Pour mesurer et comprendre les réalités économiques de Derb Ghallef, la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) vient de réaliser une étude sur la Jouteya la plus célèbre de Casablanca. Intitulée « Réalités de l’économie informelle, étude pilote à Derb Ghallef», cette étude a été menée du 26 octobre au 6 décembre 2007 et a permis de réaliser un croquis de ce souk par Rabii Daris, géographe à la Faculté des lettres de Aïn-Chock. Les commerçants de Derb Ghallef, DG pour les initiés, aspirent à la légalité, mais pour eux le chemin vers le circuit formel doit passer d’abord par une diminution des impôts. « Interrogés au sujet de la nature de leurs relations avec le fisc, la plupart des interviewés les qualifient de bonnes et cordiales. Toutefois, malgré les facilités de paiement accordés, nombre d’entre eux se plaignent de la lourdeur d’impôts », relève-t-on dans cette étude.
Certains d’entre eux ne se sentent même pas concernés par la fiscalité (registre de commerce, TVA), ni par le paiement des impôts sur le revenu. Pour eux, seules les activités disposant de locaux «en briques» ou les grandes entreprises structurés sont visées. C’est d’ailleurs le cas des propriétaires d’échoppes de vente de téléphones portables qui associent le paiement de l’impôt à leur arrêt de mort : « si je paie l’impôt, il ne me restera rien ».
Qui dit impôt, dit revenu. Un «sujet sensible» notamment pour les opérateurs de marchandises de contrebande. Absence de comptabilité, confusion entre caisse de l’entreprise et celle de la famille, entre recettes et bénéfices pour certains, irrégularité des recettes… Les transactions financières concluent au quotidien dans les diverses échoppes et autres «ferachates» sont difficiles à estimer, selon les enquêteurs de la CGEM.
Grosso modo, les gains journaliers oscillent entre 200 dirhams et 500 dirhams. Pour les vendeurs de produits alimentaires, la marge se situerait entre 200 dirhams et 300 dirhams par jour. Pour les vendeurs de chaussures, le revenu mensuel peut aller de 2500 dirhams à 5000 dirhams. Pour les vendeurs d’accessoires de voiture, la marge de gain varierait entre 30 et 50%. Pour les employés, deux modes de rétribution sont en vigueur dans cette sorte de ville dans la ville. Commission ou pourcentage sur les ventes, les collaborateurs sont toujours à l’affût de bonnes affaires. Selon cette étude, cette modalité se prête plus aux commerces disposant d’une assise financière comme les boutiques de vente de vêtements de luxe et de téléphones portables. Ainsi, et à titre d’exemple, le montant de la rémunération des gérants d’échoppes de téléphones portables s’élève à 6000 dirhams par mois. D’autres peuvent facilement arriver à 3000 ou 4000 dirhams. En effet, dans la vente des téléphones portables, le niveau de rémunération est de 50% sur le total des ventes réalisées.
La patente est injuste
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