Economie

De la plonge au fauteuil de DG

© D.R

L’actuel président du CRT d’Agadir cultive le pragmatisme. Ses détracteurs ne se font pas prier pour rappeler sur un air de confidence que Saïd Skally n’a jamais fait d’études touristiques. « Il a appris le métier sur le tas », scande-t-on à Agadir, dans les milieux associatifs si riches en anecdotes.
Ceux qui ne connaissent pas l’homme, un touche-à-tout, en sont encore à se poser des questions sur son itinéraire. Comment quelqu’un qui n’est pas diplômé d’une école touristique et qui, détail important, n’est pas né avec une cuiller d’argent dans la bouche, s’est-il retrouvé à la tête d’une fortune de quelques centaine de millions de dirhams avec en plus le statut d’associé de Jet Tours et du puissant Henri Giscard d’Estaing, président du Club Med ?
Pourtant, en 1949, quand il est né, deuxième d’une famille de neuf enfants, rien ne prédestinait Saïd Skally à occuper son fauteuil actuel. Même s’il est inscrit en 1960 au lycée Lyautey, même si parmi ses camarades de jeu, on retrouve un certain Hassan Abouayoub. Le jeune Skally est obligé de quitter cet établissement douillet, trois ans et demi plus tard, victime d’un coup du sort. Son père, un fonctionnaire de l’Etat, meurt dans un accident de voiture. Tout change dans la vie du jeune Skally, obligé de renoncer à ses rêves de grandes études.
Heureusement qu’il y a ce parent, un officier qui lui ouvre les portes du lycée militaire de Kénitra.
Il y restera jusqu’à la fin de ses études secondaires puis s’envole en Europe en plein mai 1968. Impossible de faire quoi que ce soit en France, paralysée par les mouvements estudiantins. Le jeune Skally traverse la Manche et s’inscrit dans une université londonienne avec comme seul bagage dans la langue de Shakespeare, le «good morning» laborieusement appris à l’école militaire.
Pour payer ses études, il est occasionnellement plongeur dans un restaurant, serveur de petit déjeuner, videur dans une boîte de nuit. etc. Bref, il fait tout et, en 1970, n’hésite pas à aller flairer du côté de la Suède où, dit-il, «le climat social était meilleur». Rien à voir en effet avec le climat londonien. Saïd Skally s’inscrit à l’université et obtient une bourse d’études. Il y restera trois ans puis, en 1973, rentre au Maroc, histoire de voir la famille et de passer ses vacances.
A l’époque, la machine touristique marocaine fonctionnait à plein rythme. «Le Petit Marocain », ancêtre de l’actuel «Le Matin», publiait chaque jour des annonces de sociétés à la recherche de directeurs d’hôtels. Rien à voir avec la situation actuelle où les jeunes diplômés des écoles hôtelières marocaines ont rarement le choix.
Bref, Saïd Skally tombe sur une annonce d’un hôtel cherchant un directeur général et prend rendez-vous pour l’entretien d’embauche. Aujourd’hui, 34 ans après, il se souvient encore de cette séance spéciale avec en face de lui et comme interlocuteur, un certain Abdelhadi Alami, débusqueur de jeunes talents. «Alami me faisait confiance, se rappelle-t-il. Il avait les idées, moi j’avais de l’énergie ».
C’est ainsi que Said Skally fait ses premières armes sur le fauteuil de DG d’un hôtel. Il est nommé à la tête de l’hôtel Rissani à Ksar Essouk en septembre 1973, puis une année plus tard, inspecteur général de Maroc Tourist. Poste qu’il assume avec la fonction de directeur général de l’hôtel Toubkal. Il n’y restera pas longtemps.
En mars 1975, il est nommé directeur général de Ristinga Smir, au Nord, mais finit l’année sur le fauteuil du directeur général de la Région Sud PLM Toubkal à Marrakech et PLM Zat à Ouarzazate. C’est sur lui que les choix se sont fixées en 1976 pour l’ouverture de l’hôtel Sud Bahia Agadir. Une opération délicate dont il s’acquitte avec succès. En 1978, nouvelle ouverture. Cette fois-ci, c’est l’hôtel les Dunes d’Or. C’est le dernier hôtel ouvert par M. Skally.
Saïd Skally se lance pour son propre compte dans le transport, opération risquée selon les uns, suicidaire selon les autres. Avec seulement cinq voitures (héritage de ses économies) et aucun mètre carré en son nom (détail que les banquiers surveillent comme du lait sur le feu), nul n’aurait parié un sou sur sa réussite. Et pourtant ! En 1980, l’agence Four Season Travel est dans les fonts baptismaux, avec comme administrateur Saïd Skally. A la fois agent de voyages et réceptif, il exerce ce métier, à l’affût des opportunités. En 1986, il fonde la société Four Season Transport qui dispose aujourd’hui d’un parc de 120 véhicules de tourisme.
En octobre 2003, c’est l’âge de la maturité. L’heure du mariage a sonné. Jet Tours, membre du groupe Club Med, s’est engagé dans le capital de Four Season Travel. Cette alliance remodèle le paysage du transport touristique au Maroc puisque, à partir du premier novembre 2004, FST sera le premier transporteur et le premier receptif du Royaume.

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