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Coopération Sud-Sud : Ifrane Forum, un espace d’échanges entre Africains bien rodés !

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Cette nouvelle édition aura été marquée par la présence de 20 start-up représentant plusieurs pays d’Afrique, 40 femmes entrepreneures en sus des intervenants venus débattre de sujets d’actualité conditionnant la croissance en Afrique.

La troisième édition d’Ifrane Forum a été placée sous la thématique de la croissance au service de l’Afrique émergente. Pendant deux jours (29 et 30 novembre), les participants ont eu le privilège de débattre de sujets sensibles au cœur de la réussite de la coopération Sud-Sud. Premier sujet en tête de liste, celui des industries de transformation et de l’industrie numérique comme levier de croissance durable pour l’Afrique.

Et c’est Khadija Idrissi Janati, présidente du Forum, qui ouvrira la session plénière pour rappeler la philosophie du concept qui se veut discret mais porteur de valeur ajoutée. L’objectif ultime étant d’inspirer pour soutenir la stratégie globale. Il faut dire que la légitimité d’un tel forum tient à une vision globale nationale dictée par la plus haute autorité. Et les différentes éditions permettent de capitaliser pour les futures. Celles de l’an dernier ayant été formalisées autour de la déclaration du Forum Afrique de 2017.

Cette nouvelle édition aura été marquée par la présence de 20 start-up représentant plusieurs pays d’Afrique, 40 femmes entrepreneures en sus des intervenants venus débattre de sujets d’actualité conditionnant la croissance en Afrique. Une dizaine d’investisseurs américains est également venue chercher des partenaires et financer des projets porteurs. 25 pays étaient représentés.

Les chantiers sont ouverts depuis que la coopération Sud-Sud a été annoncée comme salutaire à l’émergence des pays d’Afrique. Il reste, cela dit, beaucoup à faire dans le sens où les freins et les faiblesses persistent et ce, dans plusieurs domaines. A titre d’exemple, le commerce interafricain ne représente que 15% seulement du commerce mondial. Au niveau de l’industrie, le constat est identique: l’Afrique n’a pas encore créé sa propre chaîne de valeur. Les faits sont là. Et les intervenants sont venus pour échanger et apporter leur vision de telle sorte à ce que les débats soient constructifs et apporteurs d’actions concrètes. Et c’est Mohamed Soual, conseiller de Mostafa Terrab, directeur général d’OCP, qui sera invité à prendre la parole le premier pour rappeler que l’Office a commencé à mettre plusieurs chaînes de valeur en Afrique. «L’Afrique recèle 60% de terres encore arables et le potentiel de transformation agricole est encore faible». Le porte-parole d’OCP a tenu à partager sa conviction que c’est par l’agriculture que le développement est arrivé. Pour lui, «il n’y aurait pas de développement dans le continent africain s’il n’y avait pas de développement agricole».

Les enjeux de la transformation agricole sont clairs. L’exode rural représentant la principale conséquence de son absence en effet. Pour l’homme, il n’y a pas de recette miracle pour se préoccuper de 70% de paysans et elle est intimenent liée à l’utilisation des engrais qui permettent d’accroître les productions. Pour l’heure, l’Afrique est à la traîne. OCP a ses ambitions. Le top management table sur 3 millions de tonnes d’engrais à écouler cette année en Afrique. Présentes dans 12 pays africains, les équipes d’OCP entendent ainsi créer des boosters de telle sorte à ce que l’augmentation de la production agricole soit écoulée dans de nouveaux marchés.

Le témoignage de Bahonda Jean Guido, président de la coopérative des producteurs exportateurs de l’ananas, est édifiant. Si les opportunités ont été identifiées notamment en Tunisie à raison d’une demande d’un conteneur toutes les deux semaines, l’organisation n’a pas suivi. Partant de cette problématique, le président de la coopérative a réuni plusieurs entités de telle sorte à mutualiser les coûts. Plusieurs freins avaient été identifiés tant au niveau du transport que dans la formation des équipes. La nécessité de créer des laboratoires de R&D s’était également imposée d’elle-même compte tenu des ambitions de diversification. Chose faite. A travers le partenariat avec la société la plus réputée dans la transformation agricole, en l’occurrence Enos Bio, l’ananas a pu être valorisé par la création de produits dérivés enrichis en valeur ajoutée, à savoir la confiture d’ananas, l’ananas séché, le vinaigre d’ananas et le jus d’ananas sans supplément de sucre.  La transformation agricole est donc possible. Elle passe par des partenariats en amont dans la chaîne de valeur et en aval pour dénicher de nouveaux marchés. L’ambition d’Afrique Forum est de faciliter entre autres de tels processus par la mise en relation de personnes complémentaires et ayant les mêmes ambitions de développement durable.

Parallèlement la révolution numérique devra soutenir le développement des pays africains. Nadia Aimé, fondatrice de Chelead’s digital, est autodidacte. Elle a pu se créer un chemin en apprenant le coding. Elle est aujourd’hui un modèle pour de nombreuses femmes africaines entrepreneures qui ont créé de la visibilité à travers des sites marchands. La révolution numérique n’étant pas seulement une réussite européenne. Le Kenya s’étant distingué par le paiement via Internet. Pour Nadia qui a dû quitter à l’âge de 15 ans l’école, suite au décès tragique de ses parents, «les femmes sont innovantes et veulent changer le monde. Et le digital est parfait pour porter nos idées». A ce sujet, Mhamed Benmokhtar, chef du service industrie au sein de l’Amdie (Agence marocaine du développement des investissements et des exportations), rappellera que les gouvernements devront avoir une certaine flexibilité pour justement adhérer à cette révolution numérique. Pour le cas du Maroc, les réflexions convergent dans le sens d’un modèle incitatif de l’investissement dans des secteurs clés et jugés porteurs. Le numérique représentant une priorité. Bref, le forum aura permis d’identifier non seulement des marchés potentiels dans les différents pays mais aussi de créer des liens entre les différents participants à travers une application et ce en dehors des séances plénières. L’impact de cette troisième session devra être quantifié rapidement par la signature de partenariat et de levée de fonds pour financer des start-up recensées par l’association Bidaya représentant un des incubateurs les plus sollicités au Maroc. Louable.

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