serait dû, selon des experts en la matière, à un meilleur contrôle des frontières par les services de douanes à travers le monde. Mais ce qui est nouveau, précise Guy Coté, porte-parole de la JT International qui est l’une des trois grandes compagnies de l’industrie du tabac, c’est l’explosion de la contrefaçon. Il s’agit de copier l’emballage des paquets de cigarettes des grandes marques et de les mettre en circulation souvent sur les marchés occultes de la contrebande. Bien que récent, ce phénomène constitue une véritable gangrène pour l’industrie du tabac qui perd ainsi des sommes considérables. Aujourd’hui, c’est la Chine qui représente le plus gros marché de la contrefaçon, avec 100 millions de cigarettes contrefaites par an, dont 80 % sont destinées au marché chinois. Cependant, la chine n’est pas la seule mise en cause dans ce domaine. En fait, des usines de contrefaçon ont été découvertes en Amérique du Sud, en Slovénie, en Albanie, en Bulgarie en Russie et en d’autres pays. Une enquête menée par les services compétents a permis de fermer une usine à Dubaï, aux Emirats Arabes Unis. L’usine en question utilisait un matériel des plus sophistiqués, d’une valeur de 20 millions de dollars pour copier l’emballage d’une grande marque. On est là face à une mondialisation de la contrefaçon des cigarettes, ironise Guy Coté.

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